Mon enfant fait semblant de ne pas m’entendre quand je lui demande quelque chose

Mon enfant fait semblant de ne pas m'entendre quand je lui demande quelque chose

Nous sommes nombreux à nous poser cette question : pourquoi mon enfant fait-il comme s’il ne m’entendait pas quand je lui demande quelque chose ? Parfois, l’enfant nous regarde, répond “oui, oui”… mais rien ne suit !

Laurence Dudek, psychothérapeute très engagée dans la lutte contre les violences éducatives y compris ordinaires, nous invite à raisonner en termes “d’intention positive”. Une intention positive est la motivation interne qui pousse l’enfant à agit tel qu’il le fait : à quoi dit-il oui quand il nous dit non à nous ?

Les enfants ne font pas semblant de ne pas écouter dans ces cas-là (quand ils jouent, quand ils sont devant un écran ou qu’ils sont occupés à autre chose). Tout se passe comme si leurs oreilles captaient les sons mais que leur cerveau ne traitaient pas l’information perçue par les oreilles (évidemment, le cerveau est occupé à autre chose de tellement plus intéressant :) ).

Il est possible d’activer plusieurs leviers pour faire en sorte que les enfants nous entendent et nous comprennent quand nous leur demandons quelque chose.

Solliciter plusieurs sens (ouïe, vue, toucher)

Laurence Dudek rappelle qu’on ne peut pas compter sur un seul sens (en l’occurrence l’ouïe) pour être entendu d’un enfant occupé à autre chose : il en faut au moins deux (voire trois !).

Par exemple, le fait de toucher l’enfant (gentiment) ou de se placer suffisamment proche de lui pour activer la vue va augmenter les chances que la demande soit entendue, comprise et effectuée. Ainsi, il est possible de placer une main sur l’épaule de l’enfant, de prendre sa main ou d’attirer son attention visuellement pour s’assurer que son attention est avec nous.

Donner du temps pour comprendre la consigne

Les enfants ont besoin de temps pour traiter les informations.

Mieux vaut s’assurer qu’ils ont non seulement entendu mais aussi compris notre demande. Cela peut passer par le fait de demander à l’enfant de répéter ce que nous avons demandé et de dire ce qu’il va faire pour y parvenir.

Il est possible de parvenir à un accord : un enfant qui joue peut avoir besoin d’encore un peu de temps pour finir une partie ou terminer une histoire imaginée en cours. On peut tout à fait demander à un enfant de combien de temps il a encore besoin ou de se mettre d’accord sur le fait qu’il posera la tablette/ la manette de jeux à la fin de la partie. Pour s’assurer que cet accord sera respecté, il est envisageable de mettre une minuterie ou un Timer qui sonnera au bout du temps imparti.

Supposer une intention positive (raisonner en termes de besoins et d’émotions)

Les pensées du type “Il n’écoute jamais rien” (avec les mots jamais et rien qui généralisent) ou “Il est paresseux” (qui étiquette et enferme) détruisent le lien et éloignent d’une relation respectueuse.

Quand un enfant à l’air de faire semblant d’écouter, plus explications sont possibles :

  • il est trop pris dans son jeu pour ne serait-ce qu’entendre,
  • il traite les informations par ordre de priorité (d’abord le jeu),
  • il n’a peut-être pas compris la consigne (la demande était-elle assez précise, assez détaillée ? formulée de manière positive ? a-t-elle un sens pour l’enfant ?),
  • il n’a peut-être pas envie de collaborer parce que la demande était formulée par dessus l’épaule ou bien de manière agressive.

Quand un enfant répond avec agressivité, il ne fait probablement que reproduire ce qu’il a vu faire (à la maison ou ailleurs) et/ou se défend contre un manque de respect (demande formulée agressivement, en criant, avec menace…).

Même si on n’est pas en mesure de la découvrir instantanément, l’intention positive existe toujours. L’éducateur a tout intérêt à fonder son interprétation d’un comportement, si indésirable soit-il, sur le principe de cette intention positive afin d’y réagir avec efficacité et sans violence.- Laurence Dudek

Pratiquer l’écoute empathique

Vouloir rediriger un comportement inapproprié sans se connecter est (presque) voué à l’échec : d’abord, connectons-nous d’un point de vue émotionnel :).
L’écoute active et empathique permet d’apaiser l’enfant à travers la reconnaissance de ses émotions. Les situations de friction émergent souvent quand l’enfant doit interrompre une activité en cours plaisante pour lui : c’est la frustration qui génère une éventuelle agressivité.

Recevoir de l’empathie est un besoin humain fondamental. Quand un enfant se sent écouté et compris, son coeur s’ouvre et il est plus à même de coopérer parce qu’il estime que la relation est de confiance.

L’écoute empathique peut passer par le fait de :

  • reformuler ce que l’enfant vient de dire (“Tu as encore besoin d’un peu de temps pour jouer ?”)
  • rejoindre l’imaginaire de l’enfant (“Tu aimerais pouvoir jouer encore au moins 2 heures, 24 heures, 1 semaine, 1 mois, 1 an ?!”)
  • faire parler l’enfant de ce qu’il pense (“Tu aurais aimé pouvoir continuer à jouer et tu trouves injuste de devoir t’arrêter”)
  • compatir à la tristesse (“Tu étais en pleine partie et tu pensais pouvoir atteindre le prochain niveau”)
  • donner le droit à l’expression émotionnelle (“C’est vrai que c’est frustrant de devoir s’arrêter en plein jeu”)

L’écoute empathique n’est pas une baguette magique ou une solution miracle à toutes les situations difficiles rencontrées avec les enfants mais elle permet de dénouer un grand nombre de crises et de blocages.

Par ailleurs, une fois la connexion émotionnelle (r)établie, il est possible de passer à la redirection du comportement et aux instructions.

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Source : Une éducation bienveillante et efficace ! de Laurence Dudek (éditions First). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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