Mon enfant me dit des choses horribles (“je te déteste”, “tu m’as jamais aimé”)
Décoder les attaques pour voir la vérité derrière les mots
Un enfant ou un adolescent peut dire des choses horribles à ses parents passant par des attaques du type “je te déteste” ou “tu m’as jamais aimé !” Nous avons tendance à étiqueter ces propos comme “horribles” mais, si nous appuyons sur le bouton pause afin de ne pas contre attaquer mais de mettre le décodeur, nous pouvons voir la vérité qui se cache derrière ces attaques.
A partir du moment où nous raisonnons en termes de besoins, d’émotions et de compétences à développer, nous arrivons à comprendre ce qui touché chez l’enfant. Un enfant ou un adolescent qui dit “tu ne m’aimes pas ! je le sais depuis toujours !” dit en réalité “je me sens tellement seul et mal, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de sentir l’amour que tu me portes“. Il se peut également qu’il n’ait pas encore acquis les compétences pour s’exprimer quand il est sous le coup de la colère ou de la déception.
Le décodage peut être difficile face à un enfant qui dit des choses horribles
Pourtant, ce décodage n’est pas si aisé qu’il y paraît pour plusieurs raisons :
- nous n’avons pas appris à parler la langue des émotions comme une langue maternelle et nous avons besoin de beaucoup de pratique;
- cette pratique peut être d’autant plus longue que nous avons eu une enfance et une adolescence difficile à guérir;
- ces attaques nous renvoient une image de “mauvais” parents et nous avons l’impression que l’enfant nous manque de respect (alors que ces paroles ne sont pas prononcées contre le parent mais pour l’enfant qui cherche – maladroitement – de l’empathie, de l’attention, de la restauration de son intégrité ou encore de l’amour tout simplement)
Faire le point sur nos propres réactions
Nous pouvons faire le point sur nos réactions face à ce type de critiques ou d’attaques de la part de nos enfants et adolescents. Est-ce que nous allons plutôt
- pleurer (parce que nous avons l’impression d’être rejeté, d’avoir raté son éducation, de ne plus être aimé; parce que nous culpabilisons) ?
- nous fâcher (parce que nous prenons ces paroles pour de l’irrespect, pour de l’insolence; parce que nous nous sentons impuissants) ?
- l’ignorer (parce que nous sommes démunis ou que cela ne nous touche pas, que nous refusons de voir la détresse de l’enfant – probablement parce que cela renvoie à des choses douloureuses de notre propre historie) ?
- relativiser (parce que nous ne prenons pas ces mots personnellement et savons qu’il est à notre portée de les décoder) ?
Notre type de réaction nous donne des pistes pour savoir quelle est la part vulnérable en nous qui a besoin d’empathie, qui a besoin d’être pansée.
Passer de la contre attaque ou de la culpabilité à l’écoute empathique
Avec le temps, nous deviendrons de plus en plus capables de tempérer nos réactions qui détruisent le lien et nous éloignent de nos enfants afin de nous placer en position d’écoute empathique :
Oh ! Tu te dis que je ne t’aime pas… Il y a donc des choses dans ma manière d’être avec toi qui te font penser ça./ Quel comportement te fait penser cela ?
Je te remercie de me confier cela. Je mesure combien tu as pu te sentir seule parfois. Je n’imaginais pas que je te manquais à ce point. C’est vrai que je travaille beaucoup et que je ne fais pas attention à passer du temps avec toi. Qu’est-ce que nous pourrions faire ensemble pour réparer ça et que tu sentes vraiment mon amour pour toi ?
Quand l’enfant ou l’adolescent révolté entend que son parent est capable de saisir les enjeux et nuances de son comportement et de ses mots, il se sent compris, accepté, aimé et se dit que son parent s’intéresse vraiment à ce qu’il vit et dit.
Se défendre, se justifier, tenter de le rassurer ne ferait qu’augmenter sa fureur car ce serait encore se centrer sur nous-mêmes plutôt que sur lui donc finalement confirmer que nous ne nous intéressons pas à lui ! Même si c’est douloureux, même si cela nous paraît injuste, ouvrons nos oreilles et notre cœur. Il s’est peut-être senti rejeté lors de la naissance de son petit frère par exemple… C’est une belle opportunité qui se présente de réparer le passé pour lui assurer un bel avenir. – Isabelle Filliozat
Enseigner des compétences pour aider un enfant qui dit des choses horrible à réguler sa colère
Les suggestions ci-dessous sont à prendre comme des exemples : ce n’est pas ce qu’il « faut » dire, mais elles constituent simplement des propositions à adapter à chaque situation spécifique. Elles peuvent convenir aux enfants à partir de 6 ans.
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Source : On ne se comprend plus de Isabelle Filliozat (éditions JC Lattes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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