Notre petite voix critique : prendre conscience de ses effets néfastes et l’apprivoiser pour se libérer des jugements

Notre petite voix critique apprivoiser

Dans son livre Se construire avec des parents immatures, Lindsay Gibson rappelle que tout le monde internalise la voix de ses parents parce que c’est ainsi que les humains sont socialisés. Certaines personnes se retrouvent à l’âge adulte avec une voix intérieure bienveillante et soutenante, tandis que d’autres n’entendent que de la répression émotionnelle (“inutile d’être triste pour si peu”), des critiques et autres humiliations.

Dans ce cas, il est utile de faire taire le petite voix critique parce qu’elle fait plus de mal que de bien. Remettre la petite voix internalisée à sa place, c’est bien faire la différence entre sa valeur propre d’être humain et les évaluations négatives issues du discours parental.

L’objectif est de reconnaître cette voix comme un élément importé ne faisant pas partie de votre soi véritable, pour que vous ne la considériez plus comme une composante naturelle de votre propre pensée. – Lindsay Gibson

Prendre conscience des effets néfastes de cette voix

Il est possible de réévaluer ces voix intérieures et de se libérer de leur influence douloureuse en prenant une attitude d’observation pour voir comment ces voix se manifestent et comment elles entravent la vitalité. Il s’agit de prendre du recul par rapport à ce qui est entendu mentalement et de décider si cette voix mérite d’être entendue, d’être prise en compte. On peut la remercier pour ses motivations positives (notamment contribuer au bien-être via des remarques maladroites, immatures d’un point de vue émotionnel) et on peut décider de prendre en compte certains aspects évoqués si, et seulement si, ils sont aidants.

Quand on est capable de considérer cette voix pour ce qu’elle est, on se rend compte qu’on n’est pas obligé de la croire quand elle dit des méchancetés ou qu’elle réprime les émotions et désirs personnels. Au lieu de faire les choses parfaitement pour obéir à cette voix, nous pouvons nous interroger pour clarifier nos propres valeurs, nos propres désirs, nos élans, nos espoirs, nos aspirations… en somme, ce qui compte réellement pour nous, au-delà du rôle susceptible de plaire aux gens (aux parents en particulier), du “scénario réconfortant”.

Apprivoiser la petite voix critique intérieure pour se libérer de ses jugements 

Quand une peur nous envahit au moment de faire quelque chose, nous pouvons prendre un temps d’arrêt pour nous demander quel est le message porté par cette peur :

  • OK, la petite voix est là et je sais qu’elle est teintée du discours que me tenaient mes parents. Sur quoi cherche-t-elle à attirer mon attention ? est-ce justifié ?
  • est-ce que j’ai des raisons objectifs de penser cela ou est-ce juste un scénario issu de mes croyances, de mon histoire personnelle ?
  • est-ce que mes besoins sont pris en compte ?
  • où se trouve l’équilibre entre mes besoins et ce que cette voix me dicte de faire ?
  • dois-je faire cela maintenant, tout de suite ? si oui, quand et comment vais-je pouvoir faire aussi les autres choses que j’ai envie d’accomplir ?

Cet état d’esprit d’observateur détaché passe par la description : comment je me sens dans mon corps quand je me dis ça ? comment ça fait ? où est-ce que ça se passe ? qu’est-ce que je ressens ? est-ce qu’il y a de la faiblesse, de la peur, de la vulnérabilité, de l’appréhension, de la honte, de l’attente impuissante ? Se dire mentalement ses propres réactions affectives fait taire la petite voix et apporte du détachement. Il s’agit d’un processus éminemment actif pour sortir de la mainmise émotionnelle issue de l’enfance.

Vous n’avez plus besoin d’être l’enfant déconcerté et impuissant, dévasté par les critiques de vos parents. – Lindsay Gibson

Décoder le véritable message de la petite voix critique interne

 

Apprendre à faire des choix issus de l’élan du coeur

Choisir en remettant la petite voix intérieure à sa juste place, c’est se connecter à la joie, c’est agir avec l’élan du coeur. Cela peut être un processus douloureux et long car recadrer cette petite voix peut être associé à l’idée d’une déloyauté envers les parents, d’une trahison, et cela peut engendrer de la peur (peur de l’inconnu, peur du jugement, personnalité menacée…). Pourtant, recadrer la petite voix permet d’acquérir petit à petit de la confiance pour vivre une vie alignée, en compagnie de son véritable soi.

Le fait est qu’avoir des pensées ou des sentiments ne relève pas au départ ce ce que vous pouvez contrôler. Vous ne décidez pas de penser ou de ressentir des choses, cela arrive simplement. Considérez les choses ainsi : ce sont des éléments organiques de la nature qui s’expriment à travers vous. La nature ne ment pas sur ce que vous ressentez et vous n’avez pas le choix des pensées que la nature fait émerger en vous. Accepter la véracité de vos sentiments et de vos pensées ne fait pas de vous quelqu’un de mauvais [ou de faible]. Cela fait de vous une personne à part entière et suffisamment mature pour connaître votre propre esprit. – Lindsay Gibson

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Source : Se construire avec des parents immatures de Lindsay Gibson (éditions Leduc). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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