Parents : parler de soi-même à la troisième personne, une façade de bienveillance dans des relations inauthentiques
Un langage respectueux et personnel passe par l’usage de la première personne (plutôt que par la troisième personne)
Jesper Juul était un thérapeute familial danois et a beaucoup insisté dans ses livres et conférences sur l’importance du langage personnel dans les relations familiales. Ce langage requiert la première personne et Jesper Juul déconseille à tous les parents de parler d’eux-mêmes à la troisième personne (du type “Maman va te donner ton bain” ou “Papa voudrait que tu ailles te coucher”). En agissant ainsi, les parents ne parlent pas à leurs enfants comme si ces derniers étaient des individus à part entière mais ils jouent le rôle de “parents”. Quand on ne parle pas d’individu à individu, alors se met en place un jeu de rôle artificiel qui nous empêche de nouer de véritables liens, socle de l’harmonie familiale.
En principe, en tant que parents, nous devrions parler aux enfants de la même manière qu’aux adultes, avec autant de respect et de sérieux que nous témoignons aux adultes, et communiquer avec eux sur un pied d’égalité. En effet, c’est principalement par l’intermédiaire de leurs parents que les enfants font l’apprentissage de la communication et si les parents emploient un langage artificiel, alors la relation va en pâtir.
Jesper Juul parle de “façade de bienveillance” pour définir cette habitude de parler de soi à la troisième personne (“maman va te faire des crêpes” ou “papa va jouer avec toi quand il aura fini de travailler”). Les enfants possèdent une clairvoyance qui leur permet de remarquer instinctivement le manque de sincérité que cache cette façade.
Employer des formulations directes et précises sans sous-entendu ni tentative de manipulation
Quand on pense qu’on ne peut pas parler de nos émotions sincères et profondes à nos enfants (ex : ne pas dire quand on en a marre de jouer), alors on se retient, on se met la pression, on ravale notre agacement, on nourrit de la rancœur et on établit des relations inauthentiques. En tant que parents, nous pouvons tout à fait dire les choses en toute franchise. Jesper Juul conseille de toujours faire part de nos émotions, même désagréables, dans un langage authentique (la réelle émotion ressentie, avec l’intensité ressentie) et personnel (qui parle de soi-même du type “Je suis fatigué”/ “J’en ai marre” plutôt que “Vous me fatiguez” ou “Vous me saoulez”).
Ainsi, même quand un enfant n’a que quelques jours, il est capital de le prendre au sérieux en tant qu’être humain à part entière en respectant son intégrité physique (corps) comme moral (émotions, imagination). Cela signifie de ne pas parler de façon pseudo-pédagogique aux enfants mais de s’adresser à eux de la manière la plus concrète et réaliste possible. Un adulte devrait toujours afficher clairement sa position sans équivoque. Jesper Juul suggère de ne pas utiliser de formulation vague du type “Est-ce que quelqu’un a envie de faire quelque chose ?”, mais d’employer des formulations directes et précises sans sous-entendu ni tentative de manipulation (exemple : “On est dimanche et j’ai envie d’aller me promener en forêt cet après-midi. Qui a envie de venir avec moi ?”). Ce type de formulation consiste en une invitation qui accepte un refus de la part des enfants.
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Source : 5 piliers pour une vie de famille épanouie par l’expert danois de l’éducation de Jesper Juul (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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