Ce n’est pas toujours aidant d’entendre des conseils ou des mots rassurants (ou les pouvoirs de l’écoute empathique)
Quand une personne (conjoint, ami, enfant..) se confie à nous sur ses difficultés, nous pouvons être tentés de répondre avec des conseils ou des mots rassurants du type :
Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. (l’épigénétique et les travaux sur la mémoire traumatique ont montré que ce qui nous fait souffrir nous rend au contraire plus faibles tant physiquement que psychologiquement, plus vulnérables au stress).
Il faut pardonner pour accéder à la paix. (lire : Non, pardonner ne rend pas heureux (le pardon est un “pare-réalité” – Alice Miller) )
Il nous est difficile de ne pas “sauter” sur des conseils ou des propos que nous estimons rassurants car nous essayons par là de soulager notre propre malaise et l’inconfort de la personne en souffrance qui se confie à nous. Nous avons du mal à supporter l’intimité et la vulnérabilité et cherchons à les évacuer par ce type de propos. Par ailleurs, nous ne savons pas forcément quoi dire ou quoi faire face à une personne en détresse : nous nous sentons impuissants, peut-être même bousculés par la souffrance de l’autre (surtout si c’est notre enfant car nous pouvons nous sentir coupables, voire incompétents, de ne pas savoir le rendre heureux).
Pourtant, tout être humain, homme ou femme, et à tout âge veut être compris et recevoir de l’empathie, attend de la connexion émotionnelle plutôt que des conseils, des jugements ou la minimisation de son problème.
L’écoute empathique semble une façon significative de se relier au ressenti de l’autre, en lui laissant du temps et de l’espace pour s’exprimer, pour se sentir compris. La personne en souffrance ne verra pas ses émotions minimisées ou considérées comme inappropriées mais pourra ouvrir son coeur sans se sentir poussée à se sentir mieux.
Un principe pourra nous guider dans nos relations aux autres (et en particulier à nos enfants) : la connexion émotionnelle avant les solutions/ conseils !
Souvent, un enfant qui se plaint, raconte ses problèmes ou confie ses émotions à ses parents ne demande ni solution ni conseil mais a simplement besoin de compréhension et d’empathie, c’est-à-dire d’une oreille “amie” ou d’une épaule sur laquelle pleurer. Le rôle des parents n’est donc pas de résoudre les problèmes des enfants mais de d’abord leur offrir un soutien, un soulagement, de l’empathie.
De plus, il n’y a pas de raison de séparer les émotions positives et négatives. La vie est faite de sentiments mêlés et ambivalents et les émotions sont toutes des messagères au service de la vie. Ainsi, dans toute relation humaine, le rôle de chaque protagoniste n’est pas de résoudre les problèmes de l’autre (surtout pas en le chassant à coups de “sois positif/ pense positivement”) mais de lui offrir un soutien, un soulagement, de l’empathie en validant ses émotions, en lui donnant le droit d’être triste, en colère ou encore d’avoir peur. Nous pouvons remplacer nos injonctions à la “positivité toxique” par des phrases empreintes d’intelligence émotionnelle :
- plutôt que “sois positif” -> “c’est vrai que c’est difficile”
- plutôt que “ne te laisse pas abattre” -> “pleure, crie, mets toi en colère si tu en as besoin”
- plutôt que “n’y pense plus” -> “tu as le droit d’être triste/ abattu et je suis là pour toi quoi qu’il se passe”
Dans un deuxième temps, après s’être connecté émotionnellement à l’autre et lui avoir permis de vivre toutes les émotions qu’il avait besoin de vivre, il est possible de lui demander s’il est d’accord pour écouter notre avis ou s’il a besoin de conseils, de réassurance. La personne peut répondre par l’affirmative comme par la négative et son choix est à respecter. Certaines fois, se confier et se sentir entendu, compris, rejoint, soutenu et aimé suffit à aller mieux. Respecter le choix de l’autre de ne pas vouloir recevoir de conseils est une marque de respect pour sa dignité et une véritable manifestation d’amour.