Passer par des objets (figurines ou marionnettes) pour aider les enfants à extérioriser leur honte ou leur contrariété

Passer par des objets (figurines ou marionnettes) pour aider les enfants à extérioriser leur honte ou leur contrariété

En art-thérapie, les objets “porte-parole” sont parfois utilisés pour aider les personnes qui se sentent honteuses à exprimer l’indicible. Quand on sent qu’un enfant voudrait dire une chose qu’il a sur le coeur mais qu’il est bloqué par la honte d’avoir commis un acte qu’il regrette, il est possible de recourir à des objets du type figurines ou marionnettes. Ces objets porte-parole lui permettront de révéler ce qui le préoccupe en passant par le symbolique et le jeu.

Dire “je m’excuse” ou “je regrette d’avoir été cruel” est menaçant pour l’ego et s’accompagne de peur du jugement, du rejet, voire de la punition. Mettre en scène des personnages en les présentant comme les méchants est plus facile que d’exprimer “je me suis montré méchant”. Grâce à la mise en scène où la marionnette ou les figurines ont tous les droits, les ressentis sont plus faciles à extérioriser pour l’enfant et, donc, à accueillir et soutenir pour les parents.

Quand un parent sent que l’enfant voudrait évoquer ce dont il a honte mais ne sait pas comment le faire avec des mots, il peut inventer un scénario autour de la problématique perçue qui va “embarquer” l’enfant. Sylvie Batlle, art-thérapeute, mentionne l’exemple d’un atelier proposé à des personnes ayant commis des actes de violence au cours duquel un participant choisit la marionnette du loup et lui fait dire : « Oyez bonne gens, je n’en peux plus d’être autant rejeté ! Vous n’aimez que les petits lapins au poil doux ! Que les oiseaux au chant léger ! C’est parce que je suis balourd que vous me fuyez ? Vous me faites mal à me fuir comme ça. Et après vous criez au scandale si je deviens méchant ? Et vous alors, vous vous croyez gentils à me dévisager et me fuir sans arrêt ? » Passer par des objets porte-parole donne la possibilité d’évoquer la souffrance face au rejet et de faire le lien entre la souffrance et la méchanceté. Cet type de prise de conscience peut aider à la fois l’enfant et les parents :

  • l’enfant peut dompter ses tourments, ses “monstres” intérieurs,
  • les parents peuvent comprendre les motivations internes de l’enfant et témoigner de l’empathie pour ses émotions difficiles.

De même, dans le cas de contrariété, comme le divorce des parents ou  un déménagement, il peut être utile de rejouer la situation avec des poupées, des Playmobils, des Legos ou tout autre jouet d’imitation. Sans forcer l’enfant à jouer une scène en particulier, vous pouvez à l’occasion d’un jeu introduire ces événements et laisser l’enfant décider de la suite : va-t-il les ignorer ? les amplifier ?  Lawrence Cohen, spécialiste de la parentalité ludique, cite l’exemple d’une mère et sa fille qui jouaient aux poupées suite à une journée tendue chargée de cris : elles s’amusaient à les coucher et la mère dit dire à l’une d’elles “La journée fut rude, il y a eu beaucoup de cris dans cette maison”, la petite fille a enchainé en grondant une de ses poupées : “Méchante, tu as désobéi aujourd’hui, tu dormiras par terre !”. La maman est intervenue en disant :”Tu sais, je crois qu’elle n’a pas fait exprès, elle a sûrement plutôt besoin d’un câlin pour être consolée de sa dure journée.”

Les personnages peuvent avoir tous les droits puisque c’est “pour de faux”. L’enfant peut alors exagérer, extrapoler, sans crainte des représailles. Il va avoir l’occasion de retrouver son assurance par le biais du jeu avec un adulte ouvert et bienveillant.

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Pour aller plus loin : 4 situations que le jeu parents/ enfants peut aider à dénouer