Ce que les pères peuvent faire pour protéger leurs filles de l’hypersexualisation (régime, habits sexys, chirurgie esthétique…)

Crédit illustration : asierromero

Dans son livre Stop à l’hypersexualisation : Protégeons nos filles !, Tanith Carey regrette que de nombreuses adolescentes soient complexées par des défauts physiques pour lesquels il faudrait faire “quelque chose” (comme perdre du poids, s’acheter des soutiens-gorges pigeonnants, se maquiller de façon semi-permanente…). Les analystes économiques estiment que les jeunes femmes constituent le marché le plus prometteur pour la chirurgie esthétique. Pour l’autrice, cela est lié au fait que la sexualisation des jeunes filles est dans l’air que respirent les enfants.

Si la régulation des médias finira certainement par avoir des effets positifs, ce sont les individus qui portent la responsabilité principale : nous devons nous interroger nous-mêmes, soutenir nos filles et leur proposer non seulement d’autres références et d’autres idées sur ces sujets, mais aussi des alternatives concrètes en matière de comportements. – Tanith Carey

Pour aller plus loin sur les conséquences néfastes de l’hypersexualisation des filles et des femmes : La culture pornographique omniprésente affecte négativement la vie des jeunes femmes

A cet effet, Tanith Carey formule quelques suggestions à l’intention des pères pour protéger leurs filles de l’hypersexualisation (régime, habits sexys, chirurgie esthétique…). Elle propose une liste de questions que les pères peuvent se poser quant à leurs attitudes vis-à-vis des femmes (et de leurs compagne et fille en particulier) :

est-ce que vous valorisez de la même manière les points forts/ qualités des femmes que ceux des hommes (sans référence au physique) ?

faites-vous plus de compliments à votre fille au sujet de sa “gentillesse” et de son “obéissance” qu’à votre fils ?

est-ce que vous jugez votre fille sur son apparence (son poids, sa coupe de cheveux, ses poils…) ? est-ce que vous la taquinez à propos de son physique ?

écoutez-vous vraiment les femmes (et votre fille quel que soit son âge) et vous laissez-vous influencer par elles ?

vous arrive-t-il de dévaloriser votre fille parce qu’elle est une fille (avec des expressions du type “c’est normal que tu n’arrives pas à porter ce poids parce que tu es une fille” ou “tu cours comme une fille”) ?

traitez-vous les femmes comme vos égales ? comment cela s’exprime-t-il avec la mère de votre fille au quotidien (répartition des tâches domestiques, gestion du budget…) ?

faites-vous des remarques sur les femmes comme une catégorie à part et homogène (ex : “les femmes, toutes les mêmes”, les femmes sont trop difficiles à comprendre”, “elles ne savent jamais ce qu’elles veulent”, “elle savent y faire pour parvenir à leurs moyens”, “c’est bien connu, les femmes couchent pour réussir”)

faites-vous des remarques sur le physique des femmes, des allusions à connotation sexuelle (ex : “c’est dommage, elle pourrait être belle si elle perdait du poids”, “celle-là, elle a une bouche à p***”)

parlez-vous de votre fille avec admiration comme d’une “briseuse de coeur” ou un vrai “canon” ?

plaisantez-vous sur le fait que vous devrez repousser ses futurs prétendants ?

donnez-vous à votre fille l’impression d’être une petite chose ayant besoin de protection (ex : en l’appelant princesse, en lui épargnant des efforts sans même la laisser essayer, ou en la laissant éloigner du bricolage) ?

dans quelle mesure faites-vous sentir à votre fille qu’elle est compétente et forte ? y a-t-il des activités que vous partagez avec vos fils et pas vos filles ?

comment se manifestent l’affection et la proximité dans votre relation père/ fille ?

Tanith Carey rappelle également que les pères jouent un rôle important dans l’image que les filles vont se forger des hommes. Il leur importe de conforter les filles dans l’idée qu’il y a des hommes bien dans le monde, qu’elle rencontrera des garçons qui sauront l’apprécier telle qu’elle est et, avant toute chose, qu’elle a un droit inaliénable à les choisir et à ignorer les hommes qui ne lui plaisent pas ou à dénoncer ceux qui lui manquent de respect.

L’amour conditionnel qu’un père porte à sa fille construit des bases solides pour son estime de soi et sa capacité à dire des “oui” et des “non” personnels, en se fiant à sa boussole interne et en s’appuyant sur la certitude de sa valeur d’être humain digne.

Les hommes ont parfois plus tendance que les femmes à être orientés vers des objectifs précis, mais ne croyez pas que votre rôle consiste à fixer des buts pour votre fille. Lorsque votre petite fille de 5 ans apprend à nager une largeur de piscine, résistez à la tentation immédiate de l’exhorter à essayer d’en nager une longueur. Aux oreilles d’une petite fille, qui exulte devant sa réussite toute neuve, cela sonne comme la critique qu’elle n’en a pas fait assez. Réjouissez-vous de ses efforts, pas seulement du résultat final. Aimez-la pour ce qu’elle est, pour sa personnalité, pas seulement parce qu’elle fait bonne impression – ou donne de vous une bonne image. […] Par votre acceptation de ce qu’elle est, vous lui épargnez l’obsession de prouver sa valeur aux yeux des hommes, car elle saura à quel point à vos yeux, elle est précieuse et digne d’être aimée. – Tanith Carey

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Source : Stop à l’hypersexualisation : Protégeons nos filles ! de Tanith Carey (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet (site de l’éditeur).

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