La phase d’opposition des enfants devrait être qualifiée d’âge de l’autonomie (crise des 2 ans)
Dans son livre 5 piliers pour une vie de famille épanouie, Jesper Juul estime que la phase d’opposition des enfants autour de 2 ans devrait en réalité être qualifiée d’âge de l’autonomie. Le thérapeute ajoute que les parents devraient considérer la volonté d’autonomie de leurs enfants comme un cadeau.
Deux années durant, ils ont dû se tenir en permanence à la disposition de leur enfant, s’occuper de tout, et voilà que celui-ci voudrait se charger lui-même de certaines de ces tâches et soulager ses parents. Ces derniers devraient donc se réjouir de ce présent et remercier l’enfant en lui donnant la possibilité d’expérimenter son autonomie – tout en lui faisant naturellement savoir qu’il pourra toujours s’adresser à eux s’il a besoin d’aide. – Jesper Juul
Ce dont les enfants ont besoin dans leur phase d’opposition
Juul affirme que les jeunes enfants ont besoin de cet entraînement et de notre soutien dans leur phase d’opposition. Ce soutien prend visages :
- laisser faire les enfants (sans pour autant les laisser seuls, c’est-à-dire être un parent “phare”);
- autoriser les enfants à faire des erreurs (en leur donnant le droit d’avoir des accidents).
Cette manière d’exercer notre responsabilité parentale requiert des ajustements de notre part : nous n’avons pas la responsabilité de veiller à ce que nos enfants ne commettent jamais d’erreurs car, s’ils n’en font pas, ils ne pourront pas apprendre à exercer leur responsabilité personnelle et savoir ce qui est ajusté/ adapté pour eux. C’est en prenant des décisions que les enfants apprennent à prendre des décisions; c’est en exerçant leur responsabilité personnelle que les enfants apprennent à affirmer leurs limites personnelles, à prendre soin d’eux-mêmes et à faire preuve d’autonomie. Par ailleurs, responsabilité personnelle et responsabilité sociale sont liées : un enfant (puis un adolescent) capable d’assumer sa responsabilité personnelle est capable d’avoir une conscience sociale élevée.
Jesper Juul prend l’exemple de l’opposition au sujet des vêtements : pour lui, il est inutile de passer des contrats avec les enfants ou de leur promettre des récompenses pour qu’ils s’habillent sans conflit. Les parents pourraient par exemple annoncer aux enfants qu’ils ne veulent plus de ces luttes matinales et que l’enfant peut décider lui-même de ce qu’il veut porter. Juul regrette que certains parents estiment les jeunes enfants incapables de s’habiller en fonction de la météo ou de manière coordonnée. Certains parent ont peur que l’enfant tombe malade ou bien qu’il soit habillé comme un “clown”. Non seulement il est tout à fait possible d’informer l’enfant qu’une robe d’été en hiver n’est pas une bonne idée (sans en faire une lutte de pouvoir) mais il est tout à fait possible de glisser un caleçon et un gilet dans le sac ou le cartable. L’enfant pourra toujours s’habiller plus chaudement au cours de la journée quand il en éprouvera le besoin (sans qu’un adulte lui fasse la morale ou l’humilie en lui disant “Je te l’avais bien dit”). L’enfant apprendra qu’en effet, une robe d’été en hiver n’est pas la tenue la plus adaptée en hiver. Par ailleurs, il est également possible de faire un tri été/ hiver et de ne laisser dans le placard que les vêtements de saison.
Ce qui retient les parents de faire preuve d’empathie
Pour Jesper Juul, de nombreux parents refusent d’avoir recours à ce type de solution parce qu’ils ont peur de passer publiquement pour un parent qui n’a “aucun contrôle” sur son enfant.
En réalité, ce sont souvent les parents, et n’y voyez pas une boutade de ma part, qui se montrent récalcitrants quand leur enfant veut faire preuve d’autonomie. Nous connaissons tous les phrases suivantes : “Tu n’y arrives pas encore”, “Il veut mieux que je le fasse” ou “On n’a pas le temps”. Le fait que les jeunes enfants disent pouvoir faire quelque chose eux-mêmes suscite visiblement l’opposition des adultes car ceux-ci pensent savoir mieux qu’eux. – Jesper Juul
Quelques questions peuvent nous guider pour savoir quand nous abusons de notre pouvoir parental :
- agissons-nous vraiment dans l’intérêt de l’enfant ou s’agit-il surtout de coller à l’image que nous avons de notre rôle de parent ? de ne pas perdre la face devant autrui ?
- un conflit permanent, polluant de plus en plus l’atmosphère familiale, ne constitue-t-il pas le symptôme que certains membres de la famille n’assument pas leur responsabilité personnelle (les parents – en n ‘osant pas dire non – ou les enfants – qui sont privés de choix) ?
Penser de temps à autre à sa propre image est normal mais cela devient un problème quand on n’en a pas conscience. Quand on ne remarque pas si on veut le meilleur pour notre enfant ou juste pour nous-même. – Jesper Juul
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Source : 5 piliers pour une vie de famille épanouie : par l’expert danois de l’éducation de Jesper Juul (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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