Pollutions de l’esprit : dans quel état finit notre esprit à force de vols d’intériorité ?
Christophe André se demande et nous demande par la même occasion : dans quel état finit notre esprit à force de vols d’attention et de conscience ?
Les causes des pollutions de l’esprit
Notre attention est sans cesse captée, attirée, fragmentée par des publicités, par des écrans, par des sonneries, par la radio, la télé, le smartphone. Elle finit “accro” au bruyant, au clinquant, au facile, au prédigéré, au prépensé.
Notre mental est encombré de pensées, de contenus inutiles : lire les publicités que nous croisons, faire des choix entre le “moins cher” et le “encore moins cher”, dépenser de l’énergie à faire des bonnes affaires, être gavé d’informations.
Nous sommes submergés par de plus en plus d’attractions externes, de distractions creuses. Notre mental n’est jamais (ou presque) en paix.
Les conséquences de ces pollutions de l’esprit
Or il faut des silences pour que la pensée se forme et la parole se fasse entendre, il faut de l’espace mental pour que la conscience et l’intériorité émergent. Nos pensées sont courtes parce que nous sommes très souvent interrompus.
Car la conscience, c’est de l’intériorité. Plus nous courrons après de l’externe, moins il y a de conscience. Ces vols d’attention et de conscience aboutissent donc à des déficits d’intériorité. – Christophe André
Nos pensées finissent par être hors de nous : elles ne sont plus nos propres pensées mais des contenus mentaux stéréotypés venus de l’extérieur.
Nos esprits perdent leur fécondité à trop se laisser remplir par le vide des tapages extérieurs… – Christophe André
On ne sait plus (ou mal) pratiquer l’introspection. Comme on a perdu l’habitude de réfléchir par soi-même dans le calme, au silence, dans la continuité d’un temps long, surviennent des angoisses, de l’ennui ou des ruminations mentales quand on y est confronté. Nous avons alors tendance à retourner aussi vite que possible dans le tumulte et le remplissage rassurant.
Nous sommes carencés. Nous souffrons d’un déficit généralisé d’intériorité. – Christophe André
Christophe André fait le lien entre cette carence d’intériorité et les maladies psychiques liées au trop dans nos sociétés occidentales. Le trop de quelque chose, c’est toujours un manque d’autre chose. Nous sommes donc “en manque” de calme, de lenteur, de continuité.
La sursollicitation éveille dans nos esprits le besoin de méditation. – Christophe André
L’urgent (le travail, les courses, l’entretien de la maison, le ménage…) tente toujours de prendre le peu de place qu’on s’efforce de réserver à l’important (lenteur, calme, continuité).
Le calme et le silence sont des nourritures indispensables lorsqu’on est un(e) citadin(e) actif(ve), et s’en priver trop longtemps nous rend tout doucement malades. – Christophe André
Les remèdes pour lutter contre les carences
Lutter contre les carences de lenteur
Prendre son temps
Prendre un temps de pause entre deux activités
Faire une activité à la fois
Agir, chaque fois que possible, avec douceur et calme
Pratiquer des “cures” de rien, de simple, de calme, de monoactivité
Limiter les programmes délirants d’activités (surtout en vacances et lors des week-ends)
Lutter contre les carences de calme
Fuir les agressions et les sollicitations (éteindre la télé, le téléphone, la radio; fermer les yeux dans le bus…)
Redevenir sensible à tous les “trop” : musique tout le temps, images tout le temps, écrans tout le temps
Marcher dans la nature, regarder les nuages
Souffler, respirer
Lutter contre les carences de continuité
Repérer les interruptions incessantes qui ponctuent nos journées
Résister à la tentation de regarder ses emails, ses SMS, d’aller faire un tour sur internet
Dans tous les cas, la pratique de la pleine conscience restaure les capacités d’introspection et de reconnexion avec soi-même. On est dans la pleine conscience dès qu’on ferme les yeux et qu’on cesse l’action. La pleine conscience nous apprend à protéger ce qui est important contre l’urgent qui cherche à s’imposer, à dire non pour tamiser le flot des urgences, à accroitre la clairvoyance envers les fausses alertes du “fais le vite et tout de suite !”.
Je reste là, assis, les yeux fermés, à prendre conscience de mon souffle, de la respiration du monde tout autour de moi. C’est important. Très important. Infiniment important. Rien n’est plus important à cet instant que de rester là, comme ça.
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Source : Méditer, jour après jour de Christophe André (éditions L’iconoclaste). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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