Charge mentale des enfants : pas de pression pendant les vacances (rattrapage du retard scolaire, activités, cahier de vacances)

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La pression subie par les enfants part d’une bonne intention

Avec les discours anxiogènes au sujet du “retard” pris par les élèves et des mauvaises performances de l’école française dans les classements PISA, nous pouvons être tentés de charger les enfants d’activités pour rattraper ce fameux retard et stimuler les enfants pendant les vacances (notamment en établissant un programme pour finir le traditionnel cahier de vacances).

Le risque est de vouloir trop en faire et de glisser vers l’hyperstimulation car, dans nos sociétés dites modernes, la pensée dominante, et souvent inconsciente, tient pour acquis que les enfants apprennent seulement quand une connaissance est apportée par un adulte et/ou travaillée dans des activités formelles. Les activités non supervisées par les adultes, le jeu libre et les interactions informelles entre enfants peuvent être considérées comme inintéressantes en termes d’apprentissage, voire comme une perte de temps.

Dans son livre La charge mentale des enfants, Aline Nativel Id Hammou avertit que l’excès de stimuli peut avoir l’effet inverse à celui escompté : l’enfant a trop à gérer, identifier, analyser, mémoriser et catégoriser, ce qui provoque une surcharge globale qui peut mener à la saturation.

Être en hyperstimulation, concrètement, c’est n’avoir aucun répit, ne s’autoriser aucune pause, être toujours en recherche d’expériences nouvelles pour acquérir des compétences. Il est également important de souligner que chaque enfant réagit différemment aux stimuli proposés. La plupart du temps, les enfants trouvent de l’intérêt dans l’activité proposée, mais ils sont incapables de tout gérer cognitivement de façon qualitative. Avec, à la clé, de l’incompréhension, de la fatigue, de l’agacement, de l’énervement et une énorme frustration. – Aline Nativel Id Hammou

Les conséquences de l’hyperstimualtion

Aline Nativel Id Hammou nous avertit des dangers de l’hyperstimulation des enfants :

  • peur de ne pas réussir à faire face,
  • peur de ne pas réussir,
  • peur de ne plus être aimé,
  • peur de décevoir,
  • peur de l’école,
  • peur des autre,
  • stress intense, sur le qui-vive en permanence,
  • perte de confiance en soi progressive et insidieuse,
  • épuisement,
  • difficultés d’apprentissage car il n’y a “plus de place” dans le cerveau,
  • dégradation de la relation parent/ enfant et de l’atmosphère familiale.

Les petits bonheurs simples de l’été durent toute une vie !

Une étude menée au Royaume-Uni auprès de 1 500 enfants entre 5 et 11 ans en 2015 (source) consistait à demander aux enfants de classer leurs activités estivales par ordre de préférence. Il est ressorti de l’étude que les enfants préfèrent majoritairement faire des activités simples et gratuites comme jouer dehors avec leurs amis ou aller faire du vélo.

Le fait de jouer au parc public ou dans le jardin a été élu activité préférée. D’autres activités simples se retrouvent dans le top 10 comme :

  • faire des gâteaux en terre,
  • grimper aux arbres,
  • donner à manger aux animaux (aux canards en particulier).

Dr Linda Papadopoulos, pédopsychologue, affirme que les souvenirs d’été durent toute une vie et les parents peuvent apprendre beaucoup de ce que les enfants déclarent dans cette étude.

Pour aller plus loin : Les enfants préfèrent majoritairement les activités simples et gratuites pendant les vacances d’été (comme jouer dehors avec leurs amis ou faire du vélo).

Le jeu libre au cœur du développement des enfants

Ce que les enfants apprennent à travers le jeu libre

Peter Gray, spécialiste américain de l’étude du jeu, estime qu’il y a une corrélation entre le déclin du temps de jeu libre des enfants et l’augmentation des cas de dépressions enfantines dans nos sociétés occidentales.

Le Dr. Peter Gray explique qu’à travers le jeu, tous les petits de mammifères développent des capacités physiques et mentales cruciales pour leur survie. Ils apprennent ainsi à coopérer. Il ne faut pas oublier que les mammifères sont des animaux sociaux et que les humains sont des mammifères.

Des scientifiques ont mené des expériences pour priver des jeunes mammifères de la possibilité de jouer. Quand ceux-ci se développent, ils sont émotionnellement et socialement handicapés. Ils ont tendance à sur-réagir  par la peur dans un environnement nouveau,  à moins tenter de l’explorer, à moins bien s’adapter. Ils n’ont par ailleurs pas appris à répondre aux signaux sociaux de leurs pairs.

Dès lors, il n’est pas surprenant que le mammifère qui possède le cerveau le plus développé et qui a le plus à apprendre de sa naissance à l’âge adulte soit celui qui joue le plus. Peter Gray fait bien sûr référence aux humains : les petits d’homme sont les mammifères qui jouent le plus naturellement !

Peter Gray regrette que, depuis les années 2000, les enfants n’aient pratiquement plus que des activités encadrées en dehors de l’école. Les adultes donnent les directives et les récompenses. Or, à l’état naturel, jouer est nécessairement auto contrôlé et auto dirigé (l’enfant décide par et pour lui-même). C’est justement la nature auto-dirigée du jeu qui lui confère son aspect éducationnel primitif. C’est à travers le jeu que les enfants apprennent qu’ils sont capables de contrôler leur vie, qu’ils expérimentent ce contrôle.

Plus de jeu libre, moins d’activité structurée ou scolaire

Peter Gray estime que, si on enlève le jeu libre aux enfants, on les prive de la possibilité de :

  • comprendre que le monde n’est pas si effrayant que ça,
  • éprouver de la joie et de la fierté,
  • faire “comme si” et de s’échapper de la réalité par l’imaginaire
  • se frotter aux autres
  • confronter des points de vue
  • pratiquer l’empathie
  • surmonter leur narcissisme
  • créer et innover.

Nous pouvons déjà commencer par reconnaître le problème : les enfants n’ont pas besoin de plus de scolaire mais de plus de jeu libre. Nous pouvons trouver une solution en nous posant les bonnes questions : Que voulons-nous pour nos enfants ? Comment pouvons-nous l’atteindre ? 

Source : The decline of play | Peter Gray | TEDxNavesink

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Pour aller plus loin : La charge mentale des enfants : quand nos exigences les épuisent de Aline Nativel Id Hammou (éditions Larousse). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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