La punition est présentée comme la panacée éducative (mais est loin de l’être)
Dans leur livre Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent, Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci regrettent que nos repères éducatifs soient basés sur la punition. Cette vision de la punition comme une panacée éducative est liée au fait que c’est généralement ce que nous avons vécu dans l’enfance et que l’efficacité supposée de la punition est véhiculé par la société (sous le forme de remarques du type « Une bonne punition et ça ira mieux » ou « S’ils avaient plus punis, ils feraient moins de caprice »).
La punition est définie comme le fait d’infliger une privation : par exemple, privé d’internet, privé de téléphone, privé de sortie, d’argent de poche… Le parent s’appuie sur ce qui motive l’enfant pour infliger une peine en rapport pour l’atteindre.
Pourtant, c’est un mythe de croire que les punitions auraient le pouvoir de normaliser tous les comportements des enfants et d’éviter leurs colères ou insolence.
Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci estiment même que plus un enfant est « difficile » c’est-à-dire, a une prédisposition à l’opposition, moins les punitions seront efficaces…
Les études comportementales (piliers des thérapies comportementales et cognitives TCC) sont nombreuses dans le trouble oppositionnel avec provocation ou dans le trouble déficit d’attention avec hyperactivité (TDAH) : le fait de punir un comportement non adapté va augmenter la fréquence d’apparition du comportement non adapté (donc aggraver la situation), alors que le fait de valoriser le comportement adapté va augmenter la fréquence de ce comportement (donc améliorer la situation). Les punitions sur le long terme vont renforcer l’opposition de l’enfant, diminuer sa motivation au changement, et diminuer sa confiance en lui. Sur le long terme, lorsque l’on prive trop souvent un jeune de choses qui étaient perçues comme positives, il y a un risque de diminuer sa motivation générale. – Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci
Les punitions sont inefficaces et même nocives
L’inefficacité des punitions peut sembler paradoxale car on imagine que, si les effets de la punition sont suffisamment désagréables, l’enfant ne va plus vouloir le subir et donc ne plus reproduire le comportement en cause. Pourtant, plusieurs facteurs expliquent l’inefficacité et même la nocivité des punitions :
- L’enfant n’a pas un contrôle suffisant sur son comportement.
- Le fait d’être privé va augmenter sa colère de base.
- Son estime de soi va diminuer.
- Son impulsivité « de base » ne lui permet pas de se représenter les conséquences sur le long terme de son comportement.
Un autre point à prendre en considération est le caractère « intenable » de certaines punitions à long terme : sous le coup de la colère, un parent peut prononcer des punitions difficiles à mettre en place et vont se retrouver en quelque sorte “piégés” eux-mêmes, (par exemple « pas d’écran pendant deux mois ! »).
Par ailleurs, la relation de confiance entre parents et enfants vont se dégrader et l’enfant risque d’en vouloir à ses parents, peut-être chercher à se venger. De plus, l’effet “quand le chat n’est pas là, les souris dansent” va s’appliquer : quand il n’y a pas de menace, les enfants n’auront pas développé un sens de la responsabilité et une éthique suffisamment solides pour s’autodiscipliner.
Enfin, les punitions sont considérées comme des violences éducatives ordinaires car elles reposent sur un rapport de domination des adultes sur les enfants.
Pour aller plus loin :
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Source : Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent de Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci (éditions Ellipses). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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