Quand les émotions refoulées dans l’enfance sont à l’origine des dysfonctionnements dans le couple

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Yvane Wiart est thérapeute et chercheuse en psychologie. Dans son livre La perversion relationnelle, elle écrit que certains adultes paraissent forts et menaçants mais que cette personnalité de façade masque une peur d’être attaqué et détruit.

Les comportements violents se révèlent masquer de la peur, de l’angoisse et de la dépression, le besoin d’avoir le dessus montrant alors son vrai visage de “peur panique de l’abandon”. – Yvane Wiart

Yvane Wiart rappelle que les expériences qui ont marqué la vie des parents et conjoints maltraitants ne sont pas des anecdotes ou des faits banals mais bel et bien des réalités vécues de manière chronique (fessées, claques, répression des émotions, menace d’abandon, “coin”…) et qui ont profondément influencé les croyances et comportements dès l’enfance.

Tant qu’on ne prend pas la peine d’examiner ouvertement nos représentations de nous-mêmes, d’autrui, du monde héritées de notre passé familial, elles régissent inconsciemment notre rapport à la réalité, dans le sens de la violence et de la toute-puissance, dans celui de l’impuissance et de la soumission, ou encore dans celui de prendre soin des autres au détriment de soi. – Yvane Wiart

Lire aussi : Notre style d’attachement (qui dépend de la manière dont nos parents nous ont traités) influencent nos relations amoureuses.

Par exemple, un adulte qui a souvent été menacé d’abandon dans son enfance (“je pars sans toi”, “dépêche toi ou je te laisse dans le magasin”, “si tu te perds, ça nous fera des vacances”, “je vais te rendre à la maternité”…) va s’attendre naturellement à ce que son mari ou sa femme le quitte. Cette personne sera convaincue que son partenaire n’attend que la première occasion pour partir. Elle aura donc tendance à se montrer jalouse et à faire des scènes pour des broutilles ce qui augmente la probabilité que le partenaire la quitte. Le conjoint quitté n’aura alors plus qu’à constater qu’il avait raison : “Je le savais, on ne peut pas faire confiance aux femmes/ les hommes, tous des lâches !”.

Ces personnes sont inconscientes de l’influence de leur passé familial dans le fait d’être persuadées de la trahison inéluctable du conjoint (pas plus qu’elles ne peuvent accéder à la compréhension de cette erreur de jugement sans accompagnement thérapeutique).

 

En s’appuyant sur les travaux de John Bowlby sur l’attachement, Yvane Wiart affirme que la violence s’acquiert par l’expérience malheureuse qu’on en a faite dans le milieu familial. Les personnes agressives et violentes (pas seulement physiquement mais aussi verbalement et psychologiquement) ont appris que, pour survivre, elles ne doivent rien laisser paraître (ni peur, ni colère, ni tristesse, aucun signe de vulnérabilité).

“La meilleure défense, c’est l’attaque” est généralement le mot d’ordre de ces tyrans actuels, anciennes victimes ayant dû se blinder et se battre pour exister. – Yvane Wiart

Tout seul, il est difficile (et presque impossible) de faire ce travail sur notre style d’attachement et ses conséquences. Ce travail sera plus efficace quand il est accompagné par des amis lucides et éclairés sur le fonctionnement de l’attachement et les conséquences des violences éducatives ordinaires, par un amour authentique dans le cadre d’un couple solide ou bien par un accompagnement professionnel (en dehors de la psychanalyse encore profondément marquée par la conception freudienne de l’inconscient).

Pour nous débarrasser de nos modes habituels de réaction, il nous est indispensable de regarder en face les parties les plus douloureuses et les plus effrayantes de notre passé, précisément celles que nous avons choisi – ou été contraints – d’oublier.

Par ailleurs, être conscient d’un vécu difficile dans l’enfance ne sert à rien si on n’en tire pas les conclusions quant à notre comportement actuel. Nous avons d’abord à reconnaître notre tristesse, notre peur, à accepter toutes nos parts vulnérables qui n’ont pas reçu l’empathie et l’amour dont elles auraient eu besoin à l’époque et maintenant. Nous pouvons aussi nous mettre en colère contre nos parents : nous avons même le devoir de nous révolter contre les maltraitances qui nous ont été infligées et qui ont été travesties en éducation et en amour. Nous avons ensuite à comprendre que nous avons du pouvoir dans notre propre évolution.

 

Dans un couple dysfonctionnel, chacun a besoin de comprendre en quoi il duplique des éléments de son passé dans sa situation actuelle : pourquoi l’un se sent contraint d’agresser et l’autre de se soumettre ? Pourquoi l’un se met si souvent en colère et l’autre quasiment jamais ? Quelles sont les craintes mobilisées par la relation : crainte de perte de pouvoir, de perte de contrôle, de vulnérabilité, d’abandon ?

Chacun des deux partenaires a besoin d’examiner la part qui lui revient dans le problème puis les deux partenaires peuvent échanger sur ce qu’ils ont découvert. Ce partage donne du sens aux réactions qui en paraissent de premier abord dénuées. Cela restaure la compréhension et l’empathie. Comme les informations circulent, les émotions aussi. La relation ne peut s’améliorer que grâce à un travail conscient conjoint. Ce travail peut passer par une thérapie de couple avec un professionnel mais cela peut aussi s’entreprendre par simple volonté d’introspection et envie de préserver la relation.

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Source : La perversion relationnelle : comment vaincre la violence psychologique ? de Yvane Wiart (éditions Le courrier du livre). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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