Aider les enfants à aller vers les autres, les défendre et faire preuve de conscience morale
Le raisonnement moral et l’alphabétisation émotionnelle ne garantissent pas un comportement bienveillant. Comprendre la perspective de quelqu’un, ou même sentir ce que l’autre ressent, tout cela ne garantit rien non plus. Pour réagir avec empathie, il est nécessaire que l’enfant se voie comme une personne attentive aux autres et gentille, et qu’il attribue de la valeur aux pensées et émotions des autres. – Michele Borba (psychologue scolaire et autrice du livre Le syndrome du selfie : comment aider votre enfant à aller vers les autres et à être plus heureux ?)
Le test de conscience
Michele Borba propose un “test de conscience” qui peut aider les enfants à faire preuve de conscience morale quand ils sont confrontés à des injustices. Ce test vise à les aider à respecter leur identité et leurs valeurs morales dans des moments difficiles. Ils reformuleront d’abord pour eux le problème : “Est-ce que je dois être d’accord avec mon amie et me moquer d’un tel ?”/ “Est-ce que je dois suivre mon groupe de copains et participer à ce harcèlement en ligne ?”.
Ensuite, ils pourront se poser la question clé du test de conscience : “Est-ce que cela me ressemble de… ?“. Ils pourront alors voir si l’action leur fait “oui” ou “non”.
Michel Borba décline ce test de conscience en plusieurs questions pour que les enfants trouvent la plus signifiante pour eux :
- le test de la règle d’or : est-ce que j’apprécierais que quelqu’un me fasse cela ?
- le test du “Qui je suis ?” : est-ce que si je fais cela, je vais à l’encontre de mes croyances ou de mes valeurs importantes ?
- le test de l’annonce publique : si la maîtresse/ le proviseur/ la directrice annonçait en réunion publique ce que je m’apprête à faire, est-ce que je le ferais quand même ?
- le test du journal : est-ce que je ferais ce que je m’apprête à faire si les journaux en font leur une demain ?
- le test de la famille : est-ce que si je fais ça, j’enfreins les règles ou valeurs de ma famille ? est-ce que je décide de faire cela même si ma grand-mère en entend parler ?
- le test de “ça aide ou ça blesse” : est-ce que cela aide quelqu’un ou est-ce que ça blesse quelqu’un ? Je ne fais que si cela aide.
- le test du GENI : est-ce Gentil ? est-ce que cela peut servir d’Exemple ? est-ce Nécessaire ? est-ce Irréfutable ? si non, je ne le fais pas, je ne le dis pas, je ne l’écris pas.
Dire non et agir avec une conscience morale
Si l’enfant estime que la situation n’est pas en phase avec qui il veut être, Michele Borba propose la stratégie REFUSE pour pour dire non.
R = Rappel de ce que je suis
Pour que les enfants se rappellent qui ils sont vraiment et qui ils ont envie d’être, ils peuvent se demander : “est-ce que cette personne me demande de faire quelque chose qui est dangereux, méchant ou qui va à l’encontre de ce qui est important pour moi ? Si oui, alors je peux refuser”.
E = Exprimer ce en quoi je crois
Les enfants peuvent préparer une phrase qu’ils sortiront pour exprimer leur position du type : “C’est pas mon truc”, “Ce n’est pas gentil”, “C’est interdit”, “Ça s’appelle du harcèlement et je ne veux pas y participer”.
F = Fermeté dans la voix
Avoir une voix ferme, forte et posée, transmet le message que la position exprimée n’est pas négociable.
U = Unir le corps à la parole
Une posture pleine d’assurance permet d’être pris au sérieux : épaules en arrière, pieds bien à plat légèrement écartés, les mains le long du corps, menton relevé, regard qui croise celui de l’autre (regard non fuyant).
S = Scander non
En cas d’hésitation, le simple mot “non” permet de ne pas se perdre en justification et de risquer de perdre de l’assurance. La confiance augmente à chaque non réaffirmé.
E = Exit
Parfois, la meilleure solution est de partir (seul ou en emmenant la personne victime par exemple). Les enfants peuvent également partir chercher un adulte pour qu’il intervienne et mette fin à la situation problématique. Les enfants ont besoin d’être convaincus que les adultes les écouteront, les CROIRONT et les soutiendront quand ils viennent les solliciter.
Par ailleurs, les adolescents doivent être sûrs d’être soutenus plutôt que punis quand ils appelleront leurs parents pour que ces derniers viennent les sortir d’un mauvais pas.
Si les jeunes n’ont pas assez confiance dans les adultes (peur d’être punis, peur de ne pas être crus), alors ils préfèreront se débrouilleront seuls au risque que la loi du plus fort l’emporte ou de mettre leur conscience morale en sourdine.
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Source : Le syndrome du selfie : comment aider votre enfant à aller vers les autres et à être plus heureux ? de Michele Borba (éditions JC Lattes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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