“Pourquoi te sens-tu comme ça” : en quoi cette question est inefficace pour faire parler les enfants
Je vous propose quelques éléments pour comprendre pourquoi un enfant a du mal à répondre quand les adultes lui posent des questions qui commencent par Pourquoi ?. Il peut être utile de revenir à la définition de ce qu’est l’écoute. Ecouter revêt deux dimensions :
- prêter une oreille attentive,
- aider l’enfant à exprimer sa vérité.
Ecouter n’est donc pas synonyme de questionner. Plusieurs auteurs se rejoignent sur ce point : il vaut mieux éviter les Pourquoi ? (comme Pourquoi as-tu peur ? Pourquoi es-tu en colère ? Pourquoi te sens-tu comme ça ?) quand on cherche à comprendre les émotions d’un enfant. En effet, dans la plupart des cas, l’enfant ne connaît pas les motivations réelles et inconscientes de ses émotions, et notamment de sa peur. Par ailleurs, le « pourquoi » a tendance à être perçu comme intrusif et culpabilisant.
Faber et Mazlish écrivent que la question Pourquoi ? ne fait que s’ajouter à leurs problèmes. En plus de leur détresse initiale, ils doivent analyser la cause et fournir une explication raisonnable. Précisément, les enfants ne savent pas pourquoi ils se sentent de telle ou telle façon ou sont trop immatures pour l’exprimer avec des mots (quand ils ne manquent pas de vocabulaire pour qualifier leurs sensations et leurs émotions).
A d’autres moments, les enfants peuvent être réticents à parler de leur blessure émotionnelle parce qu’ils craignent que leur raison ne soit pas assez bonne aux yeux des adultes qui pourraient s’étonner : “Tu pleures pour ça ? ”
Enfin, un enfant qui rencontre un problème n’a peut-être pas envie que l’adulte règle son problème et ne veut donc pas lui communiquer ses raisons.
Les enfants seront plus enclins à parler avec un adulte qui accueille et accepte ce qu’ils ressentent qu’à un autre qui mène un interrogatoire pour obtenir des explications ou des justifications.
Il est plus approprié de décrire comment se sent l’enfant “Je vois que quelque chose t’attriste” plutôt que de poser des questions comme “Qu’est-ce qui s’est passé ?” ou “Pourquoi tu pleures ? Mais parle !”.
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Pour aller plus loin :
Quand un enfant n’a pas envie de se confier et ne veut pas parler