9 recommandations qui peuvent aider à rediriger les comportements des enfants (après s’être connecté émotionnellement)
Daniel Siegel et Tina Payne Bryson écrivent qu’il est beaucoup plus responsable et efficace sur le plan émotionnel d’écouter, de montrer de l’empathie et de vraiment comprendre l’expérience d’un enfant avant de le reprendre.
Une fois la connexion établie avec l’enfant, nous pouvons rediriger son comportement inapproprié en sollicitant son cerveau supérieur (le cerveau qui réfléchit). La connexion peut passer par un accueil des émotions, une reconnaissance du désir de l’enfant (sans forcément le réaliser), un moment de ménagement personnel (un temps d’arrêt et de respiration).
Siegel et Bryson ajoutent qu’il ne faut jamais sous-estimer la puissance de la gentillesse au moment où nous initions une conversation sur le comportement que nous entendons changer.
Lorsque vient le moment du cadrage, vous n’avez qu’une seule option : rester calme et vous connecter. C’est alors que vous pouvez en venir à vos stratégies de redirection. – Daniel Siegel (La Discipline sans Drame)
Daniel Siegel et Tina Payne Bryson précisent qu’il n’est pas nécessaire de mémoriser cette liste par coeur mais que ces recommandations peuvent être ajoutées dans notre trousse à outils et activées en fonction de l’âge des enfants, de leur niveau de développement ou encore des circonstances.
N°1 : réduisez le flux verbal
Les points essentiels du message auront plus d’impact et seront moins dilués. Par ailleurs, les leçons et explications trop longues finissent par ennuyer les enfants et ils décrochent.
Siegel et Bryson proposent de poser des questions et d’écouter, plutôt que de parler, pour obtenir des détails.
N°2 : Embrassez les émotions qui surgissent
Il y a un fossé entre dire qu’il est admissible d’avoir envie de tout casser et dire qu’il est admissible de tout casser. – Daniel Siegel
On peut reconnaître les émotions fortes et vives des enfants tout en les invitant à les exprimer d’une manière non violente ou agressive :
Je comprends très bien que tu éprouves de la haine pour ton frère en ce moment. Mais il y a d’autres façons d’exprimer ta colère/ je suis sûre que tu peux dire ça de façon plus respectueuse.
Je suis contente que vous ayez passé un bon moment avec ton copain mais j’ai une question. Je sais que tu es conscient de l’importance que j’attache à la confiance dans notre famille donc je me demande ce qui s’est passé.
On peut ainsi dire oui aux émotions en même temps que non à l’acte et apporter une “réponse en miroir”, c’est-à-dire valider ce qui se passe dans l’esprit des enfants. Quand les émotions de ces derniers sont niées ou minimisées, nous participons au rétablissement de leur auto régulation intérieure.
N°3 : Décrivez, ne prêchez pas
Les enfants n’ont pas besoin que leurs parents leur rappellent de ne pas prendre de mauvaises décisions. En revanche, ils ont besoin d’être redirigés, qu’on les aide à reconnaître comme inadéquates ces mauvaises décisions et ce qui les a provoquées, afin d’être capables de se corriger et de changer ce qui doit l’être. – Daniel Siegel
Daniel Siegel et Tina Payne Bryson donnent un exemple dans leur livre :
“On dirait que ton ami a aussi envie de faire de la balançoire” est une observation.
“Tu dois partager” est un ordre, une leçon.
La première phrase ne transmet pas un message très différent de la deuxième mais elle offre des avantages supplémentaires :
- l’enfant n’est pas placé sur la défensive
- la responsabilité de la réponse est transférée à l’enfant : il a la liberté de faire un choix pour répondre à cette observation
- l’enfant progresse dans sa capacité à résoudre les problème car l’enfant a l’occasion de s’interroger sur ce qu’il peut faire
- on fait appelle à une empathie authentique
N°4 : Impliquez votre enfant dans le recadrage
Le monologue n’est pas la seule (ni la meilleure option) à considérer. Engager un dialogue ne veut pas dire faire preuve de laxisme mais signifie que parents et enfants décident ensemble comment résoudre au mieux les problèmes en question.
Je sais que tu connais la règle donc je me demande ce qui a pu se passer pour que tu te comportes de cette façon.
Que crois-tu qu’elle a éprouvé à ce moment-là et comment pourrais-tu rattraper le coup ?
Cela arrive de se mettre en colère. Comment pourrais-tu réagir la prochaine fois que ça t’arrivera ?
On a un problème : tu veux tes bonbons et moi je préfère que tu prennes d’abord un repas sain. Est-ce que tu aurais une suggestion ?
Tu t’es mis en colère. En général, tu ne donnes pas de coups de pied/ tu ne casses pas… Que s’est-il passé ?
N°5 : Reformulez le “non” en un “oui” conditionnel
La clé, c’est que vous vous identifiez et que vous montrez de l’empathie avec ce que [l’enfant] éprouve tout en construisant une structure et une capacité (reconnaître la nécessité [de la contrainte] et retarder la gratification du plaisir. – Daniel Siegel
Les oui conditionnels ont plusieurs avantages :
- les désirs des enfants sont pris en considération (même s’ils ne sont pas réalisés)
- les enfants apprennent à différer leurs désirs
- les enfants se projettent dans le futur
- les enfants développent leur résilience (qui leur viendra en aide chaque fois qu’on leur dira non à l’avenir)
N°6 : Insistez le positif
Insister sur ce qu’on aime : “J’aime beaucoup t’entendre parler sur un ton normal. Tu pourrais me répéter ça ?” (au lieu de “arrête de pleurer”)
Insister sur nos attentes : “Je m’attends à ce que…/ je souhaite que…/ j’ai envie de…” (plutôt que “arrête de faire ci/ça”)
Se concentrer sur le comportement positif et adapté : “J’adore vous voir faire cela/ merci d’avoir pensé à…”
Transformer les interdits en règles : “Marche sur le rebord de la piscine” (plutôt que “interdit de courir”)
Utiliser des formulations positives : “Caresse” (plutôt que “ne tape pas”)
N°7 : Gérez la situation avec créativité
Il n’existe pas de recette applicable en toute circonstance, avec tous les enfants, à tout âge… être parent, c’est beaucoup d’improvisation !
La créativité peut prendre plusieurs formes :
- la souplesse sur certaines exceptions à la règle,
- l’humour,
- le recours à l’imagination,
- le jeu,
- la nouveauté,
- le retournement de situation.
Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson reconnaissent que le recours à l’humour et à la créativité n’est pas toujours facile, voire impossible dans des situations exaspérantes ou fatigantes. Ils nous proposent de nous poser cette question : “est-ce que j’ai vraiment envie du drame qui se profile à l’horizon ?”. Si la réponse est non, nous gagnerons à essayer une approche ludique. Parfois, perdre du temps, c’est en gagner.
Le livre “Qui veut jouer avec moi ?” du Dr. Lawrence Cohen propose de nombreuses pistes pratiques et des exemples pour introduire la parentalité ludique dans le quotidien familial.
N°8 : Enseignez des outils de lucidité
Les outils de lucidité permettent aux enfants d’observer leur propre esprit et de mieux le comprendre.
Tu n’as pas à te laisser enfermer dans une expérience négative. Rien ne t’oblige à être la victime d’événements extérieurs ni d’émotions internes. Tu peux utiliser ton esprit pour piloter la façon dont tu te sens et dont tu agis.
Le modèle du cerveau dans la main est un bon outil de lucidté :
Le modèle du cerveau dans la main présente deux grands avantages :
- apprendre aux enfants à ne pas nier les expériences difficiles ni leurs émotions désagréables
- observer ce qui se passe en eux et l’impact de cette expérience sur eux (ne pas être happé par l’expérience)
Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson proposent d’autres outils de lucidité : bouger son corps ou modifier sa posture physique.
N°9 : Remettez les expériences en perspective (ou le pouvoir de l’esprit)
Nous voulons encourager nos enfants à se rendre présents à ce qu’ils ressentent et à le partager avec nous. […] Mais nous voulons aussi leur offrir une perspective et les aider à comprendre qu’ils peuvent focaliser leur attention sur d’autres aspects de leur réalité. Ce qui suppose de bien développer aussi les circuits dédiés à l’observation et pas seulement ceux qui traitent le ressenti. – Daniel Siegel
Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson conseille de tenir un discours qui va à la fois valider les émotions et le vécu de l’enfant mais aussi mettre des expériences désagréable en perspective avec des expériences plus positives :
“Chacun de ces points représente quelque chose qui s’est passé ou va se passer ce mois-ci. Celui-là, c’est ton match de basket où tu as loupé le panier. Cette expérience est bien réelle et je sais que tu en es contrarié. Je suis contente que tu sois conscient de ce que tu éprouves et que le partages avec moi. Ce point-là, c’est la fête de ce week-end. Tu l’attends avec impatience ! Et celui-là à côté, représente ta note en maths d’hier. Tu te rappelles comme elle t’a rendue fier ?”
Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson citent les avantages de prendre appui sur ces neuf recommandations qui commencent par se connecter pour rediriger dans un deuxième temps :
- obtenir la coopération;
- construire les connexions dans le cerveau des enfants pour qu’ils deviennent des individus bienveillants et responsables qui auront des relations harmonieuses avec les autres et des existences épanouies.
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Source : La discipline sans drame – Calmer les crises et aider votre enfant à grandir de Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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