Le mois suivant l’accouchement : répondre aux besoins du bébé, une priorité

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Dans leur livre Le mois d’or : bien vivre le premier mois après l’accouchement, Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin utilisent l’expression Mois d’Or pour désigner le mois suivant l’accouchement. Elles rappellent que les deux priorités du Mois d’Or consistent d’une part à récupérer de l’énergie (ou du moins ne pas en perdre davantage) et d’autre part à tisser des liens relationnels avec le nouveau-né.

La symbiose mère/ enfant

Les bébés humains sont programmés pour s’attacher aux adultes qui prennent soin de lui et cet attachement est une question de survie. D’après la théorie de l’attachement, le petit humain a besoin de manière vitale de relations qui incluent langage et affection.

En respectant le besoin d’attachement du bébé, le choc de la séparation et de l’accouchement est atténué pour le bébé mais aussi pour la mère. Ainsi la fusion ne laisse pas la place au vide mais à un nouvel état transitoire : la symbiose maman/ bébé.

Pour vivre pleinement cette symbiose, il est approprié de se créer une “bulle symbiotique”, comme un cocon psychique, physique et énergétique. Si les jeunes parents, et en particulier les jeunes mères, ne prennent pas soin de créer cette bulle, ils risquent de se sentir bousculés, dispersés, envahis et ne seront pas disponible pour rencontrer le nouveau-né en douceur.

Prendre le temps de vivre ces moments privilégiés passe par la résistance aux stimulations extérieures (copines, visites, smartphone, télévision).

Lire aussi : Les visites (famille, amis…) après la naissance pour rencontrer le nouveau-né : qu’elles soient une aide plutôt qu’une gêne.

L’indépendance précoce du nourrisson, un non-sens !

Les idées, encore prégnantes dans nos sociétés, qui insistent sur l’indépendance précoce du nourrisson sont en opposition totale avec notre nature de mammifère et avec la théorie de l’attachement.

Il n’est pas bon d’éloigner le bébé du corps de sa mère (bébé dans sa propre chambre, bébé promené en poussette, bébé posé dès que possible dans son transat…). Notre nature de mammifère porté veut que les bébés humains soient le plus souvent en contact avec un autre corps humain, en particulier celui de sa mère.

Ce constat nourrit notre propos sur l’importance de prolonger autant que possible le lien physique, tactile, chaleureux entre la mère et l’enfant lors des premières semaines de vie, à la fois pour sa sécurité intérieure à lui et son bien-être à elle. – Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin

En effet, le fait de porter le bébé libère la sécrétion d’ocytocine, hormone de l’amour et du bien-être, dans le corps de la mère aussi. Par ailleurs, ce lien et ce contact physique sont importants tout au long de la vie, pas seulement pendant les quarante jours suivant l’accouchement.

Ne pas nier les difficultés suivant l’accouchement

Des besoins en rivalité

Quand il y a symbiose entre la mère et l’enfant, leurs rythmes se synchronisent. Cependant, les difficultés maternelles liées au manque de sommeil, aux pleurs et aux besoins intensifs du bébé ne sont pas à nier.

Certaines mères, pour ne pas dire toutes, ont parfois l’impression que leur bébé s’apparente à un rival, voire à un persécuteur, pendant les nuits les plus courtes et les journées où il est très demandeur (du sein par exemple), où il pleure beaucoup (suite à des coliques par exemple).

Il est en effet probable que ce minuscule petit être épuise votre énergie et votre patience comme jamais personne ne l’avait fait auparavant. Quand le besoin de contact de notre bébé contrarie notre besoin de dormir, quand notre besoin de tendresse avec notre conjoint est contrecarré par son besoin d’être sécurisé, il n’est pas impossible que l’harmonie de la symbiose laisse place à un sentiment de rivalité. – Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin

Même si c’est difficile, il est utile de garder en tête que le bébé n’est pas notre rival et qu’il se trouve dans un état de dépendance immense. Le bébé ignore qu’il peut différer ses besoins, contrairement aux adultes qui peuvent différer les leurs.

Les bienfaits du maternage proximal

Ce qu’on appelle “maternage proximal” (cododo, allaitement, portage physiologique, contact physique à volonté) permett de passer ces difficultés avec plus de souplesse.

En effet, les bébés fréquemment portés pleurent moins et la proximité physique favorise l’attachement. Le portage permet également d’avoir les bras libres. Pour les femmes qui allaitent, les hormones de l’allaitement favorisent un sommeil récupérateur ainsi que la synchronisation des cycles de sommeil entre la mère et son bébé. L’allaitement permet également de réduire l’intendance liée à la nourriture (préparation et lavage des biberons, obligation de se lever pour nourrir le bébé).

Répondre aux besoins d’un bébé qui pleure est une priorité parce que le fait de ne recevoir aucune réponse à sa détresse déclenche la sécrétion d’hormones du stress, le cortiol, dans son organisme.

Et pourtant, répondre aux pleurs des bébés peut représenter un vrai défi pour un grand nombre de parents. Quand on se sent à bout, quand on est sur le point de secouer le bébé, quand on a envie de le/se jeter par la fenêtre, il est urgent de trouver des ressources pour faire face.

Quand on est à bout, des solutions existent

Passer la main, s’éloigner, sortir quelques instants, prendre l’air, appeler quelqu’un de confiance ou un professionnel sont des stratégies d’urgence quand la fatigue combinée au stress conduisent à des envies de violence (contre soi et/ou contre le bébé).

Les jeunes mères ont besoin que leur entourage s’intéresse à elles avec empathie (et pas seulement au bébé). Il est donc utile d’apprendre à verbaliser nos besoins et les émotions ressenties et à demander de l’aide matérielle à l’entourage (ex : faire le ménage, préparer ou faire livrer des repas, sortir les aînés…).

Il existe un peu partout des groupes d’écoute, des associations de parents et des espaces d’accueil mère/ enfant. Un recours à des professionnels de la santé peut s’avérer utile.

Le gouvernement a mis en place dans tous les départements et toutes les villes :

  • des points d’information famille : social-sante.gouv.fr
  • des lieux d’accueil enfants-parents pour enfants de moins de 6 ans : mon-enfant.fr
  • un réseau d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAAP) pour enfants et adolescents : informations
  • la médiation familiale : mediation-familiale.org
  • la PMI, protection maternelle et infantile
  • Allô parents-bébé : numéro vert, gratuit et anonyme d’aide aux parents, de la grossesse aux 3 ans de l’enfant au 0 800 003 456

Catherine Dumonteil-Kremer, pionnière en France de la parentalité respectueuse, a mis en place un ligne SOS Parentalité qui offre quinze minutes d’écoute pour les parents en difficulté au 09 86 87 32 62. Des professionnels y répondent de 14 heures à 17 heures, tous les jours sauf le dimanche et les jours fériés.

A noter que la dépression post-partum (qui n’est pas la même chose que le baby blues) touche environ 10% des jeunes mères et peut conduire à des idées suicidaires, voire des passages à l’acte, si elle n’est pas prise en charge. L’association Maman Blues estime qu’une à deux mères sur dix seraient en souffrance psychique suite à la naissance de leur enfant. Même en considérant le bas de la fourchette (soit 10% des mères), plus de 80 000 femmes par an en France seraient donc touchées par la dépression post partum. Maman Blues propose un forum d’entraide et de soutien en ligne ainsi que des réunions physiques dans les différentes régions de France.

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Source : Le mois d’or : bien vivre le premier mois après l’accouchement de Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin (éditions Presses du Châtelet). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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