Rester calme face à l’enfant qui explose de colère… plus facile à dire qu’à faire mais cela peut s’apprendre

rester-calme-enfant-explose-colere

Dans leur livre Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent, Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci estiment que la règle d’or pour les parents qui doivent faire face aux crises de colère est de rester calmes. Elles reconnaissent évidemment que c’est éminemment difficile, et que cette capacité à ne pas escalader dans l’émotion peut nécessiter une vraie préparation mentale avec des techniques spécifiques (ex : pleine conscience, cohérence cardiaque mais aussi un travail sur soi). Avant d’être parents, on peut avoir du mal à imaginer vivre un jour ce genre de situation dans laquelle on va rester calme alors qu’on est en train de se faire crier dessus.

Cet apprentissage peut prendre un certain temps. Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci rappellent qu’il existe des facteurs génétiques qui peuvent favoriser la survenue de certains troubles comme le TDAH ou les troubles de l’humeur : il y a donc de grandes chances pour qu’un enfant colérique ait également au moins un parent avec des difficultés à réguler ses émotions.

Les émotions des parents difficiles à réguler face à la crise explosive d’un enfant

La crise d’un enfant expose les parents à plusieurs émotions intenses :

  • La peur : le fait de voir l’enfant exploser est une source de stress majeure pour le parent qui ne le reconnaît plus, et qui s’inquiète pour sa santé mentale, son devenir…

 

  • La honte : les crises exposent les difficultés de la famille au grand jour et, dans les lieux publics, le regard des autres peut se faire jugeant (de même; à la maison, le jugement du voisinage peut engendrer de la tension chez le parent et l’empêcher d’être aussi bienveillant qu’il le souhaiterait).

 

  • La colère contre l’enfant : le parent peut en vouloir à l’enfant qui fait vivre cette épreuve pour un motif que le parent estime insignifiant, et qui détruit l’harmonie familiale.

 

  • La culpabilité : si le parent se montre violent (même verbalement), il va se sentir honteux et coupable vis-à-vis de son enfant.

 

Ces émotions sont intriquées et se renforcent, ce qui crée des situations épuisantes nerveusement au point d’avoir un impact sur la santé mentale et physique du parent (risque d’épuisement parental ou encore de dépression).

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci  soulignent que les situations de crise sont souvent plus faciles à appréhender avec calme pour des personnes extérieures à la famille, car le sentiment de honte ainsi que la peur seront atténués ou absents et ne vont pas polluer l’action d’accueil de ce qui traverse l’enfant.

Le risque d’escalade émotionnelle : de la colère à la violence

Il y a escalade émotionnelle quand un parent agit “en miroir” face à son enfant en crise. Ainsi, le parent s’énerve face à son enfant lui-même énervé et va chercher à prendre le dessus sur l’enfant en criant ou en faisant preuve de violence (ex : isoler l’enfant de force, le tirer par le bras, le taper, l’humilier, le menacer…). Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci estiment qu’il existe d’autres formes d’escalade plus insidieuses comme le fait de relancer l’enfant pendant la crise même de façon bien intentionnée (en demandant par exemple pourquoi l’enfant est dans cet état ou en minimisant l’émotion par des mots du type “Mais ce n’est pas très grave”).

On parle d’escalade car dans tous les cas l’émotion de l’enfant va encore s’amplifier et le parent va finir par rentrer dans le même état émotionnel que son enfant. Même si nous savons qu’au niveau physiologique la crise de colère dure de 20 à 45 minutes, dès que le parent intervient et interagit avec l’enfant en crise, que ce soit pour chercher un apaisement ou pour monter au conflit, le temps de la crise se prolonge… Et c’est ce qui fait que cela peut durer plusieurs heures au final…

Le problème de l’escalade est que le parent, en voulant bien éduquer son enfant et lui apprendre le respect, va avoir tendance à hausser le ton. Comme l’enfant va monter en puissance par réaction en miroir, le parent risque d’en venir à l’utilisation de la force physique. C’est dans les moments d’escalade que les éclats de violence interviennent car le parent se dit qu’il ne peut pas perdre la face et qu’il doit prendre le dessus sur l’enfant pour qu’il apprenne à se réguler, à respecter les autres ou encore à demander les choses poliment.

Un autre problème de l’escalade émotionnelle est que les enfants apprennent d’abord par imitation. Plus un parent se montre incapable de garder son calme et de se contrôler, moins l’enfant en sera lui-même capable.

 « Il faut battre le fer quand il est froid. » (Haim Omer)

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci  s’appuient sur une des bases théoriques des approches de la résistance non violente développées par le professeur Haim Omer : « Il faut battre le fer quand il est froid. ». Ici, l’idée simple qui peut servir de ligne de conduite et éviter les violences est de ne pas réagir à chaud (ce qui est déjà en soi une réaction). Garder cette idée en tête permet déjà d’atteindre un certain degré d’auto-contrôle.

Par ailleurs, le temps est en général un bon conseiller. Même si la décision finale n’est pas parfaite, elle aura le mérite d’avoir été réfléchie et pensée et probablement d’avoir intégré l’enfant dans la recherche de solutions.

Lire aussi : Oser s’excuser (y compris en tant que parents envers les enfants) n’est pas chose aisée mais est essentiel pour des relations bien-traitantes

A l’extérieur, mieux vaut miser sur un repli silencieux car les principes pour éviter l’escalade restent les mêmes : rester calme et chercher un lieu de repli pour que la crise passe sans escalade (cela peut être un espace isolé ou la voiture). Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci avertissent qu’un retour vers la maison ne doit être envisagé que s’il n’y a pas de crainte à prendre le volant avec l’enfant car la sécurité de tous est l’enjeu principal. Certains enfants en crise sont capables de se détacher et d’ouvrir la portière quand la voiture est en marche, voire de s’en prendre physiquement au conducteur.

……………………………………………

Source : Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent de Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci (éditions Ellipses). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

Commander Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac