CASE : 4 sabotages de la communication et de l’intimité + comment les contrer (Stephen Karpman)
Dans son livre Le Triangle dramatique – De la manipulation à la compassion, Stephen Karpman présente un acronyme qu’il a créé pour décrire les stratégies les plus communes de sabotages de la communication et de l’intimité. Il estime que ces quatre stratégies forment une boucle perdante, car elle empêche d’aborder les sujets difficiles et barre la route à toute forme de vulnérabilité, d’intimité.
Karpman définit ces blocages par l’acronyme CASE :
- Condescendant,
- Abrupt,
- Secret,
- Évasif.
Chaque attitude correspond à une stratégie différente mais elles peuvent être combinées au cours d’une même interaction. Leur intensité peut être variable mais le résultat est toujours le même : décourager de parler et empêcher la résolution du problème.
Condescendant : « Je te fais une faveur en acceptant d’en parler mais j’arrête quand je veux. »
Stephen Karpman écrit que l’interlocuteur fait comprendre par la condescendance à celui ou celle qui a initié la discussion qu’il ou elle a peu de valeur.
Vous êtes vécu comme ennuyeux, et l’autre veut vous faire comprendre que vous lui faites perdre du temps. Disons que : « Plus vite vous vous rendrez compte que vous avez tort, plus tôt vous arrêterez d’essayer de discuter ! » – Stephen Karpman
Stephen Karpman propose, lorsqu’un interlocuteur est dans la condescendance, de lui demander si c’est un bon moment pour lui pour parler de ce sujet. Cela permet d’éviter que l’autre ne se mette sur la défensive. Il est également possible de confronter l’autre sur son comportement en nommant les choses : “Ça, c’est ce qu’on appelle de la condescendance et tu es en train de saboter la communication.”
Abrupt : « Je t’arrête tout de suite, ce n’est pas le moment. »
La stratégie Abrupt peut recouvrir plusieurs visages :
- interrompre brusquement l’autre
- parler plus fort que lui
- prendre le pouvoir par des critiques ou du dénigrement
- proférer une menace pour empêcher de continuer
Stephen Karpman invite les personnes face à un interlocuteur qui utilise cette stratégie à se rendre accessible et ouvert possible pour désarmer l’autre et l’inciter à s’adoucir. Cela peut passer par de l’empathie pour l’autre (essayer de voir quel déclencheur émotionnel a été activé chez lui pour qu’il se sente à ce point désarmé et menacé). Cela peut également passer par une révélation authentique de ce que l’on ressent (la CommunicationNon Violente peut être utile à cet effet) ou par le fait de proposer un autre moment. Là encore, il est possible de confronter l’autre sur son comportement (ex : “Là, tu es en train d’éviter la conversation.”).
Secret : « Je ne sais pas, je n’ai rien à en dire et même si je le voulais, je ne pourrais rien dire. »
Le sabotage Secret consiste à décourager l’autre d’entrer en relation pour le maintenir à distance par peur de l’intimité et de la vulnérabilité. L’interlocuteur va alors éviter de parler pour se donner une chance d’éviter la discussion. Il se dit quelque chose comme « Je ne lui dis plus rien comme ça il s’en ira peut-être et on ne sera pas obligé d’avoir cette discussion pénible ».
Karpman parle d’une attitude de repli et la personne ne délivre aucune des informations nécessaires à la résolution du problème ou pour envisager un consensus.
S’il existe de la colère ou des ressentiments qui vaudraient le coup d’être exprimés, vous n’en saurez rien et vous n’aurez aucune chance de chercher une solution. Priver l’autre du moindre compliment est également une façon de contenir tout risque de proximité. – Stephen Karpman
Il est possible de confronter l’autre à son silence. Il est également possible de lui donner les raisons pour lesquelles nous avons besoin d’information parce que cette stratégie est souvent inconsciente. Enfin, il est possible d’insister sur les conséquences d’une rétention d’informations sur telle ou telle situation.
Évasif : « Peut-être bien que oui, mais peut-être bien que non aussi. Les deux sont possibles… »
Rester évasif, c’est chercher à noyer le poisson, à embrouiller la personne qui entame la discussion ou à détourner la discussion. Il n’y a aucune réponse directe à la question initialement posée.
La rumeur est un bon exemple de blocage évasif pour changer de sujet et lancer l’autre sur un sujet intéressant.
Il est recommandé d’expliquer pourquoi nous refusons de ne prendre qu’une partie de l’information. Si beaucoup de sujets sont mélangés, nous pouvons suggérer de se concentrer sur un seul point à la fois.
Toute chose a une face négative et une face positive : CASE+
Dans son travail de psychologue, Stephen Karpman cherche toujours à transformer les boucles négatives en boucles positives. Dans cette optique, la boucle CASE peut devenir CASE+ :
- Condescendant devient Chaleureux
- Abrupt devient Accueillant
- Secret devient Solidaire
- Évasif devient Engagé
Chaleureux (Caring)
Alors qu’un sujet a été posé sur la table pour être discuté, nous montrons à notre interlocuteur que nous sommes concernés par ce qu’il ressent et par ce qu’il veut exprimer. Cette attitude est vécue comme une marque d’intérêt et invite à la confiance.- Stephen Karpman
Accueillant (Approchable)
Lorsque nous mobilisons cette attitude, nous envoyons un message clair à ceux qui souhaitent parler avec nous : « Je suis quelqu’un d’ouvert et vous êtes les bienvenus pour discuter ». Ceci tranche radicalement avec l’attitude abrupte.- Stephen Karpman
Solidaire (Sharing)
Nous pouvons aussi nous montrer solidaire chaque fois que nous partageons ouvertement nos ressentis au lieu de les garder secrets. Il peut s’agir aussi de donner à l’autre des informations dont les deux parties pourraient avoir besoin pour résoudre le problème posé.- Stephen Karpman
Engagé (Engaged)
Nous montrons que nous ne lâcherons pas l’affaire et que nous sommes prêts à couvrir tous les sujets connectés au problème. Avec cette attitude engagée nous évitons la tentation d’être évasif pour noyer le poisson et écouter la conversation. – Stephen Karpman
Stephen Karpman conseille de parler de ces sabotages de la communication avec l’entourage pour que chacun en soit conscient et puisse les identifier lors de conversations houleuses (à la fois en tant qu’auteur et que victime). Ces straégies et contre-stratégies peuvent sembler banales et complexes mais les garder en tête permet d’améliorer la qualité des relations.
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Source : Le Triangle dramatique – De la manipulation à la compassion et au bien-être relationnel de Stephen Karpman (interEditions). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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