Le besoin fondamental de tout bébé humain est un besoin de contact, de proximité corporelle et émotionnelle permanent.

séparation enfant/ parent après accouchement

La tension qu’éprouvent certains parents face aux demandes de contact de leur bébé peut les conduire à la maltraitance

Dans son livre Le pouvoir du discours maternel, Laura Gutman, thérapeute spécialisée en maternité, regrette que l’exigence de contact corporel que réclame un bébé peut devenir intolérable pour certains parents car cela déclenche en eux une fureur immense. Pour la thérapeute, le besoin fondamental de tout bébé humain est un besoin de contact, de proximité corporelle et émotionnelle permanent avec un autre être humain, en particulier sa mère et son père.

Laura Gutman estime que sous sommes presque tous soumis à un refoulement de nos impulsions car nous n’avons pas été entendus dans nos besoins de proximité relationnelle dès la toute petite enfance. Arrivés à l’âge adulte, en tant que parents, nous sommes alors mis sous tension par les demandes de proximité de nos propres enfants dès la naissance. Cette demande de contact du bébé peut devenir un véritable problème et, dans ce cas, les parents préfèreront l’éloigner de leur propre corps. Les parents dont l’histoire est marquée par des privations émotionnelles et l’absence de chaleur peuvent en venir à secouer ou frapper un bébé qui pleure si la tension est trop intense. Cette tension est précisément résolue par le fait d’isoler l’enfant, de l’ignorer, voire de le secouer ou de le frapper.

Le discours éducatif porté par notre socio-culture travestit les maltraitances faites aux enfants dès la naissance

Le mal fait aux bébés et aux enfants est ensuite travesti par un discours “éducatif” : cette maltraitance en lien avec l’éloignement physique et l’ignorance des émotions des enfants serait pour leur bien et, même, pour le bien de l’humanité toute entière, car on ne peut tout de même pas laisser les enfants vivre dans le principe de plaisir au risque de voir l’espèce s’effondrer sous l’effet d’humains sans limite, paresseux et égoïstes.

Laura Gutman estime qu’aucune autre espèce de mammifères ne ferait quelque chose d’aussi insolite avec ses petits.

Mais pour les humains, il est courant de décider que le mieux est de «le laisser pleurer» pour «qu’il ne prenne pas de mauvaises habitudes», ou «qu’il ne devienne pas capricieux». Il nous semble totalement normal que le corps du bébé soit séparé de celui de sa mère et qu’il soit seul dans son berceau, seul dans son landau, seul dans sa petite chaise.  Nous supposons qu’il devrait dormir seul. Dès qu’il grandit un peu, nous pensons qu’il est trop grand maintenant pour demander les bras ou des câlins. Ensuite il est trop grand pour pleurer. Et, bien entendu, il est toujours trop grand pour faire pipi au lit ou pour avoir peur des moustiques ou pour ne pas vouloir aller à l’école. Or, tout ce dont il avait besoin depuis le moment de sa naissance était du contact et il ne l’a pas obtenu. Il sait que son destin est de rester seul. – Laura Gutman

Nous sommes presque tous malades de la séparation enfant/ parent mise en place dès l’accouchement.

L’accouchement n’appartient plus aux femmes

Laura Gutman estime que nous vivons depuis plusieurs siècles soumis à la répression sexuelle. Par soumission sexuelle, elle entend la considération du corps – des femmes en particulier – comme impur et impudique (au profit de l’esprit considéré comme pur et noble, esprit qui se manifeste dans l’hypermédicalisation).

Pour Laura Gutman, un cercle vicieux se met en place dès l’accouchement : la majorité des femmes (et des soignants) accepte un accouchement surmédicalisé et déshumanisé parce que les femmes ont été dépouillées de leur savoir intérieur, de leurs sensations et émotions, de leur puissance. Gutman parle d’un accouchement “en captivité : ligotées, piquées, menacées et apeurées”.

Cette dépossession est source de souffrance pour la mère mais aussi pour l’enfant (et l’humanité).

En parallèle, les bébés, à peine nés, sont séparés du corps de leur mère, laquelle a appris à se soumettre à la rigidité des routines hospitalières et à un irrespect des besoins des corps humains. En conséquence, les mères peinent à s’opposer aux ruptures de liens entre elles et leur bébé et les bébés apprennent dès la naissance que les sensations corporelles sont indésirables.

Gutman parle de maladie de la solitude et affirme même que c’est l’absence de contact physique entre parents et enfants qui fait le lit de la violence (contrairement à ce qu’affirme le discours socio-culturel qui légitime la séparation parent/ enfant dès l’accouchement et tout au long de la vie). Laura Gutman écrit que chaque enfant non touché par sa mère est un enfant “servira la roue de l’indifférence, de la guerre et de la soumission des uns par les autres”.

À quel moment apprenons-nous qu’il n’y a pas de place pour le corps et le plaisir ? Au moment précis de la naissance. Quelques secondes après la naissance, nous cessons d’être touchés. – Laura Gutman

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Source : Le pouvoir du discours maternel de Laura Gutman (auto édition Ebook).