Le temps passé dans la nature n’est pas un temps de loisirs, c’est un investissement essentiel dans la santé des enfants.

Le temps passé dans la nature n'est pas un temps de loisirs, c'est un investissement essentiel dans la santé des enfants.

Richard Louv est cofondateur du réseau Children and Nature et a conçu l’expression “syndrome du manque de nature“. Selon lui, le syndrome du manque de nature décrit les coûts humains de l’aliénation de la nature et les impacts du manque de nature sur la santé des enfants. Ce syndrome n’est pas un diagnostic médical mais une tendance de fond qui touche les pays occidentaux (même si les pays d’Europe du Nord paraissent moins touchés).

D’après Louv, la rupture entre l’enfance et la nature fait partie d’un bouleversement plus vaste : “la restriction physique de l’enfance dans un monde qui s’urbanise rapidement, l’expérience de la nature étant une victime collatérale”.

La peur sépare les enfants des bienfaits de la nature

Louv regrette par ailleurs que le jeu en plein air ait été “criminalisé” dans le sens où de plus en plus de restrictions encadrent les jeux des enfants (ne pas grimper dans les arbres pour ne pas les abîmer, ne pas marcher sur les pelouses dans les jardins publics, interdiction des jeux de ballon dans certains lotissement…). Les peurs parentales jouent également un rôle dans la restriction du temps passé dehors mais aussi des limites physiques au sein desquelles les enfants ont le droit de jouer. La peur, parfois légitime, parfois non, est une puissante force qui empêchent les parents de laisser aux enfants de la liberté. Pour Richard Louv, la peur (du trafic routier, des mauvaises rencontres, des blessures et de la nature elle-même) sépare les enfants des bienfaits de la nature.

L’impact cumulé du surdéveloppement urbain, de la multitude des règles régissant les parcs, des réglementations environnementales bien intentionnées (et généralement nécessaires), des normes de construction, des règlements de copropriété et de la crainte d’un litige envoie un message dissuassif à nos enfants : leurs jeux en plein air ne sont pas les bienvenus, et les sports organisés sur des terrains de jeu impeccablement entretenus sont la seule forme officiellement admise de “loisirs de plein air”. “Nous laissons entendre à nos enfants que les formes traditionnelles de jeu en plein air sont interdites […] Ensuite, nous sommes sur leur dos dès qu’ils s’asseyent devant la télévision pour qu’ils aillent jouer dehors. Mais où ? Comment ? Pour faire une autre activité encadrée ? Certains enfants ne veulent pas faire d’activités organisées en permanence. Ils veulent laisser libre cours à leur imagination; ils veulent voir où le cours d’eau les emmène.” – Richard Louv

Pour Louv, le temps passé dans la nature n’est pas un temps de loisirs, c’est un investissement essentiel dans la santé des enfants (et des adultes !). Richard Louv estime que raisonner en termes de santé mentale et physique permet de remettre la nature à sa juste place dans nos emplois du temps familiaux surchargés.

(Re)faire entrer la nature dans notre vie de famille

Le mouvement pour les enfants et la nature que Richard Louv a commencé à amorcer et promeut repose sur l’idée que la santé des enfants et la santé de la Terre sont indissociables. ll nous invite à (re)faire entrer la nature dans notre vie de famille et de lui conserver une place de choix quel que soit l’âge des enfants. A cet effet, Richard Louv formule quelques propositions parmi lesquelles :

  • Aider les enfants à trouver un univers caché en posant une morceau de ferraille ou de bois au sol. Revenir un ou deux jours plus tard, soulever la plaque et observer combien d’espèces y ont trouvé refuge. Identifier les créatures à l’aide d’un guide pratique. Refaire l’expérience une fois par mois et identifier les nouveaux venus.
  • Faire une promenade en famille un soir de pleine lune pour observer et entendre les animaux en suivant le son de leurs cris et leurs appels. Surveiller les choses qui brillent ou qui bougent. Regarder les étoiles.
  • Laisser les enfants patouiller (et pourquoi pas patouiller avec eux !) avec de la boue, des feuilles, des algues…
  • Acheter (ou emprunter) des guides pratiques d’histoire naturelle (guides sur les chemins de randonnée, les rivières, les lacs ou encore les parcs).
  • Aller dans la nature en famille : faire des sorties dans des forêts ou des randonnées en montagne; marcher en bord de rivière ou de mer; prendre des vacances en famille dans un parc naturel régional; faire du camping; aller cueillir des mûres sauvages ou ramasser des châtaignes…
  • Se mettre à la photo pour photographier la faune et la flore (un petit appareil numérique peut suffire)

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Source : Une enfance en liberté – Protégeons nos enfants du syndrome de manque de nature de Richard Louv (éditions Leduc S). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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