Couple et émotions : les crises émotionnelles impactent la qualité de la vie de couple

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Pour protéger notre couple, nous devons être vigilants parce que les crises émotionnelles usent l’amour.

On se dispute, on s’envoie des piques, puis on se rabiboche… L’amour revient puis il est à nouveau ébranlé par une autre dispute… À force, l’usure s’installe. Un jour, c’est trop tard !- Anne et Jean-François Descombes

Or nous pouvons garder en tête que ce n’est pas « mal » d’être sous l’emprise d’émotions dites “négatives” (colère, peur, tristesse, honte…). Toutes les émotions sont légitimes et ont des motivations internes positives (satisfaire une besoin). Parfois, les émotions sont disproportionnées, la réactivité émotionnelle peut orienter l’énergie vitale vers la destruction plutôt que la construction. Nous avons en effet tous un passé, des situations vécues où nous n’avons pas su ou pas pu exprimer ce que nous ressentions. Ce qui peut porter préjudice à la personne et, par ricochet, à son couple, c’est de ne pas prendre conscience de la réactivité émotionnelle qui nous traverse (et nous emporte) et de déverser notre irritation, notre colère sur les autres, plutôt que sur le ou la partenaire dans le couple.

Si nous voulons protéger notre amour, nous devons prendre la responsabilité de nos émotions toxiques. – Anne et Jean-François Descombes

Il paraît évident que quand nous sommes reposés, en vacances, détendus, une même situation qui, dans le stress de la vie quotidienne nous ferait réagir, peut être vécue avec calme et distance. Il existe un seuil de réactivité émotionnelle qui varie d’une personne à l’autre, d’une période de la vie à une autre.

Quand on prend conscience des dégâts qu’on risque de causer lorsqu’on est aveuglé par une émotion difficile, on comprend l’intérêt de faire baisser ce seuil, d’apaiser notre réactivité émotionnelle.

La première chose est d’arrêter d’accumuler des émotions non exprimées.

Peu de nous ont l’habitude d’exprimer émotions et aspirations au moment où elles surgissent (souvent par pudeur, par crainte, par manque de vocabulaire des émotions, par refus de la vulnérabilité, par absence de contact avec la vie interne…).

Nous pouvons à la fois apprendre et oser à exprimer les émotions au moment où elles surgissent. Simplement, oser dire : “je t’aime” ou “je me sens triste” ou… “ce qui est là”.

Quand nous mettons un couvercle sur nos émotions ici et maintenant, on contribue à créer de l’éloignement, de la déconnexion et de la séparation.

Cette répression émotionnelle peut faire naître des stratégies de communication qui grignotent la relation à long terme :

  • les reproches, la critique
  • la fuite, le retrait, le silence
  • les discussions et argumentations/ contre argumentations à n’en plus finir dans un jeu de pouvoir pour savoir qui a raison et qui a tort
  • le mépris, le sarcasme, l’ironie

Notre réaction est disproportionnée par rapport aux mots ou aux gestes qui l’ont déclenchée. Quand on est sous l’emprise d’une émotion destructrice, on cherche à prendre sa revanche, et on dit des choses horribles qu’à peine prononcées, on regrette déjà. Nos paroles sont toxiques. Comme des flèches empoisonnées, nous lâchons des mots qui blessent terriblement. – Anne et Jean-François Descombes

Anne et Jean-François Descombes remarquent qu’il existe certaines personnes ne connaissant pas vraiment de crises émotionnelles, mais qui sont toujours un peu critiques, facilement dans le reproche, comme dans une forme de dépression chronique. Ces personnes sont sous l’emprise d’émotions toxiques, mais de façon diffuse, ce qui est plus difficile à repérer.

Une autre source de réactivité émotionnelle est le manque de mouvement dans la vie quotidienne.

Le corps a besoin de mouvement pour son équilibre et le manque d’exercice a tendance à nous rendre plus irritables, plus réactifs ou irascibles.

Afin d’abaisser son seuil de réactivité, il est important de bouger assez et régulièrement. Cela demande une certaine discipline, mais chacun.e peut trouver la façon qui lui convient : courir, marcher, faire du vélo, nager, danser…

Une bonne façon d’évacuer les émotions vives et douloureuses est donc de bouger énergiquement pour vous libérer des toxines qui circulent dans votre corps. Si les conditions le permettent, il peut être plus qu’utile de crier, de sauter en l’air… ou de passer l’aspirateur !

L’important, c’est que ces mouvements soient à la fois énergiques et conscients : on les effectue pour éliminer cette toxicité émotionnelle qui contamine tout.

La sexualité influence aussi, plus qu’on ne le croit, les émotions qui traversent un couple.

Anne et Jean-François Descombes parlent de sexualité “conventionnelle”. Cette sexualité est orientée vers l’orgasme, qui se fonde sur l’excitation et le « faire ». Ils opposent sexualité “conventionnelle” et sexualité en pleine conscience (ou Slow Sex). Anne et Jean-François Descombes ne remettent pas en question l’orgasme lui-même, mais l’habitude d’aborder systématiquement le rapport sexuel avec cet objectif en tête.

Une sexualité “conventionnelle” peut alimenter la réactivité émotionnelle car, basée sur la friction, elle génère tensions et surcharges dans le corps.

Pour retrouver son équilibre, la corps va chercher à éliminer ces tensions physiques par différents moyens, dont la décharge émotionnelle.

Anne et Jean-François Descombes rappellent qu’on entend souvent dire des femmes qu’elles sont soupe au lait, jamais contentes ou hystériques… En un mot, sujettes à des débordements émotionnels. Selon les auteurs, plutôt que de penser que cette émotivité excessive fait partie de la nature féminine, mieux vaut chercher à en comprendre les causes.

Du fait des incompréhensions concernant le fonctionnement de leur énergie sexuelle, les femmes sont rarement rejointes au plus intime de leur corps et de leur être. Cela génère une insatisfaction profonde qui trouve un exutoire dans les crises émotionnelles. – Anne et Jean-François Descombes

4 clés pour traverser les crises émotionnelles au quotidien et gagner en harmonie dans le couple

En apprenant à traverser nos crises émotionnelles au quotidien, nous développons les moyens de cultiver l’harmonie et l’amour dans notre couple (et nous devenons plus disponibles et plus compétents pour une éducation bientraitante et respectueuse).

1.Faire l’amour en conscience contribue beaucoup à cette meilleure entente.

Si l’on utilise le sexe comme exutoire de nos stress, on peut éprouver un certain soulagement, mais il est superficiel et de courte durée. En revanche, la sexualité en conscience apporte un apaisement réel :

  • D’une part, parce qu’elle est basée sur la détente.
  • D’autre part, parce qu’en étant en contact avec notre monde intérieur, nous pouvons le partager avec l’autre, et la complicité grandit.

Anne et Jean-François Descombes définissent la sexualité en pleine conscience (ou Slow Sex) comme une invitation à développer plus de conscience et de présence à soi-même dans la sexualité, à faire l’amour en étant attentif à ce qui se passe en nous-même, à écouter ce que nous sentons dans notre corps, ce que nous ressentons dans notre cœur.

Nous utilisons l’expression « pleine conscience » pour traduire ce mélange de conscience, d’attention, de vigilance et de présence à soi-même. – Anne et Jean-François Descombes

Le Slow Sex, c’est être présent à soi-même quand on fait l’amour et le moyen le plus sûr pour se maintenir dans le moment présent est de placer l’attention sur ce qui se vit dans le corps, de lâcher le mental qui imagine, attend, se souvient. .

2.Comprendre d’où viennent nos réactions émotionnelles disproportionnées

Une situation, un mot ou un geste nous font réagir, car ils viennent réactiver une situation passée souvent inconsciente. Notre réaction émotionnelle est alimentée par notre passé, et en particulier par des sentiments ou des ressentis qu’à l’époque nous n’avons pas pu exprimer, notamment dans notre enfance, si nos parents ne supportaient pas de nous voir tristes, en colère, joyeux ou exubérants. Nous sommes un peu comme des bombes à retardement, et il suffit d’un mot de notre partenaire pour que nous explosions.

L’émotion négative qui surgit n’est pas en lien direct avec le présent, les mots de notre partenaire agissent comme un déclencheur qui vient réactiver notre passé.

Il peut alors être utile de faire un travail sur notre terrain émotionnel afin de reprendre contact avec des émotions authentiques, ajustées à la situation ici et maintenant.

Lire : Notre terrain émotionnel : l’identifier pour sortir du camouflage des émotions authentiques (couple, famille, travail…)

3.Identifier les émotions qui nous traversent pour pouvoir les apprivoiser

Passer par le corps : reconnaître les sensations

Une émotion est toujours activée dans le corps. C’est dans le corps que nous avons accès aux émotions.

Quand un sentiment réprimé veut émerger, il peut apparaître sous la forme d’une sensation physique, d’une contraction, d’une gêne. Cela peut aider de chercher à localiser cette sensation inconfortable : à quel endroit est-ce que cela se passe dans le corps ? comment ça fait à l’intérieur ? qu’est-ce que me dit cette sensation ?

En gardant une attention bienveillante à cet endroit du corps, on lui ouvre la porte, on lui donne la permission de se manifester. Et s’il est accueilli et vécu pleinement, il ne dure pas, il passe, au contraire de l’émotion négative dans laquelle nous pouvons rester coincés des jours. – Anne et Jean-François Desbordes

Apprendre le vocabulaire des émotions

Si nous voulons une vie de couple plus harmonieuse, il est très intéressant d’apprendre à reconnaître les sensations qui accompagnent et annoncent les émotions mais également à mettre des mots précis sur ce qui est vécu à l’intérieur. La rage n’est en effet pas la même chose qu’une simple irritation, même sur les deux mots relèvent de la colère plus ou moins intense. Savoir différencier puis exprimer l’émotion ressentie de manière fine permet une meilleure compréhension (de soi et de l’autre) et une meilleure adaptation (face à une personne en rage, j’ai peut-être plutôt intérêt à demander une pause et m’éloigner pour laisser l’émotion retomber; face à une personne irritée, je peux faire preuve d’empathie et lui demander de qui elle a besoin).

roue vocabulaire des émotions

4.Sortir de l’emprise d’une vive émotion douloureuse

Une fois qu’on a identifié son état émotionnel, il est important d’exprimer à notre partenaire qu’on l’a reconnu. Comme c’est beaucoup plus facile de le voir chez l’autre que chez soi, votre partenaire avait sans doute repéré dès le début que vous étiez sous l’emprise d’une émotion négative. Maintenant, il sait que vous le savez aussi, et c’est un soulagement ! – Anne et Jean-François Desbordes

Une manière utile de sortir de la réactivité émotionnelle est de se séparer physiquement, à cause de cette tendance à attaquer, contre attaquer, critiquer, mépriser ou encore éviter (les Les 4 cavaliers de l’apocalypse des relations de couple).

Il ne s’agit pas ici de partir pour fuir ou punir l’autre, mais parce que vous avez besoin de prendre soin de vous-même et de temps pour accueillir, reconnaître et apprivoiser l’émotion. L’essentiel est de sortir de l’enivrement émotionnel.

C’est l’accès à ce qu’on ressent en profondeur qui marque la fin de la crise. Quand on ne cherche plus à argumenter, mais qu’on arrive à partager avec l’autre ce qu’on est en train de vivre (les sensations, les émotions ressenties, les aspirations, les besoins sans attaque ni critique sur l’autre), alors seulement on se montre tel qu’on est et la connexion avec l’autre dans une relation empathique de compréhension mutuelle peut se reconstruire.

Au moment où nous accédons à notre ressenti véritable, nous sortons des griffes de l’émotion dévastatrice. Autant nos paroles peuvent être toxiques et blessantes quand nous sommes sous l’emprise de l’émotion, autant partager notre ressenti peut être libérateur pour nous et pour notre partenaire. – Anne et Jean-François Descombes

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Source : Le Slow Sex : Faire l’amour en pleine conscience de Anne et Jean-François Descombes (éditions Marabout Poche); Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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