Un enfant ne réclame pas les bras, il a besoin des bras.

Un enfant ne réclame pas les bras, il a besoin des bras.

Dans son livre Guide pratique pour les pros de la petite enfance, Héloïse Junier aborde le thème des enfants qui réclament les bras des adultes, et en particulier de leurs parents.

Les bébés humains naissent immatures et, pour permettre aux petits humains de survivre malgré leur immaturité, la biologie humaine est programmée pour que les bébés soient toujours en contact physique avec des adultes en mesure d’assurer leur survie.

Les bébés humains arrivent au monde avec un réflexe d’agrippement qui lui fait serrer très fort ce qui est mis dans sa main. Les scientifiques pensent que ce réflexe permettait à l’origine aux bébés de s’agripper à leur maman pour fuir le danger. Nous sommes toujours gouvernés par une neurobiologie héritée de nos lointains ancêtres et les bébés, bien que n’ayant plus besoin de s’agripper à leur mère pour échapper aux prédateurs, ont toujours besoin de proximité physique. Les pleurs et les cris des bébés sont aussi des équipements pour assurer la proximité d’adultes en cas de besoin. Notre espèce est ainsi faite que nous sommes programmés pour la proximité physique et que les bébés humains feront tout pour l’obtenir.

En réalité, les bébés ne réclament pas les bras par caprice, par fainéantise, ni même par simple envie : il s’agit d’un besoin vital qui ne passe pas par la volonté consciente.

La proximité physique avec l’adulte fait partie des besoins fondamentaux du petit humain. Sa survie en dépend. – Héloïse Junier

Un enfant porté ne va pas s’habituer aux bras

De nombreux parents et professionnels craignent que porter trop souvent un enfant risque de l’habituer et qu’il va réclamer continuellement les bras.

D’une part, on a vu qu’un enfant a besoin des bras d’un adulte protecteur et que ce besoin est impérieux donc qu’il n’y a aucune raison de les refuser. D’autre part, la théorie de l’attachement a montré que plus les adultes répondent aux besoins des bébés, plus ces derniers développent une autonomie réelle. Nicole Guédeney, spécialiste française de l’attachement, parle de parents “porte-avions“. Les petits humains ont besoin de sentir les adultes qui s’occupent d’eux disponibles pour explorer avec confiance son environnement. Attachement et exploration vont de pair.

Vous en conviendrez, le porte-avions doit toujours être disponible pour que l’avion puisse atterrir en cas de besoin ! Si le porte-avions n’est plus disponible, l’avion hésitera à s’éloigner… Ainsi, un enfant peut prendre le risque d’explorer une pièce et de jouer avec d’autres enfants s’il sent l’adulte disponible pour lui porter secours en cas de besoin. – Héloïse Junier

Par ailleurs, un environnement stressant (nouvel endroit, foule, inconnus, séparation d’avec les parents…) redouble le besoin de l’enfant d’être dans les bras d’un adulte. Les bras rassurants de l’adulte permettent la sécrétion des hormones qui calment l’enfant et éteignent son système d’alarme émotionnel.

De même, quand le porte-avions de l’enfant est affairé ou qu’il s’occupe d’un autre enfant, l’enfant revient à sa base de sécurité et c’est précisément au moment où l’adulte n’est pas libre que l’enfant va demander le plus d’attention et de proximité. Il ne s’agit pas de jalousie ou de comédie : il s’agit simplement de la manifestation de l’instinct de survie. Dès lors, l’enfant n’est plus en état d’entendre quelque raisonnement ou explication que ce soit car son système d’alarme est allumé et il est inondé d’hormones de stress qui bloque toute capacité de réflexion (déjà fragile chez les jeunes enfants). La meilleure manière de réagir est de prendre l’enfant dans les bras quand il en manifeste le besoin et de porter également l’enfant de manière psychique en accueillant ses émotions avec affection et chaleur. Dans les cas où le portage n’est pas possible pour une raison ou une autre, le contact physique reste important par le toucher (main dans la main, mains sur la tête ou l’épaule). Le simple fait de dire “Je te vois/ j’ai compris” peut apaiser l’enfant. Il est également important de conserver un lien avec l’enfant même en quittant une pièce (maintenir un lien visuel ou auditif pour lui montrer qu’il n’est pas oublié).

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Source : Guide pratique pour les pros de la petite enfance – 38 fiches pour affronter toutes les situations de Héloïse Junier (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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