Une bonne estime de soi n’implique pas la réussite scolaire.

Une bonne estime de soi n’implique pas la réussite scolaire

Qu’est-ce que l’estime de soi ?

L’estime de soi implique des croyances au sujet de notre propre valeur. Il est à noter que une amélioration de l’estime de soi est la conséquence d’adaptations réussies aux changements (et pas la cause). Dans leur livre L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage, John Hattie et Gregory Yates rappellent qu’une bonne estime de soi n’implique pas la réussite scolaire. La réussite scolaire entraîne une amélioration de l’estime de soi mais l’inverse n’est pas vrai : une haute estime de soi ne prédit pas la réussite scolaire.

Non seulement une bonne estime de soi a des effets mineurs sur les performances scolaires mais avoir une estime de soi élevé n’est pas corrélée à une responsabilité sociale accrue (agir avec compassion et solidarité).

Une souffrance peut toutefois apparaître quand les domaines dans lesquels une personne se sent incompétente sont socialement valorisés (à l’école, dans la famille, parmi les amis ou dans la culture environnante). C’est ainsi que des élèves qui sont compétents dans des domaines extra scolaires peuvent avoir une estime d’eux-mêmes faible (niveau de confiance générale) car il y a inadéquation entre ce qui est culturellement valorisé et la perception des compétences. Il est possible d’enclencher un cercle vertueux : un enfant qui se convainc qu’il est capable de relever un défi (du moins en partie) a plus de chances de déployer des efforts et d’accueillir les erreurs comme des occasions de se corriger, d’apprendre et de progresser.

Ne pas relier systématiquement compétences et bonnes notes

Il paraît opportun de ne pas relier systématiquement compétences et bonnes notes à l’école. L’enfant comme l’adolescent a tendance à juger ses réussites et ses échecs selon des critères uniquement scolaires. Ainsi, il se qualifiera de « nul » ou de « raté » parce qu’il a de mauvaises notes en maths, alors qu’il est capable de prouesses en dehors de l’école (en art, en sport, en habileté manuelle, en amitié, en cuisine ou avec tout autre talent). Les parents peuvent remarquer et souligner ces performances personnelles, pour que les enfants se vivent en dehors de leurs résultats scolaires. Les enfants ne sont pas leurs notes et rater (un contrôle, une année scolaire, un examen) est une action, pas une identité.

Rater, ce n’est pas être un raté. – Charles Pépin

Des difficultés à l’école ne signifient pas forcément un manque de compétences et encore moins de valeur humaine. Si les adultes ne jugent des compétences des enfants qu’à travers leurs résultats scolaires (qu’ils soient d’ailleurs bons ou mauvais), ils rétrécissent l’ensemble des compétences possibles que les jeunes peuvent développer et des domaines qu’ils peuvent explorer.

5 pistes pour une estime de soi saine 

1.Permettre à l’enfant d’agir et encourager son autonomie

Les enfants ont besoin d’être exposés à certains risques proportionnés pour qu’ils puissent repérer, évaluer les dangers et décider en conséquence de l’action qu’ils vont entreprendre. Un jeune qui agit éprouve son pouvoir personnel.

C’est pour cela qu’il est important de donner à un enfant et un adolescent des occasions régulières d’agir et de prendre des décisions. Cela pourra être, par exemple : changer les couches du cadet de la famille, faire un gâteau, aller au bout d’une randonnée, ou encore jouer – et gagner – à des jeux complexes.

La multiplication des expériences et le passage à l’action fournit un socle sur lequel s’appuyer pour valoriser des compétences, surtout si l’enfant a des « mauvaises notes. Un parent peut rappeler régulièrement à l’enfant ses compétences, dans des domaines variés : faire tel plat apprécié par tous les membres de la famille et même réclamé, réparer l’ordinateur ou aider les plus âgés dans l’installation de logiciels, consoler des amis ou des frères et soeurs, fabriquer des constructions complexes en Lego, écrire des poèmes bien rimés, faire des photos bien cadrées…

Par ailleurs, souligner le lien entre un défi présent et des problèmes résolus dans le passé donne de la force. Par exemple : “Je sais que tu en es capable car tu as réussi des problèmes presque similaires la semaine dernière. Ceux-là sont juste un peu plus difficiles. Regarde, c’est vraiment le même principe. Sur quoi peux-tu t’appuyer pour démarrer ?”

2.Encourager et valoriser

Même les petits succès, que ce soit une note qui progresse de 5/20 à 8/20, ou des choses qu’on estime “normales” (comme le fait de rendre une rédaction en temps et en heure alors que ça n’a jamais été le cas jusque-là), peuvent être valorisées. Encourager est incompatible avec les comparaisons.

  • Valoriser les objectifs en termes de progression personnelle qui se construit au fil du temps : “Je suis fier de toi et j’imagine que tu dois l’être aussi. Presque doubler sa note quand on manque de bases, c’est une belle progression et cela a dû te demander des efforts. C’est une belle récompense de ces efforts. En t’accrochant et travaillant, tu vas voir tes notes encore progresser.”
  • Transmettre à l’enfant le sentiment qu’on est heureux pour lui : “Tu as de quoi être fier de toi.”, “Ça a l’air de te mettre en joie”, “Tu as l’air hyper contente.”
  • Poser des questions pour en savoir plus : “Comment tu t’y es pris ? Qu’est-ce qui a été difficile ? Comment tu as surmonté les difficultés ? Comment tu te sens ?”
  • Montrer de l’enthousiasme : “Alors, ça, c’est une bonne nouvelle !”
  • Souligner les talents et les compétences de l’enfant :“Tu as fait preuve de créativité et de courage.”, “Tu as fait ça puis ça. C’est ce qu’on appelle de la persévérance.”
  • Souligner le fait que l’enfant a bien mérité ce succès : “Ça ne me surprend pas, après le travail que tu as fait pour bien préparer ce contrôle. Tu l’as bien mérité.”, “Je t’ai vu travailler dur pour cette interro. C’est la récompense de tous tes efforts. Ça doit te faire plaisir.”, “Quand l’ailier t’a fait la passe, tu as bondi pour prendre le ballon et tu as fait une passe décisive. Toute l’équipe a explosé de joie !
  • Partager cette bonne nouvelle avec d’autres adultes et laisser l’enfant entendre la discussion.

Si vous voulez rendre vos enfants meilleurs, donnez-leur l’occasion d’entendre tout le bien que vous en dites à autrui.  – Haim Ginott

 

3.Accepter que l’enfant soit fier de lui

Certains parents (et enseignants) relèvent plus souvent les fautes que les réussites, imposent l’idée que la réussite est « normale » (donc on n’en parle pas) et l’erreur « anormale » – en y ajoutant parfois l’idée moralisatrice qu’il n’est pas bon de se vanter, qu’il faut développer la modestie chez les enfants. Ce refus de reconnaître les succès n’aide ni à faire grandir, ni à enraciner la confiance en soi et l’estime de soi de l’enfant. – Bruno Hourst

La fierté, c’est la récompense émotionnelle d’avoir satisfait un objectif que l’on s’est donné et qui tient à coeur. La fierté est le sentiment normal qu’on éprouve quand on atteint un objectif qui compte et qui comble une aspiration personnelle. Exprimer de la joie et de la fierté permet d’expérimenter le sentiment de se sentir fort.

 

4.Accueillir les erreurs et en faire un terreau fertile

Le sentiment de compétence chez l’enfant ne peut pas se développer sans tâtonnements et essais/ erreurs. Pour arriver à connaître le succès et renforcer son estime de soi, un enfant doit avoir le droit de commettre des erreurs sans avoir peur ou honte. Les erreurs sont des occasions d’essayer de nouvelles stratégies qui permettront de réussir une prochaine fois.

Pour favoriser un état d’esprit qui considère les erreurs comme des occasions d’apprendre, il est possible de : 

  • Faire des remarques pour rediriger le comportement en rapport avec l’acte ou le comportement, et non destructeur de la personnalité : « Je t’interdis de frapper ta sœur », plutôt que « Tu es méchant » ; « Il semblerait que tu n’as pas assez travaillé ton contrôle de français ou peut-être que ta manière de réviser n’était pas efficace. » plutôt que : « Tu es nul » ou « Tu es fainéant ».
  • Faire des rappels sans leçon de morale, c’est-à-dire en rapport avec une norme ou une règle fixée : « Tu t’étais engagé à ranger ta chambre » ; « Je te rappelle que c’est à ton tour de vider la machine à laver la vaisselle. »
  • Faire part de nos propres erreurs ou lacunes : « Là, ça me dépasse. Allons demander au voisin, peut-être pourra-t-il te donner de bons conseils. »
  • L’aider à trouver une solution par lui-même : « Peut-être y a-t-il des forums sur Internet qui parlent de cette difficulté ? » ; « Allons à la bibliothèque voir s’il y a un livre là-dessus ».

Pour aller plus loin : Neurosciences : l’erreur, un signal d’apprentissage (pour une vision positive de l’erreur)

5.En cas de non respect de la règle ou de l’engagement, aider à comprendre les obstacles et trouver des solutions

Les cas de non respect des règles ou de comportements inappropriés peuvent être des opportunités de favoriser l’estime de soi des jeunes (enfants et adolescents). On peut les aider à comprendre leurs difficultés : « Explique-moi ce qui ne va pas. »

  • Rappeler la règle/ les attentes pour que chacun se sente respecté et en sécurité : “La règle, c’est : on saute dehors.”
  • Poser des questions sur la manière de satisfaire les besoins : “Comment faire pour que vous puissiez continuer à vous amuser et que moi, en même temps, je puisse me reposer/ je suis rassurée sur le fait que…”
  • Co établir des règles ensemble pour que le plaisir soit possible tout en permettant aux adultes de partager l’espace dans le calme (par exemple, télécharger une application mesurant le niveau sonore et établir un niveau sonore en décibels à ne pas dépasser).
  • Enclencher une recherche de solution : “Tu t’étais engagé à… Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui t’en a empêché ?”, “Comment aurais-tu pu faire autrement ? “
  • Proposer de l’aide : “As-tu besoin de mon aide ?” (L’enfant fixe lui-même le niveau d’aide qu’il attend du parent.)
  • À quel moment les difficultés sont-elles apparues ? (Pour bien cerner ce qui pose un problème et ce qui n’en pose pas.)

Quand un jeune trouve par lui-même des solutions face aux problèmes qu’il rencontre, il développe sa créativité et son sens de la responsabilité. L’objectif est que l’enfant puis l’adolescent expérimente des stratégies de succès, qu’ils pourront continuer à développer et à appliquer toute leur vie.

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Sources :

-> J’aide mon enfant à développer son estime de soi de Bruno Hourst (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.

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-> L’apprentissage visible : ce que la science sait sur l’apprentissage de John Hattie et Gregory Yates (éditions L’Instant Présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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