L’usage protecteur de la force n’est pas une violence : c’est protéger la vie.

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L’usage protecteur de la force n’est pas punitif.

La finalité de la bientraitance éducative, c’est protéger la vie. Il existe de nombreuses situations dans lesquelles l’intégrité physique et morale d’un enfant est menacée : traverser la rue sans regarder, manger ou boire une substance toxique, mettre les doigts dans une prise électrique, embêter un animal qui risque de mordre… Dans ces cas, la priorité n’est pas de “faire” de la parentalité bienveillante ou de réfléchir à la manière de faire preuve d’empathie. Quand un enfant est sur le point de se mettre en danger, la priorité est de se précipiter pour l’éloigner de ce danger.

En Communication NonViolente, il s’agit d’un “usage protecteur de la force“. Cette force vise à protéger la vie, et se fait sans menace, ni punition. Faire preuve de bientraitance dans ce type de situation consiste à utiliser la force protectrice, qui va parfois prendre la forme d’un geste brusque sous le coup de la peur et de l’urgence. La différence entre l’usage protecteur et l’usage punitif de la force réside dans l’intention : est-ce que nous utilisons la force pour protéger ou pour punir ? L’intention dans ce cas-là part des besoins : nous voyons les besoins qui sont menacés (la sécurité de l’enfant ou celle des autres par exemple) mais nous ne faisons pas honte ou mal à l’enfant pour qu’il se vive comme méchant ou bête.

De même, dans les situations d’urgence où un jeune enfant s’apprête à mordre ou frapper, nous pouvons contenir physiquement l’enfant, stopper son geste et l’éloigner, sans pour autant lui faire mal. Cette contention peut être ferme sur le coup pour empêcher les coups. Le fait de serrer fort un enfant risque d’accroître l’intensité de sa colère car il se sent impuissant et l’émotion ne peut pas se décharger jusqu’au bout. Il est toutefois possible de prendre un enfant dans les bras pour le changer d’environnement afin de le laisser courir, pleurer ou crier. Forcer un enfant en crise à rester immobile, et à rester dans les bras ne doit pas être le premier réflexe mais le dernier recours, en cas d’agressivité extrême ou d’impossibilité à changer d’environnement (impossibilité de s’isoler, d’aller dehors ou de trouver un espace où laisser libre cours au mouvement) .

Le temps de l’écoute des émotions vient après.

Dans un second temps, il est possible de passer à la communication : exprimer notre peur de parent et accueillir la propre peur de l’enfant et éventuellement sa frustration. Après un « non » ou un usage protecteur de la force, la déception, la tristesse ou la colère ont besoin d’être écoutées. Il est important de laisser l’enfant s’exprimer après un usage de la force protectrice. La tristesse ou la colère sont des réactions normales dans ce type de situation : l’enfant en colère est en train de se réparer de l’impuissance qu’il a éprouvée.

Ainsi, si nous sommes confrontés à des violences extrêmes (harcèlement moral, violence conjugale, adultère, ou viol), la communication bienveillante n’est pas la priorité. Il s’agit toujours de mettre en sécurité les personnes en danger (nous-même compris si nous sommes menacés).

Le processus de la communication bienveillante et le travail sur les compétences émotionnelles peuvent être utiles une fois la vie protégée et le danger écarté. Nous pourrons explorer ce que nous avons vécu pour le digérer et ce que nous voulons vivre désormais.

Dans son livre Pratiquer la Communication Non Violente, Françoise Keller, formatrice, relate l’histoire d’une femme médecin confrontée à un patient violent : « Lorsque j’ai reçu tel patient, j’ai eu peur et je me suis sauvée par la fenêtre (j’étais au rez-de-chaussée) pour appeler la police. Je suis très contente d’avoir eu le courage de prendre soin de moi alors qu’il y a quelques années, je me serais laissé frapper. »

Dans les situations où la vie des personnes est menacée (sa propre vie, celle d’un enfant ou celle d’un autre adulte), poser des actes qui protègent la vie est une mesure prioritaire dans l’immédiateté. Accueillir les émotions se fera seulement après, une fois le danger écarté.

Pour aller plus loin : La colère et la tristesse sont des émotions normales pour se remettre d’une frustration.

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Source : Pratiquer la Communication Non Violente de Françoise Keller (InterEditions). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.

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