Description de la violence psychologique faite aux enfants
Dans son livre La perversion relationnelle, Yvane Wiart, thérapeute spécialiste de la théorie de l’attachement, définit la violence psychologique sur les enfants comme des comportements répétés par un parent (ou autre adulte en charge de l’enfant), ou d’un incident extrême, qui font comprendre à l’enfant qu’il ne vaut rien, qu’il n’est pas normal, qu’il n’est pas aimé, que l’on ne veut pas de lui, qu’il est en danger ou que sa seule valeur réside dans la satisfaction par lui des désirs des autres.
Cette violence psychologique porte atteinte aux besoins fondamentaux d’estime de soi, d’amour, d’appartenance, de de sécurité et d’équilibre physiologique de l’enfant qui en est victime (et même témoin).
La violence psychologique peut être effectuée par commission (l’adulte fait quelque chose à l’enfant qui n’est pas bon pour lui) ou par omission (l’adulte ne fait pas à l’enfant quelque chose qui est bon pour lui). D’autres personnes peuvent faire preuve de violence psychologique sur un enfant (enseignants, professeurs de sport ou activités artistiques, adultes de la famille, frères et soeurs, camarades de classe, harcèlement virtuel…).
Yvane Wiart définit cinq grandes catégories de violence psychologique dont les enfants peuvent être victimes :
- le rejet,
- la terreur,
- l’isolement,
- la corruption/ exploitation,
- le refus de réponse affective.
Elle y ajoute également les négligences (au plan de la santé, des besoins physiologiques ou de l’instruction).
Le rejet
Le rejet s’exprime par des manifestations verbales ou non verbales qui visent à rabaisser volontairement l’enfant, à dévaloriser à la fois sa personnalité et ses actes.
Le rejet se manifeste, entre autre, par le fait de :
- faire honte à l’enfant,
- tourner en ridicule ses émotions normales (colère, pleurs, tristesse, peurs, demandes d’affection ou de protection…),
- faire d’un enfant un bouc émissaire,
- critiquer,
- punir et isoler,
- humilier publiquement.
La terreur
Terroriser un enfant consiste à le menacer, à lui faire du chantage ou à avoir des comportements pouvant induire de le blesser, l’abandonner ou le placer dans des situations dangereuses (pouvant aller jusqu’au danger de mort).
Ces menaces peuvent planer soit sur l’enfant directement, soit sur des personnes, des animaux ou des objets qui lui sont chers.
La terreur appliquée à un enfant peut passer par le fait de :
- fixer des objectifs difficiles, voire irréalistes, en le menaçant de le priver de ce qu’il aime ou de ce dont il a besoin s’il ne les atteint pas,
- placer l’enfant dans des contextes imprévisibles, chaotiques ou ouvertement dangereux,
- tirer parti des peurs et de la vulnérabilité de l’enfant en le menaçant d’isolement (et cela commence par le coin), de le rejeter, de lui retirer tout soutien affectif, de l’abandonner (ex: “Je pars sans toi”),
- menacer pour que l’enfant garde un secret.
L’isolement
Isoler un enfant revient à l’empêcher de satisfaire ses besoins d’interaction et de communication avec les autres à l’intérieur ou à l’extérieur du foyer.
L’isolement peut passer par :
- des limites abusives au sujet de la liberté de mouvement, des interactions (contrôle des fréquentations jugées néfastes),
- des interdictions de sortir pour jouer avec les amis par exemple,
- une isolation à la maison ,
- une interdiction d’inviter des amis ou de se rendre à des invitations.
La corruption/ exploitation
Corrompre un enfant consiste à l’encourager à développer des conduites inappropriées, auto destructrices, anti sociales, criminelles ou encore déviantes.
Yvane Wiart estime que la corruption englobe à la fois des pratiques condamnées par la loi (comme la prostitution, la vente de drogues, l’incitation à la violence ou encore la pornographie) mais également des pratiques courantes ne tombant pas sous le coupe de la loi :
- l’inversion des rôles où c’est à l’enfant de prendre soin du parent,
- l’infantilisation de l’enfant empêché de grandir et de faire preuve d’autonomie,
- l’imposition de restrictions d’apprentissage (pour motif religieux par exemple),
- l’hyperstimulation et la recherche de performance, de succès à tout prix (y compris celui de la souffrance).
Le refus de réponse affective
Refuser des réponses d’ordre affectif, c’est mépriser les tentatives d’interaction du bébé ou de l’enfant par le manque (volontaire ou non) d’expression d’affection, de preuves d’amour, d’encouragement, d’empathie, de présence attentionnée. L’amour conditionnel peut entrer dans cette catégorie (quand l’enfant est aimé pour ses bonnes notes, pour ses bons comportements et ne se sent pas aimé tel qu’il est).
Le refus de réponse affective se caractérise par :
- l’absence de manifestations émotionnelles (minimiser ou nier les émotions de l’enfant – “C’est pas grave”, refuser de le réconforter quand il est triste -“Arrête de pleurer”, se moquer des émotions – “Tu es moche quand tu pleures”…),
- un certain détachement,
- un manque d’implication,
- des négligences médicales et/ou éducatives (absence ou refus de soins physiques ou psychologiques, inadaptation des soins, refus de participation à certaines activités, refus de l’instruction…)
- des discours justifiant la non réponse affective (“Il faut laisser pleurer les bébés parce qu’ils risquent de devenir dépendants”/ “Trop porter les enfants en fait des enfants rois”/ “On leur donne la main, ils prennent le bras”/ “Les enfants, ça fait des comédies”/ “Il fait ça juste pour attirer l’attention”).
Yvane Wiart rappelle que ce type de violence est très répandu. La violence psychologique est même à la base de toute violence faite aux enfants (allant jusqu’aux agressions physiques, agressions sexuelles). Il existe comme un continuum de violences : cela commence par des violences estimées inoffensives qui escaladent de plus en plus quand l’agresseur n’a pas un sens de l’interdit bien ancré (idem d’ailleurs pour les violences physiques :les cas de maltraitances commencent par des petites fessées qui, estimées inefficaces, dégénèrent en châtiments corporels). Comme la violence psychologique est pratiqué par presque tous les adultes (et copiée par les enfants/ adolescents) à un degré ou un autre et qu’elle laisse peu de traces visibles, il est difficile de lutter contre ce type de violence.
Les impacts négatifs de la violence psychologique sur la santé des enfants
La violence psychologique a de nombreux impacts négatifs sur les enfants (qui les suivent à l’âge adulte). Yvane Wiart explique que les effets de la violence psychologique se répartit en diverses manifestations réparties en 5 catégories :
- les difficultés intra psychiques
- angoisse
- anxiété
- dépression
- défaut d’estime de soi
- vision négative du monde
- idées suicidaires
- les symptômes émotionnels
- instabilité
- irritabilité
- impulsivité
- absence de réaction/ apathie/ dissociation
- dépendances (alcool, drogue, trouble de l’alimentation)
- les problèmes de compétences sociales
- difficulté d’attachement
- soucis relationnels récurrents (couple, travail, amitié…)
- isolement social
- manque d’empathie
- rébellion systématique
- violence et agressivité
- délinquance et criminalité
- les problèmes d’apprentissage
- absence de respect des règles qui permettent la vie en groupe
- difficultés de concentration
- performances intellectuelles moindres
- les problèmes de santé physique
- difficultés respiratoires
- allergies
- asthme
- hypertension
- mobilisation chronique des mécanismes de réaction au stress (pouvant aboutir à des cancers)
- retard de croissance
L’éducation bientraitante, à travers un travail sur la mémoire traumatique et l’apprentissage de l’écoute empathique, donnes des clés et des outils pour élever des enfants émotionnellement sains sans passer ni par des violences physiques ni par des violences psychologiques telle que décrites ci-dessus.
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Source : La perversion relationnelle : Comment vaincre la violence psychologique ? de Yvane Wiart (éditions Le Souffle d’Or). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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