10 clés pour accompagner la maturation émotionnelle des enfants 

10 clés pour accompagner la maturation émotionnelle des enfants

 1.Respecter les besoins physiologiques de l’enfant

Aider l’enfant à se connaître, à connaître son corps, les sensations, ses rythmes, ses besoins qui lui sont propres, permet à l’enfant de vivre en harmonie avec son corps, de savoir prendre soin de lui, et contribue à lui apporter ce qui lui est nécessaire. – Catherine Gueguen

Cela passe par exemple par le respect de son appétit, de ses besoins de sommeil, de ses rythmes d’apprentissages…

Le jeu libre et la liberté de mouvement font également partie des besoins physiologiques de base des enfants. Le jeu actif est essentiel au bon développement de l’enfant (motricité, relations sociales, repérage dans l’espace, créativité, estime de soi à travers les défis relevés…). Le jeu actif se décline en actions telles que grimper ou sauter.

Le jeu actif est favorisé par les jeux en plein air .

Le rôle de l’adulte est de trouver le juste milieu entre l’assurance du cadre (= la sécurité) et l’espace d’exploration (=la liberté).

Pour aller plus loin : 5 pistes pour aider les enfants à prendre conscience d’eux mêmes et des autres

 

2.Faire confiance à l’enfant

Les enfants sont les personnes les mieux placées pour savoir ce dont elles ont besoin.

Par exemple, l’appétit se régule par exemple en fonction des besoins, de l’activité physique et intellectuelle, de la température extérieure, de l’humeur… Il en va de même pour le sommeil.

Par ailleurs, c’est dans le jeu et la prise de risque que les enfants développent leurs compétences psycho-motrices.

Pour se développer sainement, pour grandir et acquérir de la maturité, l’enfant a besoin d’affronter un certain nombre d’échecs, de lutter par moments contre l’adversité et de vivre parfois des émotions douloureuses.

Pensez au prix que devra payer l’enfant qui aura connu le « luxe » d’avoir tout ce qu’il veut. – Tal Ben Shahar

Un petit exercice pour apprendre à faire confiance aux enfants :

  • Se pencher sur les relations avec un enfant et dresser la liste des occasions qui ont permis ou auraient pu permettre de lui faciliter la vie et de développer ses compétences propres,
  • Décrire les conséquences de notre intervention (ou non intervention) dans chacune de ces occasions,
  • Se demander par écrit si la décision a joué (ou aurait joué) en faveur ou non de cet enfant (en termes de confiance en soi, de compétences motrices, de compétences sociales…),
  • Imaginer des situations qui présentent un défi à relever à l’enfant, qui l’amènent à faire des efforts et élaborer des stratégies pour atteindre ses objectifs : quelle serait la position la plus utile, la plus aidante pour l’enfant ? Faire à sa place, donner des conseils non sollicités, être indifférent, regarder avec sourire sans intervenir, proposer de l’aide sans l’imposer… ?

Maria Montessori résume cette attitude en une expression qui s’adresse aux adultes en charge d’enfants : Aide moi à faire tout seul. C’est aussi le principe de la motricité libre (voir présentation ici).

message d'amour

3.Assurer une présence affectueuse

Une attitude aimante, bienveillante aide le cerveau à se développer favorablement.

Chaque fois que l’adulte comprend l’enfant, le rassure, le sécurise, le console, le câline en adoptant une attitude douce, chaleureuse, en prodiguant des gestes tendres, en parlant d’une voix calme, apaisante et avec un regard compréhensif, il aide le cerveau à maturer.

L’enfant parviendra alors plus rapidement à gérer les émotions envahissantes et les impulsions de son cerveau émotionnel et archaïque. – Catherine Gueguen

 

4.Se mettre à la place de l’enfant

Faire preuve d’empathie, c’est se demander : que ressent l’enfant ? de quoi a-t-il besoin ?

On pourra :

  • faire des hypothèses (“tu as besoin de… ?“, “tu commences à jouer avec ta nourriture, tu n’as plus faim ?“),
  • refléter les émotions (“tu as l’air sacrément en colère“, “c’est difficile pour toi quand…“),
  • valider les sentiments (“tu as le droit d’être triste”, “ça fait mal quand on tombe“),
  • encourager l’expression des émotions (“pleurer, ça fait du bien“),
  • décrire (“j’ai l’impression qu’il se passe beaucoup de choses dans ta tête“,  “oui le carrelage est froid, c’est désagréable“),
  • reconnaître les impulsions et la capacité des enfants à les surmonter (“tu as le droit d’être en colère et ta colère est si forte qu’elle te donne envie de frapper mais tu n’en as pas le droit. C’est dur, parfois mais tu peux toujours choisir de ne pas frapper.”)

 

5.Bannir les jugements et les étiquettes

Coller des étiquettes et émettre des jugements sont des moyens d’éviter de chercher à comprendre (“tu es capricieux”, “c’est un tyran”, “elle est insupportable”).

C’est définitif, cela dévalorise, humilie l’autre, empêche de penser, de réfléchir, et instaure des rapports de force, d’humiliations délétères et inutiles.

Cette façon d’être, cette position de force, bloque la relation, ferme la discussion, mène à des impasses et à des conflits inutiles. – Catherine Gueguen

Pour aller plus loin : Les mots blessants et destructeurs à éviter dans l’éducation des enfants

 

6.Remplacer les ordres par des règles et des solutions gagnant-gagnant

Les adultes n’aiment pas recevoir d’ordres, les enfants non plus.

Voulons-nous un enfant qui instaure des rapports de domination avec les autres, les commande, ou un enfant sociable qui sait tisser des liens, coopère, comprend les autres ? – Catherine Gueguen

Donner des repères peut se faire dans la douceur et la bienveillance.

Voici des pistes pour vous aider dans ce changement de paradigme autour de l’autorité :

30 propositions pour poser des limites aux enfants tout en les respectant

8 pistes pour allier fermeté et bienveillance

 

7.Etre authentique (exprimer nos propres émotions)

Les adultes sont avant tout des modèles pour les enfants : donnons-leur quelque chose de beau à imiter :-).

Plus l’enfant entendra l’adulte exprimer ses émotions et les apprivoiser (“c’est vrai, je suis en colère, j’ai besoin d’un moment seul.e pour me calmer/ je vais respirer 3 fois pour me calmer…“), plus il l’imitera.

Nous pouvons montrer l’exemple aux enfants en cultivant notre propre éducation émotionnelle :

  • se connecter à nos propres émotions (qu’est-ce que je ressens moi parent ? qu’est-ce que je crains ? quelles sont mes croyances ?);
  • accueillir sans jugements les émotions agréables et désagréables (“c’est vrai, je ressens de la colère mais je crois que c’est plutôt de la peur en fait : j’ai peur de…”, “je sens l’impatience monter en moi”);
  • exprimer les émotions et les besoins sans violence, sans attaque ni culpabilisation (quand je vois que tu…, je ressens….);
  • se relier aux besoins non satisfaits sur lesquels les émotions attirent l’attention (j’ai besoin de coopération, de compréhension, de calme…);
  • faire des demandes claires et positives (serais-tu prêt à… ? je te demande de… serais-tu d’accord pour… ?);
  • rester ouvert.e au dialogue et à la recherche de solutions communes, qui permettent de satisfaire les besoins des parents et des enfants;
  • être prêt.e à reconnaître nos erreurs (“oui, je réalise que j’ai été dur.e avec toi, je m’en excuse”);
  • savoir ce qui nous apaise en cas de perte de contrôle (prendre une grande respiration, changer de pièce, écouter de la musique, boire un verre d’eau, prendre un livre, méditer, faire du yoga, caresser une peluche, se faire un auto massage, faire un câlin…).

Pour aller plus loin : Parents : 10 phrases pour exprimer nos besoins et nos limites en communication non violente

processus communication non violente

 

8.Aider l’enfant à mettre des mots de vocabulaire sur ses émotions, ses sensations, ses besoins

L’éducation émotionnelle des enfants peut commencer tôt et peut prendre plusieurs formes :

  • montrer l’exemple (comme mentionné plus haut)
  • nommer les émotions des enfants (“je sens que tu es en colère/ triste/ que tu as peur, est-ce cela ?“, “wahou, tu as de l’énergie, tu as l’air super content.e“)
  • éviter les “pourquoi tu te sens comme cela ? pourquoi tu pleures ?” car ils sont inefficaces pour faire parler les enfants et ont plutôt tendance à les rendre méfiants
  • utiliser les livres comme moyens de découverte des émotions dont voici une sélection à ce lien.

9.Encourager la formulations de demandes

Dans un premier temps, l’adulte peut prendre en charge la demande :

  • voudrais-tu faire ceci ? cela ? 
  • es-tu d’accord pour telle ou telle chose ?
  • souhaiterais-tu que… ? est-ce cela ? 

Plus l’enfant avance en âge, plus on peut lui demander de formuler des demandes précises :

  • demande moi ce que tu veux avec des mots.
  • tu sais demander les choses avec des mots donc je m’attends à ce que tu le fasses de cette manière. 
  • quand tu me demandes les choses de cette manière, cela ne me donne pas envie de le faire. 
  • je n’ai pas compris ce que tu voulais. 

 

10.Garder en tête que les parents parfaits n’existent pas et que les apprentissages prennent du temps :-)

Eduquer est un processus qui s'inscrit dans le temps, prenons-nous toujours le temps des apprentissages

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Source : Vivre heureux avec son enfant de Catherine Gueguen (éditions Pocket). Disponible en librairie, dans votre médiathèque ou sur Internet.

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