Sexualité et questions intimes : comment aborder les questions délicates ?

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C’est seulement dans le contexte d’une relation de confiance et de bienveillance qu’une communication efficace peut s’établir entre les parents et les enfants, particulièrement s’ils sont adolescents. – Haïm Ginott

Comment on fait les bébés ?

entre parent et enfantDans son livre Entre parent et enfant, Haïm Ginott propose une approche pour répondre aux questions en deux parties : l’information et les valeurs. Il écrit qu’en matière d’éducation sexuelle, les parents doivent résister à la tentation d’en donner trop et trop tôt. Même s’il n’y a aucune raison pour ne pas répondre franchement aux questions des enfants, les enfants n’ont pas pour autant besoin de cours d’obstétrique.

L’âge approprié pour donner de l’information sur la sexualité, c’est quand l’enfant commence à poser des questions.

Si un garçon de 2 ou 3 ans montre du doigt ses organes génitaux en demandant “C’est quoi ça ?”, c’est le bon moment de lui répondre : “c’est ton pénis”. […] Si une fille demande d’où viennent les bébés, on ne lui dit pas qu’ils viennent de la maternité ou qu’ils ont été déposés par les cigognes. On lui dit : “Le bébé grandit dans un endroit spécial du corps de sa maman”. Si d’autres questions suivent, c’est peut-être le moment (mais pas nécessairement) d’ajouter que cet endroit s’appelle l’utérus.

Haïm Ginott déconseille de recourir à des images ou des métaphores faisant appel aux plantes ou aux animaux pour parler de la différence anatomique entre les sexes.

Il conseille en revanche d’écouter d’abord la version de l’enfant quand il pose les questions :”Comment sont faits les bébés ? Comment il sort ?“. Ensuite, nos propres explications s’en tiendront aux faits sans forcément entrer dans les détails de la relation sexuelle. Haïm Hinott propose une formulation de ce type : “Quand un papa et une maman veulent avoir un bébé, un liquide appelé sperme qui contient beaucoup de petites cellules vient du corps du papa et rencontre une autre cellule dans le corps de la maman. La rencontre des deux cellules commence à faire grandir le bébé. Quand le bébé est assez grand, il sort par le vagin de la maman.”

Si l’enfant veut voir l’endroit d’où est sorti le bébé, on pourra le dessiner un corps humain, faire une démonstration avec une poupée ou utiliser un livre illustré (ou des images sur Internet).

En grandissant, les questions deviendront plus précises : “Comment le sperme entre dans le corps de la maman ?“.  Ici encore, on écoutera d’abord la version de l’enfant. Une réponse claire et simple de notre part pourra suffire : “Le sperme sort du pénis du papa et pénètre dans le vagin de la maman.

Quand l’enfant demande “comment” le sperme entre dans le vagin, une réponse simple est encore possible sans rentrer dans les détails de l’acte sexuel : “Les mamans et les papas choisissent un temps où ils sont seuls et se sentent bien. Ils s’aiment tous les deux et veulent avoir un bébé qu’ils pourront aimer. Être ensemble pour avoir un bébé est un moment intime.

Si les enfants demandent pourquoi les papas ne peuvent pas avoir d’enfant, on pourra faire référence aux différences d’anatomie entre hommes et femmes : “Le corps de la maman a un endroit spécial , l’utérus, dans lequel le bébé peut grandir. Le corps du papa n’a pas ce genre d’endroit.“.

Si l’enfant veut voir les corps nus de ses parents, on pourra accueillir sa curiosité  : “Tu voudrais voir de quoi j’ai l’air ? Moi, je préfère être seul(e) quand je prends ma douche. On peut regarder des images ensemble pour répondre à tes questions.”

>>>Un livre pour répondre à ces questions :Balthazar et Comment sont faits les bébés ?

balthazar et comment sont faits les bébés couverture

La masturbation des enfants

Même s’ils reconnaissent rationnellement que la masturbation peut constituer une phase normale du développement et qu’elle peut même continuer à l’âge adulte, il est difficile pour certains parents d’accepter que leur enfant se masturbe. La masturbation fait naturellement partie de l’expérimentation sexuelle des enfants. On pourra en revanche rappeler que cette activité doit se passer en privé.

Haïm Ginott écrit qu’il est important de ne pas réagir de façon exagérée et de ne pas faire honte à l’enfant. Un commentaire court avec un rappel à la règle suffit : “Cette façon de te toucher est agréable mais c’est un geste intime que tu pourras poser seulement dans ta chambre.

 

Les jeux interdits

Les différences anatomiques déconcertent les enfants et ils aiment explorer leurs propres corps. Ils ont à la fois besoin d’apprendre, de comprendre et de s’assurer qu’être différent ne veut pas dire être anormal.

Si on surprend des enfants jouant à des jeux de type sexuels, Haïm Ginott conseille de ne pas faire honte aux enfants, de ne pas les réprimander et encore moins de trouver une excuse facile ou un faux alibi (“il fait trop froid pour vous promener tout nus les enfants”).

On pourrait reprendre une communication positive et non violente pour rappeler les limites de l’expérimentation sexuelle :

  • Reflet des émotions et compréhension de la raison pour laquelle ils font ça : “vous avez envie de savoir comment sont faits les corps des filles et des garçons”, “vous vouliez voir les différences entre vos corps”…
  • Exprimer nos émotions en message je : “je suis mal à l’aise”, “je suis inquiet(e) car votre corps doit rester intime”…
  • Proposer une solution : “Rhabillez vous. Si vous avez des questions, je pourrais y répondre”, “Qu’est-ce que vous voulez savoir ? On pourrait regarder dans un livre ou sur internet”…

 

Un intérêt démesuré pour le sexe ?

La plupart des enfants éprouvent un intérêt naturel pour ce qui a trait au sexe. Ils peuvent embêter les personnes de l’autre sexe et rire bêtement quand il est question de petits amis de l’un ou l’autre sexe. Ils peuvent aussi prendre conscience avec plaisir de leur propre sensualité. Ils peuvent se toucher et se masturber de temps en temps. Toutefois, leurs activités sexuelles occupent seulement une petite partie de leur vie.

Par contre, d’autres enfants sont préoccupés par tout ce qui concerne la sexualité et ceci de façon précoce et persistante. Ils rêvent de sexe, ils y pensent et ils en parlent. Ils ont l’habitude de se masturber, que ce soit en privé ou en public, et ils essaient de se lancer dans des explorations sexuelles avec les autres enfants, incluant leurs frères et sœurs. Ils jettent des coups d’œil furtifs à leurs parents et tentent de “surprendre” leurs relations sexuelles. Leur esprit est envahi par le sexe. Ces enfants ont besoin d’une aide psychologique.

 

Sensibiliser au respect du corps et au consentement et prévenir les abus

L’UNICEF a édité il y a quelques années un livre pour informer et prévenir les abus sexuels. Je le trouve extrêmement bien fait. Il est drôle, vif, intelligent et il a pour but d’apprendre aux enfants à dire Non. Non aux sollicitations importunes. Non aux menaces potentielles. Non aux abus, quels qu’ils soient.livre pour enfants prévention des abus

Les enfants y suivront les aventures de Mimi Fleur de Cactus et de son hérisson, Mimi est une petite fille comme les autres, une petite fille qui rit, qui joue et qui aime la vie. Mais attention… qui s’y frotte s’y pique ! Mimi n’aime pas qu’on la force, qu’on l’embête ou qu’on l’entraîne. Elle a compris que la loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure.

Quand on est tout petit, savoir répondre Non, c’est éviter tous les dangers.

>>> Ma chronique de Qui s’y frotte s’y pique ! ou Comment Mimi a appris à dire NON ! à ce lien.

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Source : Entre parent et enfant de Haïm Ginott (éditions L’atelier des parents). Disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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