6 suggestions pour que les enfants écoutent sans menace ni punition
La punition est souvent considérée comme une panacée éducative car c’est généralement ce que nous avons vécu dans l’enfance et que l’efficacité supposée de la punition est véhiculé par la société (sous le forme de remarques du type « Une bonne punition et ça ira mieux » ou « S’ils avaient plus punis, ils feraient moins de caprice »).
La punition suppose un contrôle externe sur l’enfant par la force et la coercition. L’adulte qui punit ne respecte pas l’intégrité (physique et affective) de l’enfant puni et ne lui fait pas assez confiance pour qu’il apprenne des compétences émotionnelles ou relationnelles sans passer par la force et la peur. L’inefficacité des punitions peut sembler paradoxale car on imagine que, si les effets de la punition sont suffisamment désagréables, l’enfant ne va plus vouloir le subir et donc ne plus reproduire le comportement en cause. Pourtant, plusieurs facteurs expliquent l’inefficacité et même la nocivité des punitions :
- L’enfant n’a pas un contrôle suffisant sur son comportement.
- Le fait d’être privé va augmenter sa colère de base.
- Son estime de soi va diminuer.
- Son impulsivité « de base » ne lui permet pas de se représenter les conséquences sur le long terme de son comportement.
Un autre point à prendre en considération est le caractère « intenable » de certaines punitions à long terme : sous le coup de la colère, un parent peut prononcer des punitions difficiles à mettre en place et vont se retrouver en quelque sorte “piégés” eux-mêmes, (par exemple « pas d’écran pendant deux mois ! »).
Par ailleurs, la relation de confiance entre parents et enfants vont se dégrader et l’enfant risque d’en vouloir à ses parents, peut-être chercher à se venger. De plus, l’effet “quand le chat n’est pas là, les souris dansent” va s’appliquer : quand il n’y a pas de menace, les enfants n’auront pas développé un sens de la responsabilité et une éthique suffisamment solides pour s’autodiscipliner.
Il est essentiel de ne pas vouloir aller trop vite et donc de ne pas punir les comportements dits inappropriés mais plutôt de fournir des ressources aux enfants pour qu’ils développent les compétences qu’ils n’ont pas encore acquises. Par ailleurs, le fait de rentrer en contact physique léger avec l’enfant le rend mieux disposé à modifier son comportement et tendre vers ce que nous lui demandons.
Je vous propose plusieurs pistes pour passer à l’action sans menace ni punition quand la sécurité est en danger, quand l’hygiène est en jeu, quand les délais ne supportent pas un retard ou quand les disputes risquent de générer de la violence.
Quoi qu’il en soit, il est raisonnable de s’attendre à des protestations de la part des enfants. Oui, ils risquent d’éprouver de la colère d’être attachés alors qu’ils ne le voulaient pas; oui, ils vont probablement réclamer encore et encore le smartphone; oui, ils risquent de jeter de l’herbe sur les autres enfants plutôt que du sable ou des graviers. L’éducation est un processus qui s’installe dans un temps long et repose sur la répétition.
L’avantage à faire cet effort pour encourager la coopération sans menace, sans chantage ni punition est bénéfique à long terme (même si on a l’impression que les méthodes basées sur le pouvoir sont plus efficaces à court terme pour faire obéir les enfants). Les enfants que l’on respecte, que l’on traite avec empathie, à qui on laisse du pouvoir personnel, qu’on habitue à la coopération active plutôt qu’à l’obéissance subie vont en général plus coopérer à moyen et long terme. C’est le cas parce que non seulement le contrôle de soi est développé par la pratique (et pas par la force) mais aussi parce qu’ils apprennent par l’exemple (faire preuve d’empathie, faire preuve de responsabilité personnelle, décider de respecter une règle parce qu’elle paraît juste et non pas par peur).
Pour aller plus loin :
3 manières de faire face aux mensonges, tricheries et vols des enfants sans punition