Tu seras un homme féministe mon fils : jouets, stéréotypes, consentement, sexualité… pour une éducation antisexiste
Présentation de l’éditeur
Depuis plusieurs décennies, nous réfléchissons au sens de la féminité, à l’éducation de nos filles que nous voulons fières et émancipées. Nous luttons à l’école, dans la rue, auprès de nos familles pour tordre le cou aux clichés et leur offrir des chances égales à celles des garçons.
Mais nous continuons d’élever nos fils dans le même moule patriarcal, comme si nous pouvions déconstruire le sexisme sans nous interroger sur la masculinité !
S’appuyant sur des études scientifiques et sur les témoignages de professionnels de l’enfance, Aurélia Blanc, jeune mère et journaliste, décortique les stéréotypes et rassemble tous les outils pour aider les parents à élever leurs garçons de manière antisexiste.
Elle décrit comment nos fils, enfermés dans de vieux carcans virils, souffrent d’une vision violente de la masculinité, qui les a conduit au refoulement de leur être, de leurs sentiments et de leurs vraies envies. Adopter une éducation féministe, c’est donner à nos garçons l’opportunité de développer leur singularité et de cultiver une vraie liberté !
Retrouvez tous les conseils pour :
- se déconditionner du « sexisme bienveillant » véhiculé par notre environnement et notre éducation
- démanteler les idées reçues : « c’est un truc de fille »
- permettre à son garçon de vivre une masculinité apaisée : « un homme, un vrai, ça ne pleure pas » et autres injonctions viriles préconçues
- l’armer face aux pressions sociétales
- lui apprendre le respect de soi et des autres (la question du consentement, la fabrique de la sexualité)
Les points forts
L’introduction de ce livre m’a interpellée car Aurélia Blanc y décrit à quel point elle a été désorientée quand elle a appris être enceinte d’un garçon. Elle y décrit à quel point il est plus facile pour des parents sensibilisés au féminisme d’avoir des filles parce qu’il semble plus simple d’élever des filles fortes capables de s’affirmer plutôt que des garçons libres d’être eux-mêmes. Elle témoigne également du fait que de nombreux parents féministes de garçons ont peur qu’ils fassent un jour partie du problème plutôt que de la solution. C’est d’ailleurs parce qu’elle a cherché sans trouver des livres avec des pistes pour éduquer son fils hors des carcans étouffants de virilité traditionnelle qu’elle a décidé de rédiger le sien : ce livre est donc celui qu’elle aurait aimé lire quand son fils était tout petit.
Aurélia Blanc a organisé son livre autour de 5 parties :
- Échographie d’une grossesse
- Fille ou garçon ? Tous obsédés ?
- Vers une masculinité apaisée
- Dans le cœur (et le sexe) des hommes
- Des (futurs) hommes féministes
Ainsi, Aurélia Blanc regrette que certains adultes découragent les garçons d’avoir des intérêts dits féminins. Cela est dommageable pour deux raisons principales :
- cela contribue à dévaloriser les “trucs de fille”, faisant le lit du mépris pour ce qui étiqueté comme féminin;
- cela empêche les garçons de cultiver tout leur potentiel (parce que certaines activités sont découragées, voire interdites, sous prétexte que c’est pour les filles).
Pourtant, il est possible de lutter contre les préjugés sexistes dans les jeux des enfants en prenant conscience que nous en sommes tous imprégnés (même si nous essayons d’y faire attention). Nous pourrions également proposer les mêmes jeux et jouets aux filles et aux garçons. La question n’est pas tant de savoir si c’est pour les filles ou pour les garçons mais de savoir quelles compétences l’enfant va développer et quel plaisir il va prendre.
Aurélia Blanc propose quelques pistes pour revaloriser les jeux et jouets dits “féminins” auprès des garçons :
- Arrêter de dire “c’est pour les filles”
- Encourager les garçons à investir des univers dits féminins
- Ne pas laisser les autres décider de ce que les enfants sont censés être.
- Armer les enfants (et nous-mêmes) face aux remarques désobligeantes
Élever nos petits garçons dans une optique antisexiste, ce n’est pas entrer dans un monde austère où ils doivent renoncer à tout ce qui n’est pas entièrement raccord avec notre vision du monde. Ce n’est pas vivre dans un foyer où les garçons sont interdits de ballon et contraints de jouer à la poupée. Au contraire, c’est vivre dans un univers où ils peuvent jouer au ballon ET à la poupée. Où ils peuvent adorer regarder le rugby ET My Little Pony. Nous n’avons peut-être pas le mode d’emploi du parfait parent féministe mais nous savons au moins une chose : l’idée, c’est d’ajouter, pas de supprimer. – Aurélia Blanc
L’autrice insiste beaucoup sur l’importance de reconnecter les garçons avec leurs émotions parce que de trop nombreux garçons sont soumis à des injonctions (plus ou moins formelles) les conduisant à réprimer leurs émotions dès leur plus tendre enfance. Elle nous invite donc à autoriser les garçons à pleurer. Les garçons sont plus nombreux que les filles à entendre des petites phrases du type “Arrête de pleurer”, “Mais non ce n’est rien”, ou pire, “T’es pas une fillette quand même” ou encore “Tu pleures comme une fille”.
Pourtant, autoriser les garçons à pleurer, c’est leur permettre d’être pleinement vivants, en lien avec toute la palette des émotions humaines et d’obtenir la sécurité de base dont ils ont besoin pour grandir. Réconforter un garçon qui pleure et faire preuve d’empathie envers lui lui donnera de la force sur le plan émotionnel.
Aurélia Blanc rappelle que les garçons qui résistent le mieux aux injonctions virilistes sont ceux qui ont un “socle affectif et psychique très fort”.
Un garçon qui sera respecté, soutenu et valorisé pour ce qu’il est (et non pas pour ce que nous voudrions qu’ils soit) est un enfant qui, en grandissant, aura moins de risque de tomber dans le piège de la masculinité toxique. – Aurélia Blanc
Dans les ressources de son ouvrage, j’ai eu la surprise qu’Aurélia Blanc mentionne mon Cahier positif d’estime de moi-même (en téléchargement gratuit sur le blog). Merci à elle pour cette mention !
Aurélia Blanc aborde la question de la sexualité et notamment du consentement. J’y ai retrouvé des éléments développés dans d’autres ouvrages au sujet de l’éducation affective et sexuelle :
- l’importance de répondre aux questions (pour ne pas laisser de tabous ou laisser YouTube voire YouPorn faire l’éducation sexuelle des jeunes),
- utiliser des mots simples mais corrects (vulve, pénis par exemple),
- dire la vérité sans passer par des histoires de choux ou de cigogne (en fonction de l’âge et des questions des enfants),
- rester calme,
- se saisir des gestes du quotidien pour nommer les différentes parties du corps,
- parler aux garçons des menstruations féminines,
- aborder la contraception (féminine et masculine).
Sur la forme, j’ai apprécié les récapitulatifs à la fin de chaque chapitre avec des ressources pratiques (livres à lire avec les enfants selon leur âge dont Zizettes et Les règles, quelle aventure ! que j’ai chroniqués sur le blog, des blogs et chaînes YouTube spécialisés, des sites ou numéros de téléphone que les adolescents peuvent consulter ou appeler…).
Ainsi, cet ouvrage invite à ouvrir les perspectives des garçons en les libérant des stéréotypes mettant en avant la compétition, la domination, la répression émotionnelle ou encore la dévalorisation du féminin (ex : avoir des amies filles équivaudrait à être une “tapette” ou bien à vouloir les séduire, comme si les filles ne pouvaient pas être envisagées comme des êtres à part entière digne d’amitié inconditionnelle). Par exemple, Aurélia Blanc invite les parents à être plus inclusifs quand ils discutent avec leurs garçons (as-tu une amoureuse ou un amoureux ?). Les nombreuses références à des études sociologiques en font un ouvrage solide, à la fois théorique et pratique pour une éducation antisexiste.
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Tu seras un homme – féministe – mon fils ! de Aurélia Blanc (éditions Marabout) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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