3 livres bienveillants pour se préparer à l’arrivée de bébé (et aux premiers mois de la maternité)
1.Le mois d’or : bien vivre le premier mois après l’accouchement
Dans leur livre Le mois d’or : bien vivre le premier mois après l’accouchement, Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin utilisent l’expression Mois d’Or pour désigner le mois suivant l’accouchement. Elles rappellent que les deux priorités du Mois d’Or consistent d’une part à récupérer de l’énergie (ou du moins ne pas en perdre davantage) et d’autre part à tisser des liens relationnels avec le nouveau-né.
Les autrices rappellent que ce Mois d’Or est le mois de la transition et du lâcher-prise. Il ne doit pas rimer avec pression.
Céline Chadelat (journaliste) et Marie Mahé-Poulin (psychologue) listent quatre grandes difficultés que rencontrent les jeunes parents, et en particulier les mères, le mois suivant l’accouchement (et aussi après) puis elles apportent des ressources et des informations en toute bienveillance.
1.La fatigue
Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin rappellent qu’il est important de récupérer de l’énergie lors des 30 à 40 jours suivant l’accouchement et formulent quelques conseils :
- accueillir cette réalité comme normale sans lutter contre les sensations et émotions ressenties (en s’accordant le droit d’être épuisée et en validant les émotions vécues comme légitimes : oui, c’est normal d’être fatiguée; oui, c’est normal de vouloir du soutien; oui, j’ai le droit de pleurer de fatigue);
- s’entourer de personnes de soutien en exprimant des besoins même contradictoires (à la fois de soutien et d’intimité), à commencer par le conjoint qui ne se rend pas toujours compte de l’état de fatigue post accouchement (cela peut passer par un planning d’aide proposé à la famille et/ou aux amis proches);
- allaiter en position allongée en particulier la nuit (en respectant les conditions de sécurité relatives au cododo);
- avoir une alimentation riche en fer et en omégas (avec complémentaires si besoin, en accord avec le médecin/ la sage femme qui assure le suivi post accouchement).
2.Le fantasme de la perfection
Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin nous rappellent l’importance de ne pas chercher à devenir quelqu’un d’autre que nous sommes. Le “il faut” et “je dois” ne sont pas aidants.
3.Le sentiment de culpabilité
Les difficultés et les ratés font partie de la vie et de la parentalité. Nous pouvons accueillir la culpabilité comme un signal nous montrant que nos réactions ne sont pas appropriées, que l’on est à bout et qu’on a besoin d’aide (matérielle et/ou émotionnelle).
4.L’isolement
Le Mois d’Or est marqué par une contradiction : rester dans sa bulle avec le bébé sans se sentir isolée.
Les jeunes mères ont besoin que leur entourage s’intéresse à elles avec empathie (et pas seulement au bébé). Il est donc utile d’apprendre à verbaliser les besoins et les émotions ressenties et à demander de l’aide matérielle à l’entourage (ex : faire le ménage, préparer ou faire livrer des repas, sortir les aînés…). Un recours à des professionnels de la santé peut s’avérer utile.
Dans ce livre, Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin rappellent que les bébés humains sont programmés pour s’attacher aux adultes qui prennent soin de lui et cet attachement est une question de survie.
En respectant le besoin d’attachement du bébé, le choc de la séparation et de l’accouchement est atténué pour le bébé mais aussi pour la mère. Ainsi la fusion ne laisse pas la place au vide mais à un nouvel état transitoire : la symbiose maman/ bébé. Les idées, encore prégnantes dans nos sociétés, qui insistent sur l’indépendance précoce du nourrisson sont en opposition totale avec notre nature de mammifère et avec la théorie de l’attachement.
Il n’est pas bon d’éloigner le bébé du corps de sa mère (bébé dans sa propre chambre, bébé promené en poussette, bébé posé dès que possible dans son transat…). Notre nature de mammifère porté veut que les bébés humains soient le plus souvent en contact avec un autre corps humain, en particulier celui de sa mère. Pour autant, il ne s’agit pas de nier les difficultés suivant l’accouchement.
Certaines mères, pour ne pas dire toutes, ont parfois l’impression que leur bébé s’apparente à un rival, voire à un persécuteur, pendant les nuits les plus courtes et les journées où il est très demandeur (du sein par exemple), où il pleure beaucoup (suite à des coliques par exemple).
Même si c’est difficile, il est utile de garder en tête que le bébé n’est pas notre rival et qu’il se trouve dans un état de dépendance immense. Le bébé ignore qu’il peut différer ses besoins, contrairement aux adultes qui peuvent différer les leurs.
Et pourtant, répondre aux pleurs des bébés peut représenter un vrai défi pour un grand nombre de parents. Quand on se sent à bout, quand on est sur le point de secouer le bébé, quand on a envie de le/se jeter par la fenêtre, il est urgent de trouver des ressources pour faire face. Passer la main, s’éloigner, sortir quelques instants, prendre l’air, appeler quelqu’un de confiance ou un professionnel sont des stratégies d’urgence quand la fatigue combinée au stress conduisent à des envies de violence (contre soi et/ou contre le bébé).
Les jeunes mères ont besoin que leur entourage s’intéresse à elles avec empathie (et pas seulement au bébé). Il est donc utile d’apprendre à verbaliser nos besoins et les émotions ressenties et à demander de l’aide matérielle à l’entourage (ex : faire le ménage, préparer ou faire livrer des repas, sortir les aînés…).
Il existe un peu partout des groupes d’écoute, des associations de parents et des espaces d’accueil mère/ enfant. Un recours à des professionnels de la santé peut s’avérer utile.
A noter que la dépression post-partum (qui n’est pas la même chose que le baby blues) touche environ 10% des jeunes mères et peut conduire à des idées suicidaires, voire des passages à l’acte, si elle n’est pas prise en charge. L’association Maman Blues estime qu’une à deux mères sur dix seraient en souffrance psychique suite à la naissance de leur enfant. Même en considérant le bas de la fourchette (soit 10% des mères), plus de 80 000 femmes par an en France seraient donc touchées par la dépression post partum.
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Le mois d’or : bien vivre le premier mois après l’accouchement de Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin (éditions Presses du Châtelet). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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2. La quatrième trimestre de grossesse : comprendre la “dégestation”
Dans son livre Le quatrième trimestre de la grossesse, Ingrid Bayot, sage femme, écrit que les bébés humains sont des « prématurés physiologiques ». S’ils devaient naître avec les mêmes compétences motrices qu’un poulain ou un chaton, la grossesse durerait 15 à 18 mois. Elle affirme que la gestation continue, mais sous une autre forme, hors utérus, et toujours très proche du corps des parents (et de la mère en particulier), pendant plusieurs semaines.
C’est la raison pour laquelle Ingrid Bayot parle d’un quatrième trimestre de grossesse. Un trimestre est donné à titre indicatif pour donner à ce temps une durée qui lui est habituellement refusée, mais cette période post-accouchement n’est pas normée au jour près.
En ce qui concerne la post-gestation, le concept de quatrième trimestre est une approximation qui se décline différemment selon le type d’accouchement, le terme du bébé, son état de santé, ses capacités d’adaptation − si différents d’un bébé à l’autre. – Ingrid Bayot
Le contact peau à peau mère/bébé dès les premières minutes de vie a les effets bénéfiques suivants :
- chez le bébé
- il maintient sa température et un niveau de cortisol acceptable,
- il optimise la régulation cardio-respiratoire,
- il initie la colonisation bactérienne,
- la recherche du sein et la première expérience de la tétée confirment les attentes sensorielles en faveur du sein ;
- chez la mère :
- il favorise le décollement et l’expulsion du placenta (peu de temps après la naissance du bébé, son placenta se décolle ; un saignement subi mais modéré accompagne ce décollement car l’endroit où il était préalablement inséré laisse une zone avec des vaisseaux ouverts, nommée « plaie placentaire ». Le décollement doit donc être immédiatement suivi d’une forte contraction utérine pour fermer tous ces vaisseaux et empêcher que le débit sanguin utérin, considérable, ne continue par cette voie. Cette hémostase (arrêt du saignement) mécanique (par la compression) est un moment délicat de la naissance. C’est l’ocytocine qui déclenche cette puissante contraction : la présence du bébé auprès de sa mère augmente la sécrétion de cette hormone.),
- il diminue les saignements.
Ingrid Bayot regrette que séparer le bébé de sa mère prenne de multiples formes et prétextes, par le biais de règlements hospitaliers, de rituels culturels ou d’injonctions sociales qui se font passer pour la norme biologique, banalisées par des protocoles médicaux ou scellées par les traditions.
Elle clame haut et fort que ces séparations représentent pourtant une agression qui a des conséquences sur l’attachement, l’allaitement et le déroulement de la délivrance du placenta.
Ces séparations très précoces devraient devenir exceptionnelles, justifiées par des interventions d’urgence vitale pour le bébé ou la maman. En effet, quand le bébé est repris, non seulement il y a moins d’ocytocine, mais le stress maternel augmente.
Par ailleurs, la mère, avec sa voix, sa chaleur, ses odeurs et ses mouvements, constitue un ensemble de repères connus du bébé et qui assurent la continuité sensorielle après la naissance.
Ingrid Bayot insiste sur l’importance de l’hormone d’ocytocine, aussi appelée hormone de l’amour, au cours de la naissance mais aussi tout au long du quatrième trimestre de grossesse.
À chaque tétée, mais aussi à chaque contact, l’hormone ocytocine est sécrétée. Contempler ou bercer son bébé libère l’ocytocine et augmente ses taux circulants, y compris chez le parent qui n’allaite pas. Il existe de nombreux récepteurs à l’ocytocine dans le cerveau limbique et le néocortex. L’ocytocine facilite les comportements maternels qui procurent au tout-petit confort, chaleur, nourriture et protection.
Ingrid Bayot rappelle avec justesse que, d’une manière ou d’une autre, toutes les nouvelles mères maternent (sauf cas extrêmes). En revanche, il serait dommage de se priver de peau à peau, de laisser les bébés pleurer ou de ne pas allaiter à cause de croyances erronées, d’automatismes culturels ou d’un manque d’information.
L’autrice parle “d’empreintes toxiques” quand les personnes autour d’une jeune mère lui disent qu’elle ne devrait pas tant prendre son bébé dans les bras, qu’elle devrait laisser son bébé pleurer, qu’elle va se faire “bouffer”, qu’elle ne devrait pas laisser son bébé prendre autant de place (avec souvent des sous-entendus à peine voilés sur le fait qu’elle devrait à nouveau être sexuellement disponible pour le conjoint).
Ingrid Bayot formule quelques recommandations à l’attention des parents qui ont opté pour le biberon pour une raison ou une autre (ex : parents adoptifs, homoparentalité…). Ces pratiques procurent des bouffées d’ocytocine (aux parents ET aux enfants) et de prolactine (hormone de l’allaitement) :
- pratiquer le contact peau à peau dès la naissance et autant qu’on le souhaitera dans les semaines et mois qui suivent ;
- garder le nouveau-né à proximité, avoir la possibilité d’observer ses signaux d’éveil et d’appel et lui offrir des réponses rapides ;
- nourrir le développement du bébé et lui proposer de multiples interactions sensorielles : bercements, chants, promenade, lecture, jeux ;
- nourrir de lait, c’est aussi nourrir l’affectivité et la sensorialité : regards, touchers, vocalises…
- les premiers mois, garder le bébé dans la même chambre que les parents.
Dans ce livre, Ingrid Bayot rappelle que le corps des jeunes accouchées peut être surprenant, méconnu et parfois méconnaissable.
Autant les modifications physiques de la grossesse sont étalées sur neuf mois, autant l’accouchement bouscule tout en quelques minutes, sans laisser la femme apprivoiser son nouveau corps petit à petit. Chez certaines femmes, les changements sont minimes (peu de prise de poids, peu ou pas de vergetures, ventre qui retrouve sa normale au bout de quelques jours seulement) mais chez d’autres, les changements peuvent être sources de complexes extrêmes.
Ingrid Bayot regrette que les magazines et les publicités nous aient conditionnés à ne voir que des corps féminins lisses, secs et fermes, hors du temps et des mannequins épilées, manucurées et maquillées (encore que ce soit de moins en moins le cas). Juste après l’accouchement, c’est le contraire absolu : des rondeurs, des moiteurs, de la sueurs, des odeurs, des poils, un ventre mou, éventuellement un cicatrice pour les femmes césarisées, des vergetures…
Cette difficulté à aimer ce corps post-accouchement est accentuée par la pression sociale (la plupart du temps intégrée comme une petite voix interne) qui insiste pour que les femmes retrouvent au plus vite leur taille de jeune fille, perdent leurs kilos en trop dans l’optique de redevenir vite séduisante et productive.
Ainsi, Ingrid Bayot nous invite à explorer d’autres voies : celles de l’accueil, de la tendresse et de la célébration.
Non seulement le corps des femmes nouvelles accouchées vient d’accomplir un miracle, mais il va aussi continuer d’en accomplir d’autres.
Le quatrième trimestre de grossesse est le temps de la “dégestation” au cours de laquelle le corps des femmes qui viennent d’accoucher chemine vers un nouvel équilibre.
Ce nouvel équilibre retrouvé au cours de la dégestation se joue sur plusieurs plans dont :
- le système respiratoire (normalisation de la capacité respiratoire)
- le système cardio-vasculaire (urines plus abondantes puis progressives, disparition des éventuelles hémorroïdes en 2 à 3 mois, retour à la normale du débit cardiaque…)
- le système digestif (la capacité des intestins à absorber les nutriments se maintient pendant au moins 6 mois, la constipation diminue et le transit intestinal s’améliore)
- le système rénal (la rétention d’eau va se résorber en quelques semaines)
- le système cutané (beaucoup de transpiration, la peau du ventre prend un certain temps pour revenir à la normale…)
- les cheveux (perte de cheveux durant 3 à 4 mois ou plus)
- le système hormonal (chute des progestérones et des œstrogènes, prolactine très haute si allaitement qui modifie le sommeil…)
- l’utérus (le col se referme en vingt jours) et les régions vulvaires et vaginales (retour progressif aux dimensions normales, sècheresse vaginale, périnée moins tonique…)
- l’activité cellulaire (élimination des résidus du catabolisme par le foie, les reins…)
La dégestation est un des chantiers majeurs du quatrième trimestre. Si construire demande du temps et de l’énergie, déconstruire en demande également. Quiconque a déjà abattu un mur dans sa maison en sait quelque chose. Ainsi, la dégestation demande du repos, de l’attention, des soins… – Ingrid Bayot
Un chapitre de ce livre est consacré au rôle du père et aux difficultés que peuvent rencontrer les pères au cours des premiers mois de vie de l’enfant. Les pères n’ont pas de rôle biologique de séparation précoce : une des fonctions paternelles principales les premiers mois de vie de l’enfant sont la participation aux soins et au développement, le “paternage“.
Il y a certes des situations de difficultés maternelles où le père, les proches, voire des professionnelles de la santé, doivent prendre le relais de la mère et contenir le nouveau-né dans le brouillard où il est projeté. Idéalement, avec la mère et dans la mesure de ses capacités. Mais considérer la proximité de la post-gestation comme un danger pour le bébé conduit à une série d’attitudes intrusives qui sont au maternage ce que l’interventionnisme obstétrical est à la naissance. Des interférences nuisibles à la physiologie ! – Ingrid Bayot
En l’absence d’une tribu soutenante, le père endosse son rôle, à savoir soutenir la mère (et pas seulement le bébé), “amortir les variantes maternelles”.
Autant les femmes peuvent être encombrées par les représentations culturelles construites autour de leur biologie, autant les hommes se retrouvent devant des modèles paternels devenus obsolètes, ou tout du moins peu adaptés au paternage d’un nouveau-né. Ce qui représente à la fois un défi et une opportunité : comment devenir père à sa façon, avec ses talents et ressources ? – Ingrid Bayot
Ingrid Bayot invite donc les pères à prendre toute leur place de paternage et les mères à laisser les pères prendre cette place. Par sa présence et ses interactions avec le nouveau-né, le père crée un environnement sensoriel humain différent de celui de la mère.
Ingrid Bayot dénonce le vieux préjugé selon lequel l’allaitement priverait les pères d’interactions avec leur bébé et que le biberon donne une place aux pères. Elle rappelle pourtant que le bébé n’est pas qu’un tube digestif et que ses besoins ne se limitent pas à l’alimentation. Certes, l’acte nourricier est physiquement très impliquant et sensoriellement très riche mais ce n’est pas parce que le nouveau-né tète 8 à 12 fois par jour (ou plus) qu’il faut croire qu’il n’a besoin que de ça !
Le développement des bébés se nourrit de “contacts enveloppants, de bercements, de bains, de chants, de câlins, de regards, de jeux, offerts pendant et hors des tétées…” Ingrid Bayot parle de « niche sensorielle » paternelle parce que les interactions père/ bébé apportent de la diversité : voix plus grave, chaleur et odeurs autres, mouvements avec une autre intensité… et non alimentaires. Ces interactions activent la curiosité du bébé et participent à son développement.
Le père nourrit son enfant sur les plans sensoriel et relationnel sans passer par l’alimentation. Quelle chance que cette diversité ! Cela dit, quand les deux parents donnent le biberon, la diversification sensorielle et affective fonctionne aussi, puisque les personnes sont différentes. Simplement, il serait dommage de renoncer à l’allaitement par crainte de priver son conjoint ou son bébé. – Ingrid Bayot
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Source : Le quatrième trimestre de la grossesse de Ingrid Bayot (éditions Erès). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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3. La famille s’agrandit : de la préparation des aînés à la naissance du bébé aux conflits quotidiens dans les fratries
Ce livre, écrit par Catherine Dumonteil-Kremer, pionnière de la parentalité positive en France, est original dans le sens où il aborde toutes les étapes de la construction d’une famille puis d’une fratrie et ne propose donc pas seulement des pistes pour régler les conflits et gérer la jalousie au quotidien. Il s’organise autour de 7 chapitres :
- Naissance de la famille
- Désir et conception
- Préparation à la naissance
- Votre bébé est né
- Frères et sœurs au quotidien
- L’optimisme, une valeur à cultiver
- Chacun de nos enfants veut être unique à nos yeux
J’ai particulièrement apprécié les différents témoignages qui ponctuent cet ouvrage. On y retrouve des parents qui exposent leurs difficultés et leur vulnérabilité sur leur chemin vers une parentalité consciente et bientraitante, ainsi que les motifs de leurs actes en lien avec leurs blessures du passé.
Catherine Dumonteil-Kremer estime qu’il n’y a pas d’écart d’âge idéal et que c’est le travail sur soi en tant que parents qui importe plus que toute autre considération.
Par ailleurs, elle rappelle qu’il est inutile d’enjoliver la réalité pour rassurer le (ou les) aîné(s) en prévision de la naissance d’un bébé. Un aîné a le droit de ne pas être enthousiaste à l’idée d’avoir un petit frère ou une petite soeur; le bébé ne partagera pas les jeux des plus grands avant plusieurs années; le bébé risque d’accaparer beaucoup de temps et cela pourra être difficile de supporter ses pleurs. L’écoute des émotions des aînés reste l’outil le plus efficace pour une parentalité respectueuse dans la fratrie.
Donnez la priorité absolue aux besoins affectifs de vos petits (et de vos grands), c’est cela qui fera d’eux des adultes, de vrais adultes, pas d’éternels enfants blessés dans des corps d’adultes. – Catherine Dumonteil Kremer
Catherine Dumonteil Kremer envisage de nombreuses options qui se posent aux familles dans toute leur diversité :
- quand la mère allaite encore un aîné (sevrage, douleurs, co-allaitement);
- quand les parents choisissent l’accouchement à domicile;
- dormir ensemble (co-dodo).
Catherine Dumonteil Kremer donne également des informations sur la psychologie des enfants :
- la régression est normal chez les aînés et n’est pas à moquer (ce fait est accentué par la quantité énorme d’attention que les parents accordent à un nouveau-né et il est justifié que les aînés cherchent à vérifier qu’ils sont toujours vus, acceptés et aimés, qu’ils ont toujours leur place dans la famille);
- la manière qu’ont nos enfants de demander de l’attention nous apprend quelque chose sur le niveau de leur réservoir d’amour : un enfant qui cherche de l’attention cherche souvent de la relation, de la compréhension, de la protection et des preuves d’amour pour se sentir exister.
Les difficultés des parents (et en particulier des mères) ne sont jamais niées et des pistes sont proposées pour y faire face au mieux.
Non, ce n’est pas si simple d’accompagner plusieurs enfants et votre capacité à éliminer les déperditions d’énergie inutiles vous sera d’un grand secours. Le fait aussi de créer votre propre réseau de soutien vous aidera grandement. Vous avez besoin d’aide, par le biais de relations avec d’autres parents, avec des amis, dont le contact vous recharge.
J’aime particulier l’approche de Catherine Dumonteil Kremer en général (et ce livre en particulier) parce qu’elle insiste toujours sur le fait que nos blessures d’enfance et notre mémoire traumatique sont des obstacles de taille sur le chemin de la parentalité bientraitante. Elle nous invite donc à nous poser des questions sur notre propre enfance pour repérer ce qui vient de notre propre schéma familial et que nous reproduisons sur nos enfants (ex : défendre systématiquement l’aîné ou, au contraire, systématiquement le plus jeune).
Un chapitre est consacré à l’agressivité et il y est rappelé que l’agresseur va mal lui aussi, qu’il souffre tellement qu’il n’arrive pas à trouver d’autres moyens que la violence pour se faire entendre. Il ne s’agit pas de laisser libre cours à la violence dans les fratries mais de raisonner en termes d’émotions et de besoins.
Formulez votre désaccord et empêchez physiquement le grand de blesser le plus jeune. Écoutez les émotions de votre aîné, il a besoin de vous pour évacuer sa colère et sa tristesse. – Catherine Dumonteil Kremer
Toute la partie sur la gestion des conflits est intéressante parce que l’autrice nous rappelle qu’il n’est pas toujours utile d’intervenir.
Quand vos enfants ne vous demandent rien et que ni l’un ni l’autre n’est en danger, laissez-les gérer leur problème. Car il s’agit bien de leur problème et non du vôtre. Trouver un équilibre entre notre fonction protectrice et la dignité des individus qui composent notre famille se fait à force de réflexion, d’entraînement et de travail sur soi. – Catherine Dumonteil-Kremer
Une façon de faire quand les enfants réclament l’arbitrage d’un adulte consiste à :
- être présent (pas d’écran, pas de double tâche)
- poser des questions à chacun
- montrer un intérêt sincère et authentique pour tous les enfants impliqués
- écouter les récits sans jugement ni idée préconçue (ex : prendre partie pour le plus jeune du fait qu’il soit plus jeune)
- demander ce qui pourrait aider à résoudre le problème
Par ailleurs, la parentalité ludique peut être efficace dans les conflits entre frères et soeurs. Cette approche permet de s’attaquer plus efficacement à la source des rivalités dans une fratrie que l’usage des punitions ou de l’isolement. Non seulement le rire pendant les jeux aide à éliminer les émotions pénibles à l’origine des disputes (jalousie, colère, angoisse, impuissance), mais il consolident également le lien parents/ enfants.
De même, Catherine Dumonteil Kremer rappelle que, à tout âge, un enfant a le droit de ne pas vouloir prêter ses affaires. C’est d’autant plus vrai dans la petite enfance où les enfants préfèrent défendre leurs affaires contre vents et marées plutôt que partager. En effet, un enfant a besoin de s’approprier ses affaires avant de pouvoir s’en séparer par le prêt ou le partage.
Par ailleurs, les enfants ont besoin de savoir que leurs affaires seront respectées, qu’elles ne leur seront pas prises quand ils auront le dos tourné sans leur permission. Cette notion de permission/ consentement est ici cruciale : la plupart des enfants finissent par prêter et partager de bon cœur quand ils n’y sont pas forcés, quand ils se sentent en confiance et respectés ou quand on leur pose la question de manière calme : “Serais-tu d’accord pour prêter à J./ ton frère/ ta soeur ?”. Si l’enfant répond non, il en a le droit. La plupart du temps, le prêt finira par se faire une fois les adultes éloignés ou de manière naturelle dans le cours du jeu entre enfants.
Le bonus : à la fin des chapitres, on trouve des ressources utiles (albums pour enfant , films à regarder, sites internet…) toujours dans l’optique d’une parentalité respectueuse.
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La famille s’agrandit de Catherine Dumonteil-Kremer (éditions Jouvence) est disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.
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