De l’esprit critique dans la parentalité positive ?

De l'esprit critique dans la parentalité positive _

Crédit illustration : freepik.com

De la nécessité de l’esprit critique

J’ai envie d’aborder le thème de l’esprit critique qui me tient à coeur pour deux raisons :

  • l’audience du blog est grandissante et j’estime avoir un devoir de rigueur envers la communauté des lecteurs et lectrices;
  • je m’intéresse à l’esprit critique d’un point de vue personnel parce que je suis étonnée de voir autant de personnes autour de moi s’intéresser à des sujets plus ou moins ésotériques et s’informer auprès de personnes que j’estime douteuses (comme si la parentalité positive et l’écologie fleurtaient avec des croyances qui peuvent faire plus de mal que de bien… en étant bien consciente de ne pas en être exempte !).

Le livre de Béatrice Kammerer “L’éducation vraiment positive”(éditions Larousse) m’a d’ailleurs décidée à m’intéresser de plus près à l’esprit critique car Béatrice Kammerer y dresse plusieurs constats. Certaines personnes qui ont valeur de référence dans le monde de l’éducation bienveillante ont pu extrapoler des données scientifiques ou bien laisser de côté certaines études qui venaient relativiser certaines affirmations.

On trouve également parfois des choses fausses quand on lit certains ouvrages ou certains articles de blog. Par exemple, la théorie des 3 cerveaux ou du cerveau triunique de MacLean se révèle inexacte dans le sens où il n’existe pas de totale indépendance des trois cerveaux (reptilien, limbique et néocortex). Les neuroscientifiques parlent plutôt des aires cérébrales comme des ensembles en interaction qui conservent une relative autonomie. Béatrice Kammerer nous avertit : “Le fonctionnement du cerveau de nos enfants ne se résume pas à une simple dichotomie cerveau droit/ cerveau gauche ou encore cerveau émotionnel/ cerveau rationnel.”

Autre exemple : j’ai récemment vu passer une affiche qui oppose “éducation ocytocine et éducation cortisol” comme si le cortisol était une “mauvaise” hormone. Je comprends bien l’idée derrière cette affiche (informer sur les conséquences négatives des violences éducatives y compris ordinaires) mais la conception est maladroite dans le sens où le cortisol n’est pas une mauvaise hormone en soi : c’est notamment l’hormone du réveil matinal et une dose modérée de cortisol donne de l’énergie.

Dernièrement, j’ai également vu une photo qui a été largement relayée sur laquelle on pouvait soit-disant voir les zones cérébrales de l’amour car des zones s’illuminaient quand une mère câlinait son enfant. Or cette image était détournée. La page Facebook Le centre de l’attention  a exposé comment ce début de neuromythe a été créé en reprenant les étapes de diffusion de cette fameuse photo. Une image IRM bien réelle a été colorisée et des personnes ont fait croire qu’elle avait été réalisée en IRMf avec la légende suivante “Cette photo montre les échanges cérébraux identiques se former.” Quand on remonte à la source originale, on s’aperçoit que la photo de base non colorisée est effectivement rare car c’est difficile de capter des images du cerveau d’un bébé en IRM (les bébés ne restant pas immobiles) mais qu’elle n’a rien à voir avec les aires cérébrales de l’amour ni avec les hormones en jeu dans la relation d’attachement parent/ enfant. 

Source Originale et explication (sources anglophones)

Il est plus utile d’enseigner la méthode de l’esprit critique que de chercher à réinformer

Le problème est que, sur Internet, il faut beaucoup plus de temps pour contre-dire une fausse information que pour la créer. Il est donc plus utile d’enseigner la méthode de l’esprit critique que de chercher à réinformer en déconstruisant les fausses informations (bien que cela ne dispense pas de le faire). J’ai moi-même supprimé plusieurs articles sur le blog suite à de lectures ultérieures qui m’ont fait prendre conscience qu’ils étaient erronés (par exemple au sujet de la Brain Gym/ kinésiologie, de la pédagogie Steiner ou des fleurs de Bach). Parfois, j’ai laissé des articles en ligne mais avec des avertissements et des renvois vers d’autres ressources.

Faire preuve d’esprit critique est loin d’être facile car cela nécessite du temps et des compétences. Une première étape en cas de doute peut être de taper le nom du sujet dans un moteur de recherche en y ajoutant le terme “sceptique“. Cela fonctionne pour “brain gym sceptique” ou pour “vakog sceptique” (vakog signifiant Visuel Auditif Kinesthésique Olfactif Gustatif). Quand rien ne ressort, deux options sont possibles : les sceptiques ne se sont pas encore intéressés à ce sujet ou bien il fait consensus dans le monde scientifique. En cas de doute, il est possible de s’adresser à des groupes de zététique (il en existe plusieurs sur les réseaux sociaux) ou d’aller creuser les sources citées dans un article ou un livre (par exemple, sur PubMed qui est le principal moteur de recherche de données bibliographiques en biologie et en médecine). Ceci est toutefois difficile car les sources sont souvent en anglais et une culture scientifique est nécessaire pour vérifier la solidité des études (qualité de l’échantillon, reproductibilité ou parution dans des revues avec comité de lecture comme Nature par exemple). Ainsi, une étude seule ne veut souvent pas dire grand chose : a-t-elle été reproduite par d’autres dans les mêmes conditions et avec le même résultat ?  le protocole est-il fiable ? est-elle contredite par d’autres études ? y-a-t-il une méta-analyse sur le sujet ? Il arrive que des scientifiques fassent du “cherry picking” dans le sens où ils ne vont mettre en avant que les études qui valident leur hypothèse en négligeant les études qui viendraient nuancer les résultats qu’ils veulent mettre en avant. Le “cherry picking” est une manière de traduire l’idée que certains scientifiques, à l’image de cueilleurs de cerises, ne sélectionnent que ce qui paraît attrayant au risque de donner une image incomplète et faussée de la réalité des connaissances données sur un sujet donné. De même, la différence entre corrélation (deux événements arrivent concomitamment) et causalité (l’événement A est la cause de l’événement B) est souvent ignorée (et parfois volontairement détournée pour accréditer une thèse).

Nous sommes obligés de faire confiance aux personnes que nous estimons expertes sur un sujet parce que personne ne peut maîtriser l’ensemble des connaissances humaines. Toutefois, il peut être bon de remettre en question de temps en temps les affirmations des experts auxquels nous accordons notre confiance et de pendre le risque de voir nos certitudes ébranlées.

Les résistances à l’esprit critique

A l’inverse, nous pouvons rejeter des informations qui font consensus dans le monde scientifique parce que les convictions intimes de chacun diffèrent selon les parcours individuels et les anecdotes personnelles. Les anecdotes et l’intuition sont la plupart du temps plus fortes que les preuves.

En novembre 2019, j’ai rencontré Thomas Durand, co-fondateur de la chaîne La Tronche en Biais, qui me disait que le problème de l’esprit critique est de ne pas être transférable justement à cause de la puissance des anecdotes personnelles, des intuitions et des biais cognitifs. Ainsi, on peut être aligné avec le consensus scientifique au sujet du réchauffement climatique ou de la parentalité positive mais pas des vaccins. Il y a aussi une forte affinité entre les tenants de l’éducation positive et la théorie de l’attraction; cette affinité se transformant en critiques acerbes (et désabonnement de ma page Facebook) de la part de lecteurs qui n’ont pas supporté mon article sur les méfaits de la pensée positive et le mythe de la loi de l’attraction. Catherine Gueguen, pédiatre et militante pour la parentalité bienveillante, a subi des attaques verbales sur les réseaux sociaux quand elle s’est prononcée en faveur des vaccins car il y a un fort mouvement antivaccin parmi les personnes qui s’intéressent à la parentalité positive. Ces mêmes personnes s’appuient sur les neurosciences pour “valider” la bienveillance éducative mais rejettent la science quand elle démontre les bienfaits et l’efficacité des vaccins. Il s’agit pourtant de la même “science” dans le sens où la méthode scientifique qui aboutit à ces deux conclusions est la même.

Par ailleurs, on peut rejeter violemment des idées parce qu’elle sont devenues constitutives de l’identité, parce que les rejeter reviendrait à être exclu d’une communauté (et synonyme de solitude) ou encore parce qu’on a investi trop de temps et d’argent pour faire machine arrière (comme les personnes qui se forment par exemple en kinésiologie, en naturopathie ou en sophrologie et en font leur gagne-pain).

Pour aller plus loin : Esprit critique : savoir que notre cerveau nous trompe et connaître les biais cognitifs entraîne moins de violence

Faire preuve d’esprit critique à l’âge adulte

Connaître les biais cognitifs

Comme les biais cognitifs sont des raccourcis de la pensée humaine auxquels il est difficile d’échapper, il est indispensable de les connaître pour (tenter de) les déjouer.

On peut citer quelques biais cognitifs parmi les plus fréquents pour une formation à l’esprit critique :

  • l’effet d’ancrage et le poids de nos idées a priori : la première information que nous recevons influence notre manière de percevoir les informations suivantes (cela est particulièrement vrai lors de négociations financières : le premier prix proposé a valeur de référence même s’il est décorrélé du réel);

 

  • le coût lié au fait d’abandonner les croyances : plus de temps, d’énergie, d’argent ont été investis en fonction des croyances qu’on nous présente comme erronées, plus on aura du mal à “lâcher” ces croyances (idem avec la souffrance : les humains ont besoin de donner du sens à leurs souffrances et donc auront du mal à abandonner l’idée qu’ils auraient pu faire sans, comme c’est le cas des personnes qui défendent la fessée comme méthode éducative inoffensive);

 

  • le biais de confirmation : on a tendance à chercher des informations qui vont renforcer nos croyances (et à ignorer – même inconsciemment – ou à relativiser/ rejeter les informations qui ne vont pas dans le sens de nos croyances);

 

  • l’effet Dunning-Kruger, ou effet de surconfiance : les personnes les moins qualifiées dans un domaine surestiment leur compétence (elles ne sont pas conscientes de tout ce qu’elles ne savent pas) alors que les personnes les plus qualifiées sont plus prudentes (elles sont conscientes de tout ce qu’elles ne savent pas, de ce qu’ils restent à découvrir et des causes pluri-factorielles, les empêchant de tomber dans une pensée facile et uni-factorielle);

 

  • l’influence de nos émotions, en particulier de la peur, et de nos motivations (plus grande sensibilité aux risques qu’aux bénéfices, préférence du statu quo, poids du conformisme…);

 

  • la difficulté de notre cerveau à appréhender les statistiques et les chiffres (perception erronée du hasard, surestimation des très faibles probabilités, biais de proportionnalité, biais d’ancrage…),

 

  • l’attirance pour des explications simples et causales (refus des explications multifactorielles, confusion entre corrélation et causalité…);

 

  • le biais d’autorité : nous avons tous tendance à surévaluer la valeur de l’opinion d’une personne que l’on considère comme une autorité, c’est-à-dire un expert (qu’il le soit réellement ou qu’il soit simplement présenté comme tel) : de nombreux scientifiques utilisent ainsi leur titre de docteur dans une spécialité pour impressionner quand ils parlent d’une spécialité qu’ils ne maîtrisent pourtant pas;

 

  • l’effet Barnum (ou « effet de validation subjective » ou « effet de validation personnelle ») : nous avons tendance à accepter une vague description de la personnalité comme s’appliquant spécifiquement à nous-mêmes (nous avons tendances à compléter les “trous” et à fabriquer du sens, comme c’est le cas dans l’astrologie par exemple);

 

  • l’effet retour de flamme : quand nous sommes confrontés à des preuves en contradiction avec nos croyances, nous avons tendance à les rejeter et à nous refermer davantage sur nos croyances initiales (ces croyances se retrouvant paradoxalement renforcées par des preuves contradictoires);

 

  • l’effet de groupe : nous sommes soumis à l’effet de groupe quand nous donnons la priorité à la conformité à l’avis du groupe plutôt qu’aux preuves et informations scientifiques;

 

  • le biais de cadrage : c’est la tendance à être influencé par la manière dont un problème est présenté. (par exemple, la décision d’effectuer une action risquée est influencée par la manière de présenter le taux de succès ou d’échec : même si les deux chiffres fournissent la même information, présenter le taux de succès va faire pencher la décision en faveur de l’action et présenter le taux d’échec va faire pencher la décision en défaveur de l’action);

 

  • l’effet de halo : la perception que nous avons d’une personne (ou d’un groupe) est influencée par l’opinion que l’on se fait d’une de ses caractéristiques personnelles (par exemple, une personne jugée comme “belle physiquement” est perçue comme intelligente et digne de confiance).

Cette liste des biais cognitifs (non exhaustive) peut déjà être un support utile pour passer des informations à la moulinette afin d’exercer l’esprit critique.

Repérer les fake news

Quelques réflexes sont à prendre avant de partager et relayer une information. Ces réflexes de base permettent d’identifier si une information mérite un partage en toute conscience :

  • identifier la source (l’article est-il signé par une personne identifiable ? cette personne existe-t-elle vraiment et est-elle fiable ? le site comporte-t-il des mentions légales avec un propriétaire et/ou un webmaster identifiable ? y-a-t-il un onglet contact ou à propos ? quelle est l’orientation politique ? est-ce que le site est humoristique ou ironique comme legorafi.fr ou nordpresse ? des sources externes sont-elles citées ? quelle est la fiabilité des sources citées ? est-ce que les sources sont ouvertes ou bien circulaires et se citent seulement les unes les autres ? que disent les experts ?)

 

  • lire le contenu de l’article au-delà du simple titre et se méfier des titres du type “ce qu’on vous a caché”, “voici enfin la vérité”, “le mensonge/ le secret révélé”, “

 

  • faire une recherche rapide sur un moteur de recherche pour voir si l’information est reprise par ailleurs et s’il existe des contre-argumentaires ou des critiques (par exemple, en tapant le sujet de l’article + sceptique ou le nom du site + désinformation)

 

  • vérifier la date de publication de l’article (est-il encore valable ? y-a-t-il eu des démentis depuis ?)

 

  • lire les commentaires sur les réseaux sociaux ou directement sur le site pour voir dans quel mesure des doutes sont émis sur les positions défendues

 

  • retracer l‘historique d’une photo (voir cette vidéo de la chaîne YouTube Hygiène Mentale sur le traçage des photos)

 

Par exemple, les sites sain-et-naturel.com, espritsciencemetaphysiques.com et conscience-et-eveil-spirituel.com sont tous détenus par la même société Hélios prod (visible dans les mentions légales mais sans possibilité de prise de contact personnel) et tous les articles de ces sites sont signés par des personnes dont il n’est pas possible de retrouver la trace. Cela devrait éveiller des soupçons sur la qualité du contenu de ces articles. Ce type de sites joue sur la crise de confiance qui traverse nos sociétés : comme nous ne savons plus à qui faire confiance, les contenus “sexys” qui confirment nos croyances et qui répondent au besoin de contrôle ainsi qu’à une appartenance à un cercle d’initiés (les “non conventionnels” qui se rebellent contre le système) plaisent et sont largement partagés.

 

L’entretien épistémique

Lors de notre entretien, Thomas Durand a dégagé les grandes lignes de l‘entretien épistémique qui permet d’explorer des croyances sans partir du principe que ces croyances sont absurdes ou dangereuses :

  • créer une ambiance dans laquelle la personne se sent en confiance et dire quelque chose comme : “Personnellement, je ne crois pas comme toi mais, si ce que tu dis est vrai, alors c’est grave et important. Peux-tu m’en dire plus ?” (en se sentant réellement prêt à changer d’avis si les arguments sont suffisamment convaincants)
  • écouter et reformuler sans contre-argumenter pour démolir
  • poser des questions du type : “Est-ce que tu es sûr ? Quelles sont tes sources ?
  • rebondir sur les sources quand elles ne sont pas fiables en citant des sources qui font consensus dans le monde scientifique (il est possible de s’appuyer sur la théorie bayésienne pour montrer que plus le consensus scientifique est fort, plus les contre-preuves doivent être fortes) ou en démontrant factuellement les incohérences des informations exposées (sans attaquer ni ridiculiser la personne ou ses croyances)
  • se taire même quand l’autre se trouve sans argument

L’idée de l’entretien épistémique est de ne surtout pas donner envie de pleurer ou de se plaindre à l’autre mais de planter des graines de doute raisonnable tout en se tenant prêt soi-même à reconnaître ses propres biais ou incohérences.

Il est important de garder en tête que, plus une personne est angoissée, plus elle a besoin de réponses pour donner du sens (besoin de contrôle pour se rassurer). Cela explique en partie pourquoi les personnes en deuil ou malades sont plus sensibles à la manipulation mentale (avec des solutions miracles pour guérir ou pour entrer en contact avec les défunts). Quand un humain est angoissé, en situation d’incertitude, son besoin de croire pour donner du sens et faire face à l’incertitude est fort. Si cet humain est contredit brutalement, sa vision du monde est mise en danger et il éprouve un fort besoin de réassurance. Il va alors rechercher une confirmation de ses croyances (voir l’effet retour de flamme).

Ressources utiles

Pour ma part, j’ai quelques références utiles que je consulte régulièrement pour aiguiser mon sens critique (et c’est la raison pour laquelle je supprime ou modifie régulièrement des articles en fonction de nouvelles informations que j’intègre… en étant bien consciente que mes articles restent sujets à critiques et que j’adopte une position de blogueuse militante).

Des chaînes Youtube sceptiques :

  • Méta de Choc – Et si on se demandait pourquoi on pense ce qu’on pense ? Un podcast sur la métacognition proposé par Élisabeth Feytit
  • La Tronche en Biais – esprit critique, scepticisme, zététique co-animée par Thomas Durand et Vlad Tapas
  • Hygiène Mentale – zététique, scepticisme, étude scientifique des phénomènes dites “paranormaux” (textes, montage et voix de Christophe Michel)

Des auteurs et chercheurs (dont j’ai lu plusieurs ouvrages et dont je suis l’actualité sur les réseaux sociaux ou sur les médias traditionnels) :

  • Gérald Bronner, sociologue, et auteur (entre autre) de La démocratie des crédules (éditions Presses universitaires de France – PUF)
  • Franck Ramus, professeur au laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique à l’École normale supérieur, et auteur du site Scilogs.fr
  • Nicolas Gauvrit, maître de conférence en mathématiques à l’Université d’Artois et psychologue du développement, et contributeur à l’ouvrage Des têtes bien faites : défense de l’esprit critique (éditions Presses universitaires de France – PUF) 
  • Normand Baillargeon, enseignant et universitaire canadien, et auteur (entre autre) de Petit cours d’autodéfense intellectuelle (éditions Lux)
  • Eva Illiouz, sociologue critique de la psychologie positive, et autrice (entre autre) de Happycratie – Comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies (éditions Premier Parallèle)

 

Cultiver l’esprit critique chez les enfants

Thomas Durand propose quelques pistes pour cultiver l’esprit critique des enfants :

  • faire d’un jeu le fait de trouver ses propres erreurs (plutôt que cultiver la peur de l’erreur qui serait une faute morale ou le signe d’un manque d’intelligence);
  • rendre les sciences plus attrayantes à travers le tâtonnement, les essais-erreurs, la manipulation et des expériences qui démontrent que ce qu’on perçoit et ce qu’on croit être réel sont différents (faire des sciences, c’est chercher des erreurs !) – voir le site de La main à la pâte;
  • en tant qu’adulte, reconnaître ses erreurs et s’excuser auprès des enfants;
  • encourager les questions ouvertes des enfants et leur demander régulièrement ce qu’ils pensent et pourquoi ils pensent ce qu’ils pensent;
  • reconnaître qu’on n’a pas toujours la réponse aux questions des enfants puis chercher ensemble;
  • pratiquer la philosophie avec les enfants (lire -> Ateliers philo à la maison (et en classe) : l’éveil à la réflexion personnelle, priorité d’une éducation consciente et non violente).

Thomas Durand rappelle que les croyances sont contagieuses et que les adultes ont la responsabilité de se demander pourquoi ils pensent ce qu’ils pensent.

 

Thomas Durand a notamment participé à l’ouvrage Des têtes bien faites : défense de l’esprit critique (éditions Presses Universitaires de France). Dans cet ouvrage, un collectif de chercheurs en psychologie et en sciences s’efforce de définir l’esprit critique et donne des pistes pour une éducation à l’esprit critique.

Ils y rappellent que l’esprit critique est défini selon deux dimensions :

  • l’habilité : la capacité à utiliser les outils de la pensée critique,
  • la disposition :la propension à utiliser spontanément la pensée rationnelle.

Certaines dispositions les plus fréquemment admises sont la curiosité, l’ouverture à la nouveauté et une certaine flexibilité dans la considération des opinions d’autrui, une capacité à saisir les opportunités permettant l’usage de l’esprit critique, la valorisation d’avis alternatifs, la capacité à reconsidérer son avis et enfin une justesse et une honnêteté dans l’appréciation des avis et opinions. Par exemple, Rose-Marie Farinella, enseignante en CM1 et CM2, décrit les séquences d’éducation aux médias qu’elle a mises en place auprès de ses élèves.

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