L’amplification émotionnelle : quand les émotions sont ignorées, elles deviennent plus fortes.
Selon Susan David, le refoulement des émotions et la fausse positivité émotionnelle sont des réponses rigides. Quand les émotions sont ignorées, elles deviennent plus fortes. Les psychologues appellent cela « amplification émotionnelle ». Nous ne contrôlons pas nos émotions désagréables en les ignorant : ce sont elles qui finissent par nous contrôler. La douleur intérieure finit toujours par sortir et quelqu’un paie toujours le prix : nous, nos enfants, nos collègues, toutes les personnes qui nous côtoient.
L’agilité émotionnelle est l’alternative au modèle de la pensée positive.
Susan David est l’autrice du livre L’agilité émotionnelle : Accueillir ses émotions et les transformer (éditions J’ai Lu) dans lequel elle affirme que l’agilité émotionnelle est l’alternative au modèle de la pensée positive : c’est la capacité à accueillir et à accepter nos émotions pour en tirer parti afin d’aller de l’avant. Cela ne veut pas dire simplement accepter toutes les émotions, mais être ouvert à toutes les émotions pour comprendre ce qui est touché et les valeurs, les motivations, les besoins qui sous-tendent ces émotions. L’agilité émotionnelle passe par le fait de bien labelliser les émotions (plutôt que dire “ça va”, chercher les bons mots pour qualifier l’état émotionnel; plutôt que dire “je suis stressé”, chercher les facteurs du stress) puis de prendre en compte les émotions ressenties comme des opportunités d’agir pour façonner la vie dans cette direction. Par exemple, une personne qui éprouve de la rage en lisant les informations valorise l’équité et la justice et cette rage donne l’énergie pour s’engager professionnellement, politiquement, associativement.
En effet, seuls les gens morts n’ont jamais de sentiments désagréables ou difficiles. La nature a doté les humains d’une large palette d’émotions afin de vivre, avec tout ce que la vie comporte d’imprévus. Seuls les gens morts ne sont jamais stressés, n’ont jamais le cœur brisé, ne connaissent jamais la déception qui accompagne un échec. Susan David va même plus loin en affirmant que l’inconfort est le prix d’entrée dans une vie qui a du sens.
Quand nous mettons de côté des émotions normales pour embrasser une fausse positivité, nous perdons notre capacité à développer l’aptitude de faire face au monde tel qu’il est et non comme nous aimerions qu’il soit. Des centaines de personnes m’ont dit ne rien vouloir ressentir. Ils disent des choses comme : « Je ne veux pas essayer car je ne veux pas être déçu. » Ou : « Je veux juste que ce sentiment disparaisse. » Je leur dis que je comprends mais que ce sont des objectifs de gens morts. – Susan David
Avoir conscience de nos erreurs, de nos émotions et de nos compétences pour relire le passé contribue à diminuer l’effet du déclencheur (par exemple : “Je suis déjà passée par là, c’est vrai que c’est un peu effrayant un début et j’ai déjà montré que j’en étais capable”.)
L’amplification émotionnelle chez les enfants
Les enfants apprennent de leurs parents à différencier ce qui est dangereux de ce qui ne l’est pas dans leur environnement. Les émotions étant contagieuses, quand un parent éprouve de la peur ou un malaise dans une situation donnée, alors l’enfant risque d’éprouver ces mêmes émotions même si ce parent ou un autre adulte essaie de le raisonner en lui expliquant qu’il n’y a pas de raison objective d’avoir peur. En effet, les enfants prennent leurs informations sur le monde à partir des réactions de leurs parents car ils ne connaissent pas le monde et leurs parents étant leurs figures d’attachement, ils se fient à leurs émotions et réactions d’adultes.
Dans certains cas, l’adulte ne parvient pas à être un “cerveau de secours” émotionnellement mature pour permettre à l’enfant d’explorer, d’apprendre, de prendre des initiatives, tout en étant assuré de pouvoir revenir vers son parent pour y trouver le réconfort nécessaire en cas de besoin.
Parfois, un parent peut éprouver de la panique face à la souffrance de son enfant (tristesse, peur) et cela peut conduire à l’amplification de l’anxiété de l’enfant. Cela peut se traduire par un parent qui dramatise les petits bobo au risque que l’enfant ne puisse pas faire confiance à ses sensations personnelles et doivent finalement rassurer son parent dans une inversion des rôles et une impression de ne jamais être pris réellement au sérieux, ou bien que le monde est trop dangereux pour y mener une vie active, enthousiaste, en confiance.
Il est possible de développer la pensée ouverte pour interrompre l’amplification émotionnelle liés aux généralisations abusives et pour résister aux phénomènes de contagion émotionnelle.
Par exemple, enseigner la pensée ouverte peut passer par le fait d’éviter les généralisation en évitant les mots toujours, jamais, tous/ toutes les… Plutôt que dire “Je n’arrive jamais à me contrôler”, on peut enseigner à un enfant à penser “C’est vrai que souvent, je n’arrive pas à me contrôler mais quelques fois, maintenant, j’y arrive. Je sais que j’en ai été capable et que je peux le faire à nouveau. Je sais quoi faire ou à qui demander.”
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Source : L’agilité émotionnelle de Susan David (éditions J’ai Lu). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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