Je reçois assez régulièrement des messages de parents qui me demandent comment gérer le coucher des enfants dans la bienveillance… et j’avoue que je suis bien embêtée pour y répondre car les histoires de sommeil ne sont pas tout à fait réglées chez nous non plus :-).
Certaines périodes se passent très bien puis il y a des « rechutes » où ma fille dort mal, pleure pour s’endormir, se réveille dans la nuit… et là, je pratique le cododo de façon intensive jusqu’à ce qu’elle soit prête à retourner dormir dans son lit d’elle même (elle a 5 ans et demi). J’ai passé des moments très difficiles à vouloir absolument la faire dormir dans son lit tôt, entraînant des conflits, des hurlements, des crises de nerfs. J’en ai témoigné dans cet article.
Finalement, j’ai lâché prise en me disant que des phases de cododo sont des solutions qui me conviennent à elle et à moi lors de périodes de nuits et couchers difficiles. Je lui répète qu’elle retournera dans son lit quand elle se sentira prête. Mais elle ne s’endort seule que depuis peu (en tout cas, jusqu’à 4 ans, je devais rester à côté d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme + elle paniquait aussi quand je n’étais pas à côté d’elle quand elle se réveillait). Même si je la couche dans mon lit (je suis maman solo), il arrive qu’elle ne veuille pas s’endormir sans moi à ses côtés.
J’ai mis en place un rituel que nous aimons bien toutes les deux : on se raconte chacune les 3 choses qu’on a préférées de la journée tous les soirs après l’histoire (les “3 kifs par jour“). Avec des enfants plus jeunes, il serait possible que les parents prennent la parole pour leur rappeler les bons moments passés ensemble dans la journée.
Cela peut aussi passer par un concours de sourires devant le miroir au moment du bain ou du lavage de dents. L’idée est d’aborder le coucher avec des émotions positives aussi bien pour les enfants que pour les parents (car je sais que les parents qui subissent des couchers difficiles redoutent ce moment et finissent par communiquer leur stress à leurs enfants même sans le vouloir… et gare à la prophétie auto-réalisatrice :-) ).
Ensuite, on parle de la journée du lendemain (ce qu’on va faire, qui on va voir, ce qu’on va manger, ce que je ferai quand elle sera à l’école, à quelle heure on se retrouvera…) et je lui raconte qu’on se fera un gros câlin dès le réveil avec des sourires et des bisous pour commencer la journée de bonne humeur.
On passe aussi beaucoup par la méditation et les massages. En ce moment, ma fille aime bien les méditations issues du livre Histoires d’ailleurs : Petits contes de sagesse bouddhiste.
J’ai notamment parlé de la méditation de l’arc en ciel dans cet article. Nous avons aussi pratiqué la méditation du coucher proposée dans le livre Calme et attentif comme une grenouille.
Pour les massages, j’ai tiré mes inspirations de ces deux livres : 100 jeux avec Namasté pour la concentration, les émotions et la socialisation et Respiration et mouvements de bien-être pour les enfants et leurs parents. Ma fille aime particulièrement le massage de la pluie dont je parle ici.
A côté de ça, j’ai aussi tenté l’homéopathie et l’ostéopathie (sans franc succès malheureusement… à savoir que ces approches sont considérées comme des pseudomédecines).
Pour faire passer mes besoins de calme et de repos, je m’exprime en Messages-Je : “c’est le soir, j’ai besoin de calme et de tranquillité”, “j’ai besoin de dormir car si je manque de sommeil, je risque d’avoir un accident de voiture demain”. Ma fille sait que j’ai besoin de temps calme le soir après 21h donc si elle veut se relever, jouer, écrire, dessiner ou lire, elle doit le faire en silence et sans me déranger. Parfois, elle vient me faire un câlin, demande un bisou mais on a trouvé une solution « gagnante-gagnante » qui lui permet de gérer ses besoins en sommeil en autonomie (elle va se coucher quand elle est fatiguée) et qui me permet de travailler ou de me détendre le soir. En général, elle reste au calme car je lui ai bien dit que j’avais besoin de travailler quand elle est supposée dormir. Je profite en effet du soir pour préparer des séquences pédagogiques ou pour rédiger des articles sur le blog. Je suis sur l’ordinateur et elle est en général sur la table basse à côté de moi. Elle dessine, elle écrit, elle joue aux poupées ou à des jeux de construction.
Parfois, il y a des loupés : elle me grimpe dessus, me dit qu’elle a pas envie que je travaille. Du coup, c’est 5 minutes de câlins puis je lui reprécise mon besoin de calme et notre « contrat » : ok pour qu’elle reste éveillée mais elle me laisse travailler sans m’interrompre, sinon elle retourne au lit (quitte à lire ou jouer mais dans le lit, pas dans la même pièce que moi).
On s’en sort pas mal comme ça. Parfois, elle retourne au lit d’elle même quand elle est fatiguée, parfois elle attend que j’ai fini pour qu’on y aille ensemble.
Quand l’enfant dit qu’il a peur du noir, il peut parfois être intéressant de lui poser directement la question : ” tu ne veux pas dormir car tu as peur de ne pas te réveiller ou peur de ne pas me revoir demain ?“. En fonction de ses réponses, il est possible de le rassurer avec des mots comme :
- « je serai là pour toi toute la vie, aujourd’hui, demain et tous les autres jours »,
- « je te quitte ce soir et je te retrouve demain matin »,
- « dans ton lit, tu es en sécurité »,
- « la nuit , même quand je ne te vois pas, je continue de t’aimer »,
- “je suis dans la pièce juste à côté”
Dans ces cas-là, on peut laisser une lampe de poche à l’enfant en lui expliquant qu’il a le droit de la garder près de lui et de l’allumer dès qu’il sent la peur monter en lui (que ce soit au coucher ou au réveil). Pour ma fille, c’était une petite veilleuse en forme d’étoile qui clignotait de toutes les couleurs.
J’avais écrit plusieurs autres articles au sujet du coucher dans lesquels puiser des idées de lecture pour accompagner les enfants lors de ces moments difficiles pour eux et pour nous :
- des livres avec des histoires amusantes et tendres que j’ai utilisés avec ma fille comme médiateurs pour accompagner le coucher ici
- une sélection de 7 livres pour lutter contre la peur du noir et « démystifier » l’obscurité à ce lien
- des mots rassurants à dire aux enfants qui ont peur du noir
- quelques astuces de mamans face aux couchers difficiles
Quoiqu’il en soit, je sais que les couchers peuvent virer au cauchemar et que les parents dans ce cas rêvent d’une soirée tranquille, d’une nuit reposante. Je peux quand même vous assurer que les nuits et les couchers difficiles ne dureront pas toute la vie et que j’ai moi-même réussi à retrouver des nuits paisibles (même s’il y a encore quelques « ratés », j’arrive [parfois] à coucher ma fille sans pleurs et à une heure correcte et il y a même des nuits complètes sans réveil nocturne maintenant… youhou !!!). Ma ligne de conduite est de ne pas la laisser pleurer et de pratiquer le cododo tant qu’elle en a besoin (voir mon article sur les 7 mythes infondés autour du cododo).
Par exemple, hier soir, ma fille s’est endormie dans sa cabane. On avait fait une cabane au milieu du salon et elle a insisté pour dormir dedans cette nuit. Elle l’a aménagée comme elle voulait : des couvertures, des coussins et des tapis par terre; une tendue pour faire le toit; du bazar bien à elle (des cahiers, des crayons, son gros Winnie); sa petite veilleuse. Cela faisait trèèès longtemps qu’elle ne s’était pas endormie seule et de si bonne heure… comme quoi, tout n’est pas définitif et les couchers difficiles finissent par s’apaiser un jour ou un autre.
PS : on a passé 3 heures dehors après l’école, à marcher, à jouer, à grimper, à glisser… il n’y a rien de telle qu’une bonne fatigue physique :-).
Je vous souhaite de retrouver la sérénité lors de vos prochaines soirées et une pensée à tous ces “durs à cuire du sommeil”.
>>> Un livre qui m’a confortée dans mon choix du cododo (et de l’éducation bienveillante en général) : Serre-moi fort de Carlos Gonzales.