Ma fille s’énerve quand elle ne réussit pas quelque chose. 

mon enfant s'énerve

Avant ses 6/7 ans, ma fille avait tendance à s’énerver quand elle ne réussissait pas quelque chose. Elle voulait tout savoir faire du premier coup et entrait dans des crises de rage quand elle n’y arrivait pas. Elle pouvait déchirer ses feuilles, lancer ses crayons, crier, pleurer, taper du pied.

Isabelle Filliozat explique que c’est un passage que certains enfants vont vivre plus ou moins intensément et durablement (surtout les petites filles).

Au début, j’essayais de la raisonner, de lui dire que ce n’est pas la peine de se mettre dans ses états-là mais ça ne faisait qu’empirer les choses. Grâce à mes lectures sur la parentalité bienveillante, j’ai progressivement appris à mieux l’accompagner dans ses crises qui sont heureusement de moins en moins fréquentes. Le pic des crises a eu lieu quand elle avait 5 ans et demi et le temps a joué en notre faveur : elle a progressivement réussi à mieux maîtriser les gestes de sa main, à dessiner et colorier, à écrire. Elle a appris avec le temps à remonter sa fermeture sans la coincer, à casser les oeufs sans mettre de coquilles dans le plat… autant de choses qui la mettaient dans des états pas possibles il y a encore quelques années.

Pendant la crise

  • J’évite les phrases du type “c’est pas grave“, “c’est rien“, “c’est pas la peine de t’énerver“, “calme toi‘.”

Pour l’enfant, c’est grave ! Et de toute façon, son cerveau est trop immature pour qu’il soit capable de se calmer seul.

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  • Je l’accompagne sans m’énerver ou faire à sa place.

Isabelle Filliozat conseille de respirer un bon coup face à ce type de crises et de regarder l’enfant pester et rager. On pourra redonner une feuille à l’enfant s’il s’énerve au moment de dessiner et rester à côté de lui à chaque fois qu’il recommence jusqu’à ce qu’il réussisse.

On pourra l’accompagner de paroles compréhensives mais pas intrusives ni jugeantes :

C’est énervant quand ça ne se passe pas comme tu veux.

Cela peut être difficile de…

Recommence autant de fois que tu en as besoin, tu peux y arriver même si ça prend du temps.

Tu peux être fâché(e) mais je ne te laisserai pas jeter tes affaires. Tiens, voilà une autre feuille. 

  • J’apporte une aide utile

L’aide utile est celle dont l’enfant a besoin, pas celle qui est imposée ou celle qui fait à la place. On pourra demander à l’enfant s’il a besoin d’aide, on attendra d’avoir sa permission avant de lui donner un conseil sous forme de proposition :

est-ce que tu serais d’accord pour que je t’aide ?

et si tu essayais comme ça ?

qu’est-ce que ça donnerait si tu faisais comme ça ?

Lire cet article en complément : Comment doser notre aide pour aider utilement nos enfants (inspiré de la pensée Montessori) ?

 

  • La crise est très forte et dégénère en accès de violence

Un enfant qui se met en colère parce qu’il ne réussit pas à atteindre un objectif qu’il s’est fixé est normal, dans le sens où l’enfant extériorise sa douleur. En revanche, si l’enfant se montre violent et a des gestes qui partent dans tous les sens comme s’il n’arrivait plus à se contrôler, c’est qu’il a accumulé trop de stress : ce n’est plus de la colère, c’est de la décharge de stress.

Isabelle Filliozat utilise l’expression : “On a mis du carburant de Porsche dans son cerveau”. Dans ce cas, l’enfant a besoin de l’aide d’un cerveau d’adulte capable de réfléchir sans se laisser submerger par des émotions : c’est aux adultes de contenir physiquement l’enfant sans lui faire mal.

Les causes de cette crise de violence vont au delà du déclencheur : peut-être de l’insécurité à l’école/ à la crèche/ chez la nounou/ dans le couple des parents/ dans la famille (exemple : l’arrivée d’un bébé), des changements comme un déménagement/ la perte d’un proche ou d’un animal… Toute une batterie d’émotions non entendues, non formulées et non comprises ressortent après avoir été accumulées. L’enfant a alors besoin d’être “rassemblé” physiquement pour se sentir en sécurité.

Après avoir maintenu l’enfant le temps que la crise passe, il s’agit alors de partir à la recherche des blessures non exprimées de l’enfant et d’écouter ce que cela pourrait être :

qu’est-ce que mon enfant est en train de me dire par ce comportement ?

En dehors de la crise

  • Passer par le jeu pour dédramatiser les erreurs

Il se peut que quelqu’un dans l’entourage de l’enfant (dans la famille ou à l’école) soit trop exigeant. L’enfant ressent cette pression de bien faire et ne se donne pas la permission de faire des erreurs. On va alors redonner cette permission à l’enfant par le biais du jeu.

On pourra faire un concours d’erreurs lors d’un jeu par exemple : celui qui gagne est celui qui fait le plus d’erreurs. On insistera bien là-dessus : “je veux plus d’erreurs !”

On pourra aussi se raconter nos erreurs à la fin de la journée ou de la semaine :

Je vais te raconter ma plus grosse erreur de la journée/ de la semaine. Et toi, quelle erreur as-tu fait aujourd’hui ? qu’est-ce que tu as ressenti ? tu as appris quelque chose ? comment tu vas faire la prochaine fois dans cette même situation ?

 

  • Des phrases à dire pour aider les enfants à surmonter leur peur de l’erreur et de l’échec

Voici quelques exemples de phrases à dire aux enfants pour les aider :

Plus on fait d’erreurs, plus on essaie. 

Il n’y a jamais d’échec, il n’y a que des expériences.

J’ai confiance en toi.

Plus tu vas t’entraîner, plus tu augmentes tes chances de réussir.

Tu as continué, même quand c’était dur.

On ne peut pas s’améliorer tant qu’on n’a pas fait un premier pas. La 40ème essai sera meilleur que le premier.

Tu n’y arrives pas ENCORE.

Lire cet article pour plus de phrases à répéter à nos enfants pour les aider à surmonter la peur de l’échec : ici.

 

  • Les neurones miroirs activés quand nous nous énervons nous-mêmes face à quelque chose que nous n’arrivons pas à faire

Quand les enfants nous voient agir et réagir, leurs neurones miroirs s’activent : c’est comme s’ils faisaient eux-mêmes cette action. C’est ainsi que les attitudes et comportements auxquels les enfants sont exposés deviennent leurs propres habitudes.

Notre exemplarité parentale est cruciale dans la modélisation des comportements des enfants en raison de la présence de ces neurones miroirs. Si nous avons tendance à perdre patience face à quelque chose que nous n’arrivons pas à faire, nos enfants auront tendance à reproduire ce même comportement.

Nous pouvons alors proposer aux enfants quelques outils de régulation émotionnelle (des exercices ici ou ici) ou comment nous accueillons et verbalisons notre colère pour ne pas y céder.

Une autre piste à creuser : tout n’est pas toujours psychologique

Isabelle Filliozat affirme : “Les enfants d’aujourd’hui n’ont pas le même carburant que les enfants d’hier.” Elle met en garde contre plusieurs aliments qui peuvent déclencher des crises de violence chez les enfants :

  • le sucre
  • le gluten
  • le lait
  • les additifs et colorants alimentaires
  • le sel
  • le phosphate

Certains additifs sont susceptibles de déclencher des comportements d’activité élevée, voire désordonnée. L’Union Européenne a forcé les industriels à apposer des avertissements sur les effets néfastes pour la santé sur les étiquettes de certains aliments.

Certains enfants peuvent se montrer particulièrement irritables quand ils “ont les vers”. Le vermifuge peut être une option à explorer.

Des troubles neurologiques peuvent également être à l’origine de troubles de l’humeur et les professionnels de santé (pédiatres, médecins et neuropsychologues) sont les personnes ressources les plus compétentes à solliciter en cas de problème avec un impact significatif sur la santé et le bien-être de l’enfant.

Pour aller plus loin : Quand les comportements des enfants n’ont pas de cause émotionnelle

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Pour aller plus loin sur les sujet des crises émotionnelles, de la colère et de toutes les autres émotions des enfants, je vous recommande le livre d’Isabelle Filliozat “Au cœur des émotions de l’enfant : comment réagir aux larmes et aux paniques (éditions Poche Marabout).

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