Faut-il souffrir et payer pour apprendre à “bien” se comporter ?
Des pistes pour apprendre et développer l’auto discipline sans souffrir
Voir les erreurs comme des opportunités d’apprentissage
On pourrait proposer plusieurs étapes pour utiliser l’erreur comme une opportunité d’apprentissage.
De l’empathie pour la cause du comportement inapproprié
Poser des mots sur les émotions et les besoins de l’enfant afin de l’aider à exprimer sa souffrance.
Un temps de pause pour privilégier la relation
Proposer à l’enfant d’aller dans son espace de retour au calme
Nous calmer : prendre un temps de respiration, s’isoler aux toilettes, sucer un carré de chocolat noir, souffler dans une paille, boire un verre d’eau…
Poser des questions ouvertes
Une fois la souffrance qui a mené au comportement inapproprié exprimée, la résolution de problèmes peut commencer. Les questions ouvertes balaient la description des faits, les comportements, les pensées et les sentiments des différents protagonistes; font prendre conscience de ce que chacun a pu ressentir; puis ouvrent sur des solutions possibles.
Que penses-tu de ton geste ? de ton attitude ?
Qu’est-ce que tu essayais de faire ?
Qu’est-ce que tu t’es dit ?
Comment penses-tu que l’autre se sent ?
Si toi même tu avais subi ça, qu’aimerais-tu qu’on te fasse ?
Comment est-ce que tu peux réparer ?
De quoi aurais-tu besoin ?
Que pourrais-tu faire ?
Selon les cas :
Rechercher des solutions : l’enfant lui même ou l’enfant et le(s) parent(s) listent des solutions potentielles au problème. Cela peut se faire sous forme de brainstorming où chaque idée est accueillie puis évaluée en fonction des besoins de chacun. Les différentes options sont étudiées et seule(s) est(sont) retenue(s) la(les) idée(s) qui convienne(nt) à chacun.
Trouver une réparation : lire cet article
Prendre ses responsabilités et assumer les conséquences dans le cas d’une infraction à une règle/loi/contrat
Un des éléments clés de l’éducation est de faire passer aux enfants l’idée que reconnaître sa responsabilité (dans un dommage matériel ou une blessure causée à autrui, dans une insulte ou un accident) et manifester de la compassion est preuve d’intelligence et de grandeur d’âme, pas de faiblesse et encore moins d’humiliation.
Formuler les apprentissages retirés
Qu’as-tu appris de cette expérience ?
Qu’est-ce qui a changé en toi ?
Le coin (ou isolement) : une alternative non violente ?
Faber et Mazlish écrivent qu‘un enfant qui se comporte mal n’a pas besoin d’être séparé des membres de sa famille. Il a besoin d’être arrêté et qu’on lui indique une autre direction :
Je ne te laisserai jamais frapper/ insulter/ casser/ faire de mal. Tu peux dire les choses avec des mots, dis comment tu te sens et de quoi tu as besoin.
Un enfant qui se comporte mal a plus besoin d’une mise en contact avec un adulte qui se soucie de lui, qui fait preuve d’empathie, qui peut l’aider à reconnaître ses émotions et qui va l’aider à trouver des meilleurs solutions de les exprimer.
Par exemple, on pourrait dire à un enfant qui tape son frère ou sa sœur : “Ce n’est pas facile d’avoir un petit frère/ une petite sœur qui te pousse et t’embête. Aujourd’hui, tu es tellement en colère que tu l’as tapé(e). Je ne permettrai jamais à un de mes enfants d’en taper un autre. Par contre, je peux t’aider à faire une liste de choses que tu pourrais faire à la place si il/elle t’embête encore.”
Cette liste pourrait être faite conjointement avec les idées de l’enfant et du parent (comme par exemple, repousser la main doucement, donner une feuille de papier et du crayon pour que l’autre enfant dessine, lui donner quelque chose pour jouer, jouer la porte fermée pour être tranquille, demander de l’aide à un adulte).
Ainsi, les enfants ne se perçoivent pas (et ne sont pas perçus) comme des personnes méchantes qu’il faut éviter mais plutôt comme des personnes responsables, qui connaissent plusieurs façons de s’occuper de leur propre colère.
Connaître les principaux facteurs de stress pour réagir avec compréhension
Qu’est-ce que je vise en tant que parent ? Me décharger de mes tensions, contrebalancer mon sentiment d’impuissance ? Protéger un cadet, assurer la sécurité physique de mon enfant, le rassurer, lui enseigner une compétence ou une valeur, pallier son immaturité cérébrale, l’aider à développer son cerveau préfrontal, restaurer le lien et la confiance mutuelle… ?
Connaître les principaux facteurs de stress permet de réagir aux comportements inappropriés de manière aidante en raisonnant en terme de besoins non satisfaits et d’attachement. Voici quelques raisons qui peuvent expliquer les comportements inappropriés des enfants :
- Le danger ou l’insécurité (pour un enfant, la distance psychique ou physique avec la personne qui prend soin de lui)
- Le déficit d’attachement
- La non satisfaction de besoins physiologiques vitaux (soif, faim, sommeil, mouvement…)
- La non satisfaction de besoins affectifs vitaux (confiance, appréciation, acceptation, appartenance, souveraineté…)
- Le décès d’un proche, d’un animal de compagnie
- Des relations conflictuelles avec l’entourage
- Un manque de prise de risque et d’initiative
- La contrainte et le manque de pouvoir sur les situations
- Les émotions refoulées (peur, colère, tristesse…)
- Les conflits de territoire (mes jouets, mes affaires…)
- Les stimulations sensorielles excessives ou désagréables (bruits, lumières, odeurs…)
- Des facteurs environnementaux : pollution, produits chimiques, nourriture…
- Des demandes inadaptées aux compétences des enfants
Un enfant apprend mieux quand il se sent mieux (quand le lien et la confiance sont maintenus). Un enfant apprend par le sens de la responsabilité personnelle, par la confiance qu’on place en sa capacité à réparer et par la compréhension intrinsèque des règles dans son propre intérêt (sécurité…) et dans l’intérêt de la vie collective.