Focus sur l’amour des pères : passer de aimer un enfant à lui manifester de l’amour

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L’amour pour un enfant ne se mesure pas à ce que le parent ressent et donne, mais à ce que l’enfant perçoit.

Dans son livre Etre père : une place à prendre au quotidien, Olivier Foissac écrit qu’il peut arriver que des pères aiment leurs enfants mais que les manifestations d’amour soit plus difficiles à offrir aux enfants pour eux que cela ne l’est pour les mères. Les pères peuvent être tentés d’estimer qu’un enfant qui ne manque de rien reçoit les preuves d’amour dont il a besoin.

Le problème est que l’amour pour un enfant ne se mesure pas à ce que le parent ressent et donne, mais à ce que l’enfant perçoit. Il peut exister une grande différence entre ce que le parent croit montrer et ce que l’enfant vit, ressent. En effet, l’enfant n’est pas pré-équipé pour décoder les messages virtuels que ses parents croient transmettre. Il a besoin de voir, d’entendre, de ressentir dans sa chair l’amour de ses parents. Or un père peut connaître des réelles difficultés à être en relation avec ses enfants de manière authentique, à se connecter à ce que c’est d’être un enfant, à offrir des manifestations physiques (câlins, massages…) s’il n’a pas connu cela comme une norme et s’il a peur de l’intimité. 

Exprimer ou montrer de l’amour (d’une manière ou d’une autre) peut mettre certains pères mal à l’aise. Cela ne signifie pas qu’ils n’éprouvent pas de sentiments, mais que la manière de les communiquer peuvent être détournées. Ces manières détournées peuvent prendre des formes diverses : une passion partagée, une présence lors des compétitions sportives, la fabrication d’objets, le fait de subvenir matériellement aux besoins de la famille même si cela signifie des absences fréquentes, des cadeaux matériels, des exigences élevées pour pousser les enfants vers le haut… Ce phénomène tient en grande partie à la socialisation des garçons (en lien avec la répression des émotions) et à ce que ces hommes ont reçu eux-mêmes de la part de leur père dans l’enfance (entretenant un cercle où les manifestations d’amour ne sont pas toujours nourrissantes).

Si l’amour peut être une évidence pour le père, il y a souvent un décalage, voire un gouffre, entre l’amour qu’il ressent, sa manière de le transmettre et la perception qu’en aura l’enfant. – Olivier Foissac

Les manifestations d’amour peuvent être teintées d’humour cynique, de rabaissement ou d’ironie. Parfois, l’amour est vu comme quelque chose qui devrait se mériter ou qui est utilisé pour contrôler. Quand les pères ont reçu de l’amour sous cette forme, il peut leur être difficile de fonctionner différemment (pas par malveillance, mais plutôt par habitude et absence de recul sur soi-même). Cela ne signifie pas que toutes les mères offrent des manifestations d’amour inconditionnelles à leurs enfants et que c’est nécessairement facile pour les femmes d’offrir des manifestations d’amour plus explicites. L’histoire personnelle, la personnalité de chaque parent et leurs valeurs (religieuses, culturelles…) entrent en ligne de compte, tant pour les hommes que pour les femmes, mais les femmes sont moins socialisées à réprimer leurs émotions et à limiter les élans d’affection qui passent par le toucher.

Manifester de l’amour à un enfant, c’est construire sa sécurité affective.

Penser que nos enfants savent bien qu’on les aime et qu’il est donc inutile de le leur dire ne permet pas de construire la sécurité affective des enfants. L’absence de démonstrations d’amour peut mener à des questions existentielles chez les enfants (ces questions resteront des tourments à l’âge adulte) :

  • Faut-il être méritant pour être aimé ? dans ce cas-là, à partir de quand est-ce assez ? arriverais-je un jour à être à la hauteur ?
  • Faut-il exprimer son amour en premier pour obtenir de l’amour en réponse, sans savoir si cette réponse viendra ?
  • Faut-il beaucoup donner pour espérer recevoir un peu, quitte à se sacrifier ?

Des manifestations d’amour nécessaires à tout âge : de la naissance à l’adolescence

Les manifestations d’amour passent nécessairement par les cinq sens. Dès sa naissance (et même avant, encore dans le ventre de sa mère), le nourrisson perçoit l’amour de ses parents quand il entend leurs voix douces, quand il sent sur sa peau la chaleur de leur peau, quand il touche en tétant et en malaxant avec ses mains, quand il goûte avec sa bouche, quand il est suffisamment collé à ses parents pour sentir leur odeur, quand des regards tendres s’échangent. Lorsque les sens sont en éveil, l’enfant est mis en contact avec un très fort sentiment de protection et de sécurité. Ces sentiments viennent nourrir des besoins affectifs et relationnels fondamentaux nécessaire à un développement harmonieux.

Au fur et à mesure que les enfants grandissent, ils ont besoin d’autres signes d’amour : des câlins, des rires partagés, des joies entendues et partagées, des moments de jeux, des encouragements verbaux et non verbaux, du réconfort, de l’écoute. Même à l’adolescences, les grands enfants ont encore le besoin vital d’être compris, soutenus, aimés, acceptés. Cela passe par exemple par le fait d’entendre leurs projets de vie ou simplement de faire du sport avec eux.

Pour aller plus loin : Le concept des 5 langages d’amour (et leur application avec les enfants)

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Inspiration : Etre père : une place à prendre au quotidien de Olivier Foissac (éditions Mango). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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