Autorisons les garçons à pleurer ! (reconnecter les garçons avec leurs émotions)

Autoriser garçons à pleurer

Aurélia Blanc est journaliste et autrice du livre Tu seras un homme – féministe – mon fils ! Elle y rappelle l’importance de reconnecter les garçons avec leurs émotions parce que de trop nombreux garçons sont soumis à des injonctions (plus ou moins formelles) les conduisant à réprimer leurs émotions dès leur plus tendre enfance. Aurélia Blanc regrette les conséquences de cette répression émotionnelle.

Certains hommes en paient le prix fort, mais il ne faut pas oublier que ce prix, ils le font d’abord payer aux autres, rappelle néanmoins Sylvie Ayral. Violences familiales, viols, criminalité routière… Les victimes collatérales de cette masculinité toxique sont nombreuses. Sans oublier qu’en parallèle, notre société dépense des sommes – et une énergie – considérables pour s’occuper des hommes et de leurs complexes virils. Aujourd’hui, les conseils de discipline, les classes destinées à lutter contre le décrochage scolaire, les centres éducatifs, mais aussi les infrastructures sportives, les maisons de quartier, censés permettre aux jeunes de canaliser leur énergie, sont presque exclusivement occupés par des garçons.”A l’arrivée, on parle de millions d’heures et de millions d’euros consacrés à la masculinité toxique”, dénonce Sylvie Ayral. – Aurélia Blanc

Avant toute chose, Aurélia Blanc nous invite à autoriser les garçons à pleurer. Les garçons sont plus nombreux que les filles à entendre des petites phrases du type “Arrête de pleurer”, “Mais non ce n’est rien”, ou pire, “T’es pas une fillette quand même” ou encore “Tu pleures comme une fille”.

Pourtant, autoriser les garçons à pleurer, c’est leur permettre d’être pleinement vivants, en lien avec toute la palette des émotions humaines et d’obtenir la sécurité de base dont ils ont besoin pour grandir. Réconforter un garçon qui pleure et faire preuve d’empathie envers lui lui donnera de la force sur le plan émotionnel.

Pour aller plus loin, nous pouvons pousser les garçons à exprimer leurs émotions et à les verbaliser :

  • Accueillir avec empathie les émotions des garçons et les refléter

Aurélia Blanc rappelle que, plus on verbalise les choses, plus l’enfant se sentira autorisé à partager ce qu’il ressent. L’écoute active et empathique est très utile et peut s’apprendre en tant que parents.

Tu sembles (fâché contre)…

Tu es tellement (en colère) que tu as envie de…

Tu n’aimerais pas…

Tu aimerais mieux…

Tu crois que…/ Tu as cru que…

Tu as l’impression que…

Quelque chose (te fait peur/ te met en colère/ te rend triste), c’est ça ? 

C’est vraiment….  qui (te fait peur/ te met en colère/ te rend triste) ?

Tu en as assez de…

Tu aimes vraiment… ? / …, ça te plait beaucoup, on dirait.

Tu as peur de…

Tu es déçu de…

Ça doit être (douloureux/ gênant) de…

Tu as ressenti (de la honte/ de la peine/ de la peur/ de la colère) ?

 

  • Fournir du vocabulaire riche pour nommer les émotions

Souvent, on a tendance à ne pas trop fouiller dans les émotions des garçons, par crainte qu’ils ne deviennent trop émotifs. Résultat, ils sont dans la méconnaissance, ils ne savent pas identifier ce qu’ils ressentent. – Serge Hefez

Il est possible de passer par des jeux ou par des outils afin d’inviter les enfants à construire un vocabulaire émotionnel élaboré.

synonymes des émotions

Pour aller plus loin : 3 jeux pour initier les enfants à l’intensité des émotions (améliorer la conscience des sensations et enrichir le vocabulaire)

 

  • Mettre à disposition des ressources et outils pour exprimer les émotions

L’éducation émotionnelle entraîne une meilleure réussite scolaire, une meilleure qualité des relations, et s’accompagne d’une réduction des conduites agressives et de l’abus de substances psychoactives.

En effet, plus un individu dispose de compétences émotionnelles, mieux il gérera ses rapports sociaux et sa réussite personnelle, tout en ayant moins de risques de stress ou de troubles psychologiques.

Une ressource pour y parvenir : Je joue et je découvre mes émotions : un jeu pour comprendre les émotions en famille (5 ans et +)

je joue et je découvre mes émotions famille

 

  • Apprendre aux enfants à ne pas avoir peur de leurs émotions

Aurélia Blanc rappelle qu’il est normal d’être traversé par une palette d’émotions diverses et parfois désagréables.

Par exemple, ce n’est pas parce qu’ils sont mus par une certaine agressivité qu’ils doivent se détester ou même en avoir honte. C’est important de leur permettre de pointer ça, pour, ensuite, essayer de le transformer en quelque chose de plus constructif – Serge Hefez

Ainsi, comprendre que la colère a une fonction biologique permet de l’accueillir sans la réprimer ni la laisser dégénérer en violence. En effet, colère et violence ne sont pas synonymes. Il est possible d’accueillir la colère des enfants et de leur fournir des outils pour l’exprimer de manière non violente.

escalier de la colère

  • Cultiver la confiance en soi et l’estime de soi

Les garçons qui résistent le mieux aux injonctions virilistes sont ceux qui ont un “socle affectif et psychique très fort”.

Un garçon qui sera respecté, soutenu et valorisé pour ce qu’il est (et non pas pour ce que nous voudrions qu’ils soit) est un enfant qui, en grandissant, aura moins de risque de tomber dans le piège de la masculinité toxique. – Aurélia Blanc

Dans les ressources de son ouvrage, j’ai eu la surprise qu’Aurélia Blanc mentionne mon Cahier positif d’estime de moi-même (en téléchargement gratuit sur le blog). Merci à elle pour cette mention !

  • Cultiver l’empathie et la coopération (plutôt que l’agressivité et la compétition)

L’empathie ne s’enseigne pas : elle se construit par l’exemple dès les premières années de la vie. Or les garçons ont tendance à être traités plus durement que les petites filles (on en revient au “ne pleure pas”, “ne pleure pas comme une fille”). Ainsi, l’éducation bientraitante et consciente participe à cet objectif parce que l’empathie, l’intelligence émotionnelle et la gentillesse s’apprennent dans les relations intimes (pas dans les leçons de morale).

 

Pour aller plus loin, un livre pour les enfants sur le sujet : Les grands garçons pleurent aussi : un album pour remettre en question la censure des pleurs (les garçons – petits et grands – ont le droit de pleurer)

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Source : Tu seras un homme – féministe – mon fils ! de Aurélia Blanc (éditions Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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