Briser le cycle de la maltraitance éducative en tant que parents
Une idée reçue consiste à dire que les parents maltraités deviendront des parents maltraitants. Ceci est faux et il n’est jamais trop tard pour briser le cycle de la maltraitance éducative. Dans son livre Guérir de son enfance, Jacques Lecomte cite certains éléments essentiels facilitant la cessation intergénérationnelle de la maltraitance :
- une capacité élevée de réflexion sur soi-même;
- une capacité à comprendre les motivations et raisons d’autrui (l’empathie);
- la présence d’un conjoint ou d’une conjointe soutenant(e);
- la présence d’un réseau d’amis;
- un cadre institutionnel bientraitant (et en particulier l’activité efficace des services de protection de l’enfance, un cadre législatif qui interdit les violences sur les enfants et un réseau public de soutien parental).
Jacques Lecomte cite une étude d’enfants et de leurs familles à haut risque menée à l’Université du Minnesota depuis 1975 par Egeland et ses collaborateurs. 47 mères ayant subi toutes sortes de sévices dans l’enfance participent à cette étude intitulée Projet mère-enfant. Lecomte rapporte les caractéristiques communes aux mères qui ont réussi à briser le cycle de la maltraitance éducative :
- une relation stable avec leur mari ou compagnon
Comparativement aux mères ayant reproduit la maltraitance, elles décrivaient leurs relations comme plus satisfaisantes et se sentaient mieux soutenues émotionnellement. Ce mari ou compagnon était, dans la plupart des cas, le père de l’enfant, et s’impliquait dans les soins à l’enfant.
- la présence d’un “tuteur de résilience” dans l’enfance
Les mères qui brisaient le cycle rapportaient aussi plus souvent que des parents d’accueil, un proche ou un de leurs parents leur avaient fourni un soutien émotionnel quand elles étaient enfants. Ce tuteur de résilience peut également être un enseignant.
- le suivi d’une psychothérapie à l’âge adulte
Au cours d’une psychothérapie, l’étape la plus importante est peut-être de faire savoir aux ex-maltraités qu’ils ne maltraiteront pas inévitablement leur enfant.
- une conscience vive de la violence et de la souffrance subies dans l’enfance (sans la minimiser ou excuser les parents)
Les mères non reproductrices étaient très conscientes et se souvenaient avec précision de leur passé de maltraitance, dont elles parlaient avec beaucoup d’émotion, et étaient généralement très disertes sur la manière dont elles souhaitaient élever leurs enfants. Elles reconnaissaient les effets que la maltraitance avait sur elles, ainsi que les effets potentiels sur leurs propres comportements en tant que mère.
Ainsi, Jacques Lecomte combat l’idée que les enfants maltraités deviendront des parents maltraitants. Il existe des conditions pour que la maltraitance ne soit pas reproduite et les connaître, les conscientiser permet aux parents maltraités de donner à leurs enfants ce qu’ils n’ont pas reçu eux-mêmes dans leur propre enfance.
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Source : Guérir de son enfance de Jacques Lecomte (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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