“C’est pour ton bien” : quand un adulte impose à un enfant ce qu’il pense savoir être bon pour lui, c’est de la violence psychologique.

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Une forme de violence exercée par les adultes sur les enfants peut venir du fait que les premiers sont persuadés de savoir ce qui est bon pour les derniers. C’est le fameux “c’est pour ton bien” qui s’appuie sur le postulat que l’adulte sait forcément mieux que l’enfant ce dont ce dernier a besoin pour la simple raison que le premier aime le deuxième, est plus vieux ou lui a donné la vie. Cela peut paraître légitime de penser mieux savoir qu’un enfant ce qui est bon pour lui parce que nous avons plus d’expérience qu’eux. Certaines situations nécessitent l’intervention des adultes car on ne laisserait évidemment pas un enfant boire du liquide vaisselle. Cette intervention n’a toutefois pas besoin d’être violente ou humiliante. Il s’agit ici d’utiliser la force pour protéger sans rentrer dans un rapport de force ou dans un jeu de pouvoir.

Dans son livre Manuel d’auto-défense contre les violences psychologiques, Ariane Calvo rappelle que quiconque prétend mieux savoir ce qui est bon pour quelqu’un d’autre est déjà dans un jeu de pouvoir (consciemment ou non).

Personne ne doit vous imposer quoi que ce soit sans vous l’avoir expliqué, proposé et avoir attendu votre consentement. Celui qui veut vous faire croire qu’il sait mieux que vous ce qui est bon pour vous est déjà en train d’amorcer une forme de violence en niant votre identité et votre capacité de dire seul(e) ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas.- Ariane Calvo

En tant que parents, nous pouvons remarquer quand nous sommes dans cette posture avec nos enfants et rectifier le tir en nous rendant compte que nous avons voulu imposer notre volonté. Par exemple, si nous forçons un enfant à finir son assiette en utilisant l’argument du “c’est pour ta santé”, nous risquons de brouiller ses sensations d’appétit et de satiété, de l’éloigner de sa confiance en ses goûts, d’associer nourriture et conflit. Au final, nous n’agissons pas pour son bien. (Lire : Les repas en famille : faire face aux difficultés (enfant qui mange peu, qui se lève de table, qui trie les aliments…) )

Quand un enfant manifeste son refus face à une volonté de son parent et que ce dernier le comprend et lui laisse de la liberté, alors il n’y a pas de violence psychologique. En revanche, si l’interaction ne se poursuit pas de cette façon saine et que l’adulte insiste pour que l’enfant accepte quelque chose ou une situation dont il ne veut pas, cela signifie que l’adulte ne respecte pas l’altérité de l’enfant, son intégrité et ne se préoccupe pas de son consentement.

C’est la systématicité et la répétition de ce type de comportement qui distingue la maladresse de la violence psychologique. Quand l’avis de l’enfant n’est jamais consulté ou respecté, l’enfant finit par développer une blessure traumatique. A l’âge adulte, la personne est convaincue que rien de ce qu’elle suggère, aime ou préfère n’est pertinent. La personne se vit comme inintéressante et indigne d’amour.

De nombreux adultes soumis à la tyrannie du “c’est pour ton bien” sont devenus étrangers à leurs émotions, leurs besoins, leurs envies, leurs plaisirs.

Si nous ne sommes pas en train de répondre aux attentes de l’autre, nous ne sommes jamais sûrs d’être entrain de bien faire. Et pour certains d’entre nous, ne pas bien faire, c’est faire mal, ce qui est pourtant différent. Ne pas faire bien, cela peut être explorer, faire autrement, créer, penser, imaginer, se tromper (et c’est OK), avoir envie d’essayer autre chose, comprendre en testant… Et ne pas faire comme l’autre veut, c’est juste… ne pas faire comme il veut, et non pas “ne pas faire bien”. – Ariane Calvo

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Source : Manuel d’auto-défense contre les violences psychologiques de Ariane Calvo (éditions First). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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