Comment enseigner des compétences aux enfants grâce aux erreurs ?
Aucun de nous n’est parfait, et nos enfants non plus. Comment enseigner des compétences aux enfants grâce aux erreurs ? Éduquer de manière consciente signifie changer le récit autour des erreurs, en passant de « Tu aurais dû savoir ! Tu ne pouvais pas faire plus attention ! Tu es pénible. » à « Que pouvons-nous apprendre de cela ? Comment faire la prochaine fois ? » Ces questions s’appliquent autant aux enfants qu’aux adultes car ces derniers ont la main sur la manière dont la maison et l’emploi du temps familial sont aménagés afin de lever les obstacles dans l’environnement.
Quand un enfant renverse du lait, oublie ses gants à l’école ou « répond », punir n’enseigne pas de compétence à l’enfant et va, au contraire, éveiller de la honte et de la rancoeur en lui. Au lieu de vouloir faire souffrir l’enfant pour qu’il comprenne la leçon, il est possible d’exploiter ce moment comme une occasion d’apprentissage.
Accepter l’imperfection, un premier pas
- Considérer les erreurs comme des opportunités : Plutôt que de réagir avec colère, demandez à votre enfant : « Que penses-tu que nous pourrions faire différemment la prochaine fois ? » Le nous est important car l’éducation est une relation où adultes et enfants ont du pouvoir, des besoins et des idées.
- Être un exemple à imiter en assumant nos erreurs : Quand les adultes font eux-mêmes des erreurs (incluant le fait de crier sur les enfants ou de les accuser à tort), il est possible de le reconnaitre, de dire ce qu’on va faire et de s’excuser si la situation s’y prête. Par exemple, dans le cas d’un oubli, un adulte peut dire devant les enfants : « Oups, j’ai oublié de racheter du lait, j’ai besoin de savoir quand il n’y en a plus. Je vous propose de me le dire dès que vous finissez la bouteille ou de le noter sur le frigo. Avez-vous une autre idée pour m’y faire penser quand vous finissez la bouteille ? »
- Aider à trouver des solutions : Si votre enfant oublie ses devoirs, aidez-le à réfléchir à des moyens de s’en souvenir la prochaine fois (comme programmer un rappel ou préparer son sac la veille). Dans le cas d’un enfant qui ne veut pas mettre un détritus à la poubelle, on peut accompagner le geste gentiment, sans forcer l’enfant. Si celui-ci résiste, on montre simplement le geste en verbalisant : “Oui, comme ça.”
Prendre en compte les blessures du passé
Beaucoup d’entre nous abordent la parentalité en traînant des bagages de notre propre enfance. Involontairement, ces blessures peuvent s’infiltrer dans nos manière d’éduquer, à travers des paroles blessantes, des gestes qui ne respectent pas le consentement de l’enfant, des méthodes qui reposent sur la violence physique ou psychologique (fessée, isolement forcé, tape sur les doigts…) ou des attentes irréalistes. Ces approches portent atteinte à la dignité de l’enfant et à son intégrité physique.
Rompre ce cycle passe en partie par le fait de prendre soin de nos blessures émotionnelles. En travaillant sur soi – que ce soit par la thérapie, la réflexion personnelle, la lecture, la discussion avec des proches ou l’écriture d’un journal – on crée un espace émotionnel où l’enfant peut s’épanouir sans porter le poids de nos bagages.
Comment amorcer une éducation consciente ?
- Reconnaître vos déclencheurs : Identifiez les situations où vous réagissez de manière excessive (par exemple, les devoirs ou le moment du coucher). Demandez-vous si ces émotions sont liées à vos propres attentes non satisfaites et à des rôles rigides (les enfants doivent faire ça, la fin justifiant des moyens coercitifs) ou des exigences trop élevées (les compétences de régulation des émotions, de compréhension des consignes ou même de contrôle de ses mouvements étant en cours de développement).
- Valider l’expérience de votre enfant : Si vous remarquez que vous projetez vos attentes, il est possible de prendre du recul et de dire : « Je suis désolé(e) de t’avoir mis trop de pression. C’est vrai que c’est difficile. Qu’est-ce que tu préfèrerais ? »
- Investir dans le soin de soi : Vos besoins comptent aussi et cette question peut être abordée en couple afin que les deux partenaires prennent en charge leur part de manière équitable pour chacun et que le couple soit une ressource.
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Pour aller plus loin, je vous recommande la lecture de mon livre La co-éducation émotionnelle : s’élever en même temps qu’on élève les enfants (éditions Hatier) vous donnera des pistes pour raisonner autrement face aux comportements des enfants qui nous mettent en difficulté. Il est disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.
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