4 sources de comportements inappropriés des enfants (et comment y faire face avec bienveillance)

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1.Un (ou plusieurs) besoins insatisfaits

Les besoins des enfants peuvent être de diverses natures :

  • physiologiques (l’enfant a-t-il faim ? soif ? sommeil ?…)
  • physiques (l’enfant a-t-il besoin de se dépenser ou défouler physiquement ? de prendre l’air ? de contact avec la nature ?…)
  • affectifs (l’enfant a-t-il besoin de protection ? d’amour ou de manifestations d’amour ?…)
  • relationnels (l’enfant a-t-il besoin d’attention ? d’appartenance ? de partage ? de respect ?…)
  • estime de soi (l’enfant a-t-il besoin d’affirmation de soi ? de prendre des initiatives ? d’autonomie ?…)

Quand on est capable d’identifier les besoins derrière les comportements, on peut les combler : le comportement difficile disparaît alors. S’il n’est pas possible de combler le besoin, on peut écouter avec empathie les émotions de l’enfant qui émerge liées à ce besoin insatisfait.

Pour aller plus loin : Accueillir une émotion par l’écoute empathique : comment s’ajuster et raisonner en termes de besoins ?

2.Une expérience dont l’enfant ne maîtrise pas les conséquences

Quand une expérience menée par l’enfant présente un danger (pour lui-même ou pour les autres), il est possible d’utiliser la force protectrice pour l’empêcher d’agir. La force protectrice n’est pas synonyme de violence ou de brutalité.

Marshall Rosenberg, concepteur du processus de Communication NonViolente, fait une différence entre l’usage protecteur et l‘usage punitif de la force.

Rosenberg estime que, dans certaines circonstances, nous pouvons être amenés à utiliser la force protectrice (comme pour retenir un enfant sur le point de traverser la rue sans regarder).

La différence entre l’usage protecteur et l’usage punitif de la force réside dans l’intention : est-ce que nous utilisons la force pour protéger ou pour punir ? Pour Marshall Rosenberg, une manière de le faire est de vérifier nos pensées au moment  où nous décidons de recourir à la force. Un adulte qui fait usage de la force dans le but de punir  a porté un jugement moralisateur qui l’amène à penser que l’enfant mérite d’être puni et doit souffrir pour payer ce qu’il a fait. L’usage de la force protectrice risque de déclencher un sentiment d’impuissance chez l’enfant (qui se traduira probablement par une crise de rage). Cette crise de rage peut être accueillie avec patience et bienveillance pour ce qu’elle est : la colère est l’émotion normale et saine pour se remettre d’une frustration et l’enfant en colère est précisément en train de rétablir son équilibre.

En parallèle, il est possible de chercher une alternative aussi intéressante pour l’enfant en redirigeant sa volonté d’apprentissage et d’expérimentation vers une activité OK pour tous.

3.Une immaturité motrice (maladresse)

Les jeunes enfants (mais aussi les moins jeunes) peuvent faire preuve de maladresse plusieurs fois au cours d’une journée (renverser un verre, faire tomber leurs couverts, se tâcher de dentifrice le matin juste avant de partir, casser un objet qui nous tient à coeur…). Nous avons souvent tendance à nommer ces maladresses des “bêtises” et à mettre des étiquettes sur les enfants (“tu es maladroit“, “tu es un vrai Gaston Lagaffe”). Or ces réactions n’ont pas de valeur éducative : elles n’enseignent aucune compétence aux enfants et contribuent à détériorer le lien parent/enfant.

Nous pouvons agir avec nos enfants comme avec des invités : plutôt que les disputer pour leur maladresse, nous pouvons les rassurer sur le fait que ce n’est pas très grave et que nous allons ramasser (en fonction de l’âge de l’enfant, il est possible de ramasser ensemble ou de lui indiquer la place de l’éponge ou du balai pour qu’il puisse ramasser lu-même).

4.Un changement dans son environnement

Certains changements, qui peuvent nous paraître bénins à nous adultes ou alors dont nous sous-estimons l’importance aux yeux des enfants, peuvent entraîner des comportements difficiles chez eux. Quand on comprend l’origine d’un comportement, on peut faire preuve de plus de souplesse pour considérer ce comportement comme un “appel au secours” plutôt que comme un affront personnel ou un défi à notre autorité.

Il peut s’agir d’un déménagement, d’une séparation parentale, d’une entrée dans une nouvelle école, de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur, un deuil dans la famille mais aussi moins, de manière moins spectaculaire, d’une mauvaise passe dans le couple parental, de problèmes financiers (même “cachés” aux enfants) ou encore de mésentente avec la belle-famille.

Une manière d’aborder ce type de problème, en parallèle de l’écoute empathique, peut passer par le jeu. Patty Wipfler est la fondatrice de l’approche « Grandir Main dans la Main ». Elle a conçu l’expression “jeu-écoute” qui est une forme d’écoute dans laquelle les parents montrent leur désir de savoir ce que l’enfant pense et ressent en lui donnant clairement le rôle le plus puissant dans le jeu.

Le jeu-écoute permet aux enfants de montrer leurs soucis et leurs problèmes à leurs parents de manière non douloureuse et non violente.

Patty Wipfler prend l’exemple d’un enfant qui veut taper un des ses parents. Cet enfant montre à ses parents qu’il a un problème. Patty Wipfler  conseille de jouer à se tortiller et à essayer de s’échapper, ou à glapir et à dire de manière théâtrale “Non ! Ne me tape pas ! A l’aide !”. Dès lors, l’enfant peut rire et continuer sur un mode ludique.

Ce jeu de renversement permet à l’enfant de laisser paraître ses sentiments et ses problèmes, tout en déchargeant son énergie dans un cadre protecteur. Certaines fois, des sentiments plus profonds feront surface qui peuvent mener l’enfant aux larmes (des pleurs qui viennent du fond du coeur). Ces pleurs peuvent précisément émerger parce que le jeu et les rires ont profondément rassuré l’enfant et qu’il se sent suffisamment en confiance pour montrer ses émotions les plus douloureuses.

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Source : La parentalité créative – guide dessiné de la naissance à 6 ans de Catherine Dumonteil Kremer et Lise Desports (éditions First). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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