Il n’y a pas de “bonne” émotion à éprouver en cette période de confinement (oui, nous avons le droit d’avoir peur, d’être abattu ou même de ressentir de la sérénité)

émotions confinement

Il n’y a pas de bonne manière de vivre le confinement. Nous pouvons éprouver de la peur, de la tristesse, même de la colère; nous pouvons également éprouver de la sérénité (moins de stress dans les transports ou pour se dépêcher tous les matins par exemple) et de la gratitude (pour posséder un jardin ou pour être en bonne santé par exemple). Nous pouvons être plein d’entrain pour entreprendre de nouvelles choses; nous pouvons à peine avoir assez d’énergie pour préparer à manger. Et nous pouvons éprouver tout cela au cours d’une même journée…

Nous avons souvent tendance à censurer, minimiser ou nier nos émotions. En effet, nous sommes peu nombreux à avoir appris la langue des émotions comme une “langue maternelle”. Nous avons plutôt appris la répression émotionnelle quand nos parents nous disaient “Mais non, ça ne fait pas peur”, “Arrête de pleurer”, “Tu exagères, ça ne fait pas si mal”,”C’est pas si grave”, “Si tu continues ta colère, tu vas être puni”.

Par ailleurs, l’importance “d’accueillir ses émotions” est souvent mentionnée sans que cet accueil des émotions soit détaillé. Or, si nous n’avons pas eu d’exemples d’accueil émotionnel dans notre enfance, nous nous retrouvons bien démunis pour comprendre nos sensations et nos émotions. Nous allons reproduire ce que nous avons connu : relativiser l’émotion, la minimiser, la nier, voire la moquer. De même, nous allons avoir tendance à croire les autres plutôt que notre corps et notre cœur quand ces autres nous disent que nous exagérons, qu’il ne sert à rien d’avoir peur, que personne ne devrait ressentir de la tristesse pour si peu, qu’il faut “positiver”…

Je vous propose quelques exemples pour apprendre à accueillir les émotions. Nous pouvons nous entraîner tous les jours à l’accueil émotionnel afin de gagner en santé mentale et d’améliorer nos relations interpersonnelles.

Censure -> Il n’y a aucune raison que je me sente aussi (triste/ en colère/ apeuré.e/ angoissé.e/ honteux.se…). // Accueil -> Personne n’est jamais ému pour rien.

Censure -> Je ne devrais pas ressentir cela. // Accueil ->Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions mais seulement des émotions à décoder car elles donnent des renseignements sur mes besoins.

Censure -> Ce n’est pas bien d’éprouver (de la jalousie/ de la colère/ de la honte/ de la joie en cette période). // Accueil ->C’est vrai, je ressens cela et c’est OK. De quoi me parle cette émotion ?

Censure -> Je suis trop vieux/ trop jeune/ trop chanceuse par-rapport aux autres pour être bouleversé.e à ce point. // Accueil -> J’ai le droit d’être bouleversé.e.

Censure -> Il faut que je stoppe cette émotion immédiatement. // Accueil -> Je suis capable de vivre cette émotion jusqu’au bout et de me laisser traverser par elle. Elle est désagréable mais elle n’est pas dangereuse.

Censure -> Je suis faible de ressentir ce que je ressens. // Accueil -> C’est mon humanité qui s’exprime dans mes émotions. Être humain, c’est vivre toute la palette des émotions dont la nature nous a dotés.

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Pour aller plus loin :

[Confinement et incertitude] Il n’y a aucune raison de culpabiliser à l’idée d’éprouver de la peur ou de la tristesse

Apprivoiser ses émotions d’adultes : pour une grammaire émotionnelle