Est-ce que l’empathie du parent rend l’enfant dépendant ?
La question n’est pas tant de savoir si l’empathie du parent rend l’enfant dépendant, mais de savoir si cette dépendance évolue en autonomie progressive. Cette attitude est résumée dans le proverbe : la seule chose qu’on peut donner à ses enfants, ce sont des racines et des ailes. Il en découle que recevoir de l’empathie est un besoin humain fondamental.
Définir la dépendance des enfants
La dépendance affective et physique est inhérente à la nature humaine car c’est la manière qu’a un bébé humain pour établir un lien solide de confiance avec son entourage, en priorité ses parents. Mais la dépendance peut dérayer quand elle empêche l’enfant de jouir de la liberté d’être lui-même. Ainsi, la dépendance affective et physique est vitale aux bébés et aux jeunes enfants pour leur survie, puis elle laisse progressivement place, de la part des parents, à une autonomie et une différenciation adaptée à l’âge des enfants, des adolescents et enfin des adultes qu’ils sont devenus. Les jeunes humains ont un besoin vital de proximité car c’est le fondement de l’autonomie et des apprentissages. Quand un enfant ne se sent pas suffisamment en confiance, il est moins disponible pour explorer avec curiosité et confiance (en lui, dans les autres et dans la vie).
Une relation d’attachement sécurisante permet à l’enfant d’explorer son environnement tout en sachant qu’il peut revenir vers ses parents pour trouver réconfort et sécurité. Cette base de sécurité est essentielle pour le développement émotionnel et ne crée pas de dépendance malsaine
Rebecca Shankland, professeure des universités en psychologie du développement, explique que la dépendance affective est problématique quand elle est marquée par une forme de soumission à l’autre et l’impression que sans l’autre, et notamment sans l’approbation de l’autre, on n’est plus rien. À l’inverse, la relation d’attachement constructif offre une base de sécurité à partir de laquelle on peut se construire librement.
Développement de l’enfant et théorie de l’attachement
L’attachement est un besoin humain vital. Du fait de notre nature, nous sommes biologiquement programmés pour nous attacher aux autres dès la naissance. Un bébé humain ne peut pas survivre sans un adulte s’occupant de ses besoins physiologiques (nourriture, sécurité…) et affectifs (être regardé, être pris dans les bras, être bercé, être rassuré). L’attachement sécure caractérise les personnes ayant eu un environnement général (familial, scolaire, amical, culturel, social…) suffisamment sécurisant dans l’enfance pour favoriser une manière d’être au monde relativement stable et adaptée au niveau émotionnel, cognitif et comportemental.
Bénéficier d’un attachement dit sécure n’est pas l’antidote aux épreuves de la vie, qui n’épargnent personne, mais c’est un facteur de protection contre le développement de difficultés psychiques. – Gwénaëlle Persiaux (Guérir des blessures d’attachement, éditions Eyrolles)
Est-ce que l’empathie du parent rend l’enfant dépendant ? Non !
Quand les figures d’attachement sont présentes, sensibles et attentives aux besoins de l’enfant, ce dernier développe au fil des années des représentations de lui-même, de l’autre et du monde positives, stables et réalistes. Cela signifie que l’enfant développe un bon niveau d’estime de soi et une représentation positive de ses compétences et de ses limites, un sentiment de confiance en l’autre (qui peut le comprendre, le soutenir et l’aider) et une envie d’explorer le monde, riche d’opportunités et source d’apprentissage.
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