L’enfant et la mort d’un animal de compagnie : comment trouver les mots pour ce deuil ?

Quand survient la mort d’un animal de compagnie, un enfant peut être inconsolable et ses émotions intenses, prolongées peuvent désorienter les adultes. Hélène Romano, docteur en psychopathologie, rappelle que les émotions éprouvées lors d’un deuil sont proportionnelles à la force des liens qui existaient. Ce n’est pas surprenant que la mort de l’animal de compagnie d’un enfant représente un vrai drame dans sa vie. Une idée à conserver en tête est de ne pas banaliser la peine de l’enfant sous prétexte qu’il est jeune. Comment l’accompagner dans ce deuil ? 

À hauteur d’enfant la peine est immense, car c’est une partie d’eux qui disparaît et il n’est pas rare par exemple que l’enfant puisse être plus effondré suite à la disparition de son chien que lors de celle d’un oncle qu’il connaissait à peine. – Hélène Romano

enfant mort un animal de compagnie

Ne pas mentir, ni banaliser le chagrin

Même si les émotions de l’enfant en deuil semblent disproportionnées, il est essentiel de ne pas se banaliser la peine de l’enfant et ne pas se fâcher après lui en raison de son chagrin qui semble exagéré. Même chercher à minimiser ou rationaliser son chagrin avec des mots qu’on espère consolants (du type “ce n’était qu’un chat”, “il était vieux, c’est normal” ou encore “on reprendra un hamster”) n’est pas vraiment aidant pour l’enfant.

Accueillir les émotions de l’enfant et ne pas leur mentir en disant que l’animal s’est endormi, s’est enfui ou a été confié à une autre famille est primordial pour ne pas perdre sa confiance. Remplacer l’animal mort par un autre sans rien dire à l’enfant n’est pas non plus une solution pour un deuil sain.

Aider l’enfant à supporter cette perte (qui peut être sa première confrontation avec la mort) passe plutôt par le fait de ritualiser cette mort. Cela peut passer par le fait d’enterrer l’animal lorsque cela est permis ou possible; sinon, il est possible de planter une fleur ou un arbre à sa mémoire, voire de créer une sorte de monument mortuaire avec des feuilles, de l’herbe, des bâtons (dans le jardin ou dans un endroit de balade avec des souvenirs associés).

Hélène Romano remarque que les objets ayant appartenu à l’animal peuvent être conservés ou donnés à d’autres, mais qu’il est essentiel de ne pas les jeter, car symboliquement cela forme l’idée dans l’esprit de l’enfant que lorsque l’on meurt, on jette ce qui rappelle celui qui est mort et on l’oublie.

Annoncer la mort d’un animal de compagnie à un enfant

Annoncer avec tact la mort d’un animal mort à un enfant est primordial. Les mensonges ne doivent pas remplacer la réalité (tel que « le chat a trouvé une nouvelle famille », ou « le poisson est retourné dans la mer ».) Tôt ou tard, l’enfant finit par accéder à la réalité et réalise que ses parents lui ont menti (même « pour son bien »). Hélène Romano rappelle que les évitements sémantiques insécurisent l’enfant (« il s’est endormi », « il est parti au ciel »). Le flou entretient la confusion et le stress.

Mais annoncer la mort d’un animal de compagnie à un enfant n’est pas si simple ( Qui annonce ? Quand ? Où ? Comment ?)  Il est important de l’annoncer au plus tôt, mais sans se précipiter pour le faire dans le respect de la dignité et de la sensibilité de l’enfant.

Où ? Un lieu calme permet de s’assurer l’intimité nécessaire à l’annonce d’une information avec un potentiel d’effondrement émotionnel. Mieux vaut s’éloigner de la chambre de l’enfant pour éviter l’association de ce lieu de protection avec des événements douloureux. Le salon (ou le jardin si la maison en est dotée) semblent mieux adaptés.

Comment ? Il est important d’annoncer la mort en utilisant des repères factuels, sans entrer dans tous les détails mais en situant chronologiquement l’événement. Par exemple « ce matin à 10 heures, Loulou est tombé et ne bougeait plus. J’ai appelé le vétérinaire qui m’a dit de venir avec Loulou. Il a fait tout ce qu’il a pu, mais c’était trop grave. Le vétérinaire m’a dit que le cœur s’était arrêté et que Loulou était mort ». Utiliser l’expression « le cœur s’est arrêté » est une étape importante, car elle comprise par l’enfant et permet de poser ensuite le mot « mort » sur la situation.

Si l’enfant était présent au moment du décès ou s’il a découvert le corps de l’animal mort, porter attention au contexte (en posant des mots explicites à portée d’enfant, de manière chronologique) aide l’enfant à comprendre ce qui s’est passé et ce qui est maintenant. L’animal est mort, il ne reviendra jamais, c’est d’une immense tristesse et l’envie de pleurer est tout à fait normal, les larmes vont couler et risquent de couler encore quelques jours, semaines et même mois. C’est normal, il ne faut pas s’empêcher de pleurer en pensant à l’animal. Accompagner les enfants endeuillés, ce n’est pas empêcher la souffrance liée à la perte d’un animal domestique. Les parents peuvent ajouter qu’ils n’ont eux-mêmes pas toutes les réponses attendues par les enfants, qu’ils sont aussi démunis et profondément tristes qu’eux devant cette perte car la douleur causée par ce décès est partagée par tous ceux qui ont connu et aimé l’animal.

>>> Pour compléter : un  livre pour enfants qui traite de manière sensible et juste de la mort d’un animal de compagnie -> Le jardin d’Evan : un livre médiateur pour les enfants qui connaissent le deuil d’un animal domestique

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Surmonter la difficulté à parler de la mort

Hélène Romano estime que, si l’on envisage la mort comme un temps de la vie, parler de la mort ne devrait pas être aussi tabou ; pourtant, les craintes archaïques (qui font que si l’on en parle, elles risquent de s’imposer) restent fortes. Prévenir le trop de souffrance suite à la perte d’un proche serait de pouvoir parler de la mort bien avant qu’elle ne survienne. Mais ce sujet étant si tabou dans nos sociétés, les enfants s’y trouvent le plus souvent confrontés quand ils sont personnellement impliqués.

Hélène Romano suggère d’apprendre aux enfants l’importance des rituels funéraires, leur sens, leur évolution dans l’histoire, leurs différences selon les communautés et les religions. Ces rituels permettent de donner sens et de retrouver un équilibre là où la perte d’un proche (humain ou animal, parfois même végétal) a tout bouleversé. C’est aussi ce qui permet de symboliser le passage d’un état à l’autre, de marquer la séparation d’avec le défunt et pour les endeuillés, de s’autoriser dans le cadre de pratiques collectives à exprimer leurs émotions sans crainte d’être jugés.

Procéder à un rituel funéraire pour la mort d’un animal (ne serait-ce qu’allumer une bougie, regarder des photos, se remémorer des souvenirs agréables, rire et pleurer ensemble à l’évocation de ces souvenirs, créer un album photos de l’animal…) participe à la construction d’une ressource fondamentale : les liens aux autres. L’enfant va comprendre qu’il n’est pas seul au monde et que ses parents sont là pour le comprendre et le soutenir.

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Source : L’enfant et la mort : les 10 indispensables de Hélène Romano (auto-édition). Disponible sur Amazon.

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