Les enfants peuvent jouer à des jeux agressifs ou morbides en cette période de confinement : c’est normal et sain !
Si les enfants se mettent à jouer à des jeux auxquels ils ne jouent pas d’habitude, cela n’a rien de surprenant en cette période particulièrement angoissante. En effet, le jeu libre est une langue pour les enfants. C’est la façon dont ils traitent et “digèrent” l’information et les expériences qu’ils vivent. Quand un enfant est submergé par quelque chose qu’il ne maîtrise pas, ne comprend pas, alors il utilise des jouets, de l’art, des jeux pour extérioriser ses sentiments et donner du sens.
“Le jeu est le moyen dont disposent les enfants pour s’exprimer, eux et leurs émotions” – Lawrence Cohen
Les jeux des enfants en situation de confinement peuvent porter sur des thèmes avec lesquels certains adultes sont mal à l’aise (violence, mort…) :
- la séparation,
- la mort et le deuil,
- la maladie, les soins (ex: jouer au docteur, aux urgences, à opérer les doudous…),
- le fait d’être coincé,
- le fait de perdre quelque chose,
- le manque,
- l’hyper contrôle, la maîtrise (pouvant mener à de la rigidité de manière générale),
- les super-héros et le sauvetage,
- la peur (jouer à des choses effrayantes, à se faire peur),
- le vol d’objets…
Les enfants peuvent reproduire des images vues à la télé ou reprendre des discours entendus dans les médias ou de la bouche de l’entourage. Il est important de laisser les enfants jouer à ce type de jeu librement et de ne pas les critiquer ou les arrêter même si ces jeux semblent un peu morbides ou agressifs. Tant que les thèmes qui questionnent les enfants sont traités à travers la métaphore du jeu sans faire mal à personne, c’est une question de santé mentale que de laisser ce processus naturel se réaliser. Si on enlève le jeu libre et auto dirigé aux enfants en cette période, on les prive de la possibilité de comprendre que le monde n’est pas si effrayant que ça, de libérer leurs émotions et de guérir leurs blessures émotionnelles. Ces jeux viennent contrer la perte du sens et du contrôle de leur vie. Or le fait de ne pas se sentir maître de sa vie est propice à l’émergence de l’anxiété et de la dépression.
Ainsi, c’est à travers le jeu que les enfants apprennent qu’ils sont capables de contrôler leur vie, qu’ils expérimentent ce contrôle.