[Jeunes mères] Fatigue intense, anxiété, idées noires, regrets : et si c’était une dépression post partum ?
La dépression post partum, qu’est-ce que c’est ?
Avec la popularité du hashtag #monpostpartum, on peut lire de nombreux témoignages de jeunes mères qui se sont senties en réelle difficulté après leur accouchement. Je vous recommande la page Facebook de l’Association Maman Blues qui a publié presque 100 témoignages de femmes sous le hashtag #monpostpartum. On peut prendre la mesure des bouleversements qui traversent les mères après la naissance de leur bébé à la lecture de ces témoignages poignants. J’en ai personnellement eu les larmes aux yeux et je ferai peut-être moi-même un jour un témoignage de ce type quand je me sentirai prête.
La dépression post-partum est insidieuse et les mères qui en souffrent peuvent avoir beaucoup de mal à mettre des mots sur leur mal-être profond. Dans son livre Maman blues : du bonheur et de la difficulté de devenir mère, Fabienne Sardas rappelle que l’arrivée d’un enfant est un événement de vie à fort potentiel de dépression. Le post-partum est une période de fragilité car c’est un moment de réorganisation, qui nécessite d’intégrer l’accouchement dans toutes les dimensions de la vie et de se réapproprier le corps post-accouchement qui a changé.
La dépression du « post-partum » est un changement de l’humeur dans le sens d’une tristesse et d’un abattement qui entraînent un désinvestissement de la réalité. – Fabienne Sardas
Il peut y avoir des signes avant-coureurs de la dépression juste après la naissance mais qui ne sont pas toujours perçus par le conjoint, les proches ou les professionnels. Si ces signes avant-coureurs ne sont pas repérés, ils peuvent empirer avec le temps. Quand le conjoint reprend le travail et que la jeune mère subit l’après-coup de la naissance dans la solitude, la dépression post-partum s’installe à long terme. Fabienne Sardas parle d’une “vague de tristesse qui recouvre une réalité qui s’assombrit”.
Le temps peut devenir informe et les jours se ressembler. À un moment où elle doit être efficace, la jeune mère est comme anesthésiée, incapable de se projeter dans les mois qui viennent. – Fabienne Sardas
Les signes qui peuvent alerter sur la présence d’une dépression post partum
Les signes qui peuvent alerter sur la présence d’une dépression post partum ressemblent à :
- des mouvements dépressifs : le discours de la jeune mère est envahi de tristesse avec une dévalorisation d’elle-même et de la culpabilité;
- des angoisses diffuses;
- des troubles du sommeil persistants;
- une inquiétude grandissante face aux responsabilités à assumer;
- une impossibilité à ressentir de la joie depuis l’arrivée de l’enfant.
Chaque dépression du post partum est toutefois différente, dans le sens où chaque mère peut ressentir plus ou moins d’anxiété, d’éléments de dévalorisation de ses compétences maternelles, plus ou moins d’éloignement – voire de rejet – de la réalité de l’enfant et de ses besoins.
Fabienne Sardas avertit qu’il y a de grandes variations dans le registre de la normalité et que c’est le silence qui enfonce dans la dépression profonde.
Une dépression post partum profonde peut se manifester par :
- une forte anxiété avec des angoisses concernant la bonne santé du bébé ou des difficultés à s’occuper de lui ;
- des manifestations obsessionnelles ou phobiques (qui vont se matérialiser par la mise en place de rituels contraignants) ;
- une indifférence persistante vis-à-vis du bébé, avec une impossibilité à communiquer avec l’entourage (avec une dégradation du lien conjugal dans une incompréhension mutuelle);
- des difficultés de concentration et de mémorisation, accompagnées de distorsion du temps;
- l’impression que la maternité est une difficulté insurmontable, une contrainte permanente ou une frustration;
- un sentiment d’être débordée et de ne jamais en faire assez;
- des pulsions de mort (pour elle et/ou pour son bébé);
- un manque d’énergie qui peut ralentir les gestes;
- une envie de pleurer presque permanente.
En parler pour s’en sortir
Fabienne Sardas insiste sur la nécessité pour les mères de dépasser la culpabilité pour exprimer librement et légitimement leurs émotions contradictoires et leurs pensées choquantes. Le personnel hospitalier et libéral est de mieux en mieux formé pour repérer les symptômes de dépression post partum.
La culpabilité et le sentiment d’être dans un état « anormal » créent un cercle infernal dont il est urgent de sortir en en parlant à des professionnels spécialisés. Tout devient sombre sans espoir de sortir de cet état. Les pensées ne sont plus productives, un voile est tombé sur les jours qui se succèdent sans intérêt. Il faut en parler. – Fabienne Sardas
Il est à noter qu’un accouchement éprouvant et un conjoint peu soutenant, ainsi qu’un entourage peu aidant (absent, présent mais culpabilisant sur l’incompétence de la jeune mère, présent mais envahissant et insistant pour prendre le bébé…) sont des facteurs aggravant la dépression post partum.
On comprend alors toute l’importance de la demande d’allongement du congé paternité et l’enjeu du mouvement de dénonciation des violences obstétricales. L’éducation ne peut être bientraitante que si elle prend soin des enfants comme des parents, et en particulier les mères. Selon moi, l’éducation bientraitante ne peut pas faire l’impasse sur les conditions de grossesse et d’accouchement ainsi que sur la période périnatale. C’est la raison pour laquelle j’aborde les sujets de la naissance respectée et de la période de “dégestation” ou de “mois d’or” comme partie intégrante d’une démarche d’accompagnement bienveillant des enfants.
Les unités mère-bébé (unité de maternologie) sont des lieux dédiés à la prise en charge de certaines mamans en proie à la dépression post partum.
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Source : Maman blues : du bonheur et de la difficulté de devenir mère de Fabienne Sardas (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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