Connaître les facteurs qui prédisent si une personne va être traumatisée ou non après un événement difficile est important

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Nous pouvons être confrontés à des événements difficiles sans pour autant être traumatisés. Peter Levine, docteur en psychologie et spécialiste du stress et du traumatisme, liste des facteurs qui vont prédire si une personne va être traumatisée ou non après un événement difficile qui dépasse ses ressources (du type maltraitance physique ou verbale, viol, guerre, accident, décès, opération chirurgicale, naissance difficile, privation de la satisfaction des besoins élémentaires comme la privation de nourriture, de liberté de mouvement, de chaleur…).

1.L’événement lui-même

Les menaces intenses et continues sont les plus sérieuses. Les menaces répétitives, malgré des temps de répit, sont également sérieuses. Pour Peter Levine, la guerre et les maltraitances d’enfants sont les événements les plus traumatisants.

2.Le contexte de vie lors de l’événement traumatisant

Le soutien (ou le manque de soutien) des proches a un effet déterminant. Le soutien d’une communauté s’applique dans une approche émotionnelle (accueil des émotions, respect du temps du deuil…) et matérielle (soutien financier, présence…).

Une mauvaise santé, le stress, la fatigue, une mauvaise nutrition sont aussi des éléments importants.

3.Les caractéristiques physiques de la personne

Selon Peter Levine, certaines personnes ont une constitution (d’origine génétique) qui les rend plus résilientes. La force, la vitesse et toutes les aptitudes physiques peuvent jouer un rôle important dans certaines situations.

Levine insiste également sur l’âge de la personne et son niveau de développement physique et émotionnel. Il écrit : “Être laissé seul dans une pièce froide peut être catastrophique pour un bébé, effrayant pour un bambin, gênant pour un enfant de dix ans, et simplement inconfortable pour un adolescent ou un adulte”.

4.Les compétences acquises

Les nourrissons, les jeunes enfants et toutes les personnes manquant d’expérience ou de connaissances pour gérer une situation de danger sont plus vulnérables au traumatisme. – Peter Levine

Dans le cas de personnes enfermées dans une pièce froide, les bébés et jeunes enfants ne sont pas en capacité d’y faire face (ni en termes de capacités motrices pour se frictionner les bras et se réchauffer ni en termes de cognition pour en avoir même l’idée). En revanche, les adolescents et les adultes sont mieux en mesure de supporter le froid du point de vue de leur constitution mais ils peuvent aussi chercher un thermostat ou un chauffage pour réchauffer la pièce, essayer de sortir de la pièce, mettre un pull ou encore sauter/ bouger pour se réchauffer.

5.Le sens vécu qu’a l’individu de sa capacité à affronter le danger

Peter Levine insiste sur les ressources internes et externes qui vont influencer le sens qu’a un individu de sa capacité à faire face.

Les ressources externes

Les ressources externes sont celles à disposition dans l’environnement (par exemple, un arbre auquel grimper, des rochers derrière lesquels se cacher, l’aide d’un ami, une peluche, un objet spirituel comme un porte bonheur…). Ces ressources, si on est en capacité de les utiliser, contribue au sentiment de confiance (et donc de sens).

Levine rappelle que, pour un enfant, une ressource externe importante est la présence d’un adulte qui le traite avec respect ou un lieu où il est toujours correctement traité.

Les ressources internes

Peter Levine estime que l’image de soi dépend d’un large éventail de ressources telles que les attitude mentales et les expériences vécues.

Cependant, l’auteur rappelle que les réponses instinctuelles (“les plans d’action innés”) sont plus importants encore. Tous les animaux, y compris les êtres humains donc, naissent avec des solutions instinctives pour augmenter leurs chances de survie. Ces plans d’actions (fuite, combat, figement ou recherche de soutien) sont normalement déclenchés par le système nerveux chaque fois qu’une menace est perçue.

Histoire de réussite ou d’échec

Notre capacité à utiliser ces plans d’action instinctuels dépend en grande partie des succès ou des échecs rencontrés lors de situations similaires rencontrés dans le passé.

6.La culture

Parce que les symptômes et les émotions qui accompagnent le traumatisme peuvent être très intenses, beaucoup d’entre nous (et de nos proches) vont tenter de les fuir ou les réprimer. Malheureusement, notre déni (et celui de nos proches) peut empêcher la guérison. Dans notre culture, nous manquons de tolérance vis-à-vis de la vulnérabilité émotionnelle des personnes traumatisées. Trop peu de temps nous est accordé pour récupérer d’un choc émotionnel et il nous est demandé de nous réadapter au plus vite après un événement traumatique.

Le déni est si répandu dans notre culture qu’il est devenu un cliché. Combien de fois n’avez-vous pas entendu ces mots : “Secoue-toi, c’est fini maintenant. Tu devrais oublier ça. Souris et fais comme si de rien n’était. Il est grand temps de reprendre ta vie en main.” ? – Peter Levine

 

Connaître ces facteurs est important sur trois plans essentiellement :

  • il est important d’adopter une pensée souple et de se décentrer quand on parle de traumatisme : notre perception d’un événement n’a pas de lien avec l’intensité du traumatisme que cet événement peut provoquer chez une autre personne;
  • jouer sur ces facteurs nous permet de cultiver notre propre résilience et celles de nos enfants;
  • nous serons plus efficaces pour accompagner des personnes ayant subi des événements difficiles en ayant bien conscience de l’importance de l’accueil des émotions et de la présence d’une communauté soutenante.

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Source : Réveiller le tigre : guérir le traumatisme de Peter Levine (InterEditions). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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