Faire respecter les limites sans déclencher de crises
Dans son livre Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents, Álvaro Bilbao écrit qu’il existe différentes manières de faire respecter les limites. Certaines manières peuvent provoquer des résistances et dégrader la qualité des relations familiales en portant atteinte à l’intégrité de l’enfant; d’autres peuvent prévenir les conflits tout en participant à renforcer une relation de confiance mutuelle entre parents et enfants.
Quand une limite ou une règle est énoncée avec tendresse, les enfants comprennent que ce n’est pas une attaque contre eux, mais simplement une condition qui permet de mieux vivre en groupe. Souvent, un enfant ne dit pas non à ses parents (pour les “tester”, les pousser à bout ou les faire tourner en bourrique) mais il dit tout simplement oui à son besoin d’autonomie ou de jeu. Etablir des règles et parler des limites n’a pas à être dramatique. Si un enfant refuse de s’habiller, il est possible de le poursuivre théâtralement en disant « Hé, petite canaille ! » et parler de son envie à lui de faire tout seul ou de continuer à faire ce qu’il est en train de faire. Faire preuve d’empathie envers l’enfant, c’est se mettre à sa place. Cela peut ressembler à cela : “Quand il dit qu’il ne veut pas s’habiller, ça a l’air de ressembler à de l’irritation parce qu’il a besoin de décider par lui-même, de maîtriser son temps. Il n’a pas envie d’aller à l’école, il a encore envie de jouer.” Parfois, l’écoute empathique suffit à débloquer la situation car l’enfant voit ses besoins d’empathie, de compréhension et de reconnaissance reconnus. Il va pouvoir alors coopérer sans avoir besoin de résister pour défendre sa dignité.
Par exemple, si un enfant regarde la télé alors que c’est l’heure de passer à table ou qu’il a dépassé le temps imparti aux écrans, éteindre la télé en disant qu’il exagère risque de générer une crise (réaction normale car la colère est l’émotion qui permet de se remettre de la frustration). A l’inverse, il est possible de s’approcher doucement de l’enfant, s’assoir avec lui un temps, reconnaître que le programme télé est intéressant ou amusant, avant de lui dire que la famille va passer à table et lui demander d’éteindre la télé (éventuellement en lui demandant de combien de temps il a encore besoin). Dans ce cas, les besoins des enfants comme des parents sont pris au sérieux et la façon d’aborder la situation favorise une atmosphère familiale apaisée.
Parfois, l’écoute empathique ne suffit pas et passer par le jeu peut se révéler utile.
Mettre un peu de jeu dans l’affaire apaisera les tensions, évitera que l’enfant ne se sente coupable. De plus, c’est une excellente occasion de jouer et de renforcer les liens entre vous, au lieu de les affaiblir. – Álvaro Bilbao
Voici quelques idées qui peuvent être utiles face à un enfant qui ne veut pas s’habiller :
- Mettre de la musique : “Il est temps de chanter notre chanson de l’habillage.”/ “On va mettre la chanson des Ronchonchon pour se détendre”
- Passer un message avec une voix différente (voix de robot, de Donald Duck…) ou dans la peau d’un personnage (ex : une hôtesse de l’air ou un stewart qui dit avec ses gestes : « La sortie de la maison, c’est par ici ! Assurez-vous d’être bien couverts avant votre sortie, la température locale annoncée est de 5°. Nous vous remercions d’avoir voyagé avec Air Maman/ Air Papa et vous souhaitons une agréable journée. »
- Lancer un défi : “Cap ou pas cap de mettre tes chaussures avant moi ?” (en laissant l’enfant gagner)
- Proposer une activité créative : “On va inventer une danse/ une comptine de l’habillage”
- Utiliser une peluche ou un personnage (ou des chaussettes en marionnettes) en tant que médiateur : “Gros chien dit qu’il a froid et qu’il est temps de s’habiller.” / “Doudou dit qu’il a besoin de quelqu’un pour lui montrer comment mettre des chaussures”.
- Recourir aux absurdités (ex: mettre les chaussettes sur les mains et la culotte sur la tête; papa met les chaussures de l’enfant)
- Faire le contraire de la norme : “Surtout, tu ne dois pas mettre tes chaussures tant que j’ai le dos retourné. C’est absolument interdit : les parents doivent toujours regarder les enfants quand ils mettent leurs chaussures.”
Pour aller plus loin : Parentalité ludique : 5 idées de jeux pour les situations du quotidien (brossage de dents, rangement, agressivité…)
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Inspiration : Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents de Álvaro Bilbao (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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