Gestion des émotions dans l’enfance : comment s’y prendre ?

La gestion des émotions dans l’enfance n’est pas synonyme de savoir “chasser” la tristesse, “évacuer” la colère ou encore “faire disparaître” la peur. Au contraire, la gestion émotionnelle, c’est plutôt apprendre à se laisser traverser par les émotions, à identifier les composantes de l’émotion (sensations corporelles, pensées, intensité, tendances à l’action), les nommer, les exprimer et les réguler si besoin.

Les émotions sont des amies

La gestion des émotions dans l’enfance vise à faire comprendre aux enfants que les émotions sont des alliées, qu’elles sont passagères et pas dangereuses, et qu’elles ont besoin d’être exprimées. Chaque émotion (colère, peur, tristesse, joie, honte, amour) émerge dans une situation particulière, en lien avec un stimulus appréhendé par un de sens du corps humain. On ne peut pas contrôler une émotion, elle émerge dans le corps sans volonté consciente. Une émotion est juste une messagère et constitue une réponse adaptée face à un événement venu de l’environnement extérieur (la peur en cas de danger, la colère face à de l’irrespect, la joie suite à un événement heureux, la tristesse face à une séparation…)

 Une émotion comporte cinq dimensions :

1. des manifestations physiques (rougissement, agitation, accélération des battements cardiaques, transpiration…)
2. des pensées qui alimentent et font durer l’émotion
3. la nature de l’émotion (agréable, désagréable)
4. l’intensité de l’émotion (l’impatience n’est pas la même chose que la furie ou la rage)
5. la tendance à l’action (envie de pleurer, crier, sauter de joie, taper…)

Des pistes pour la gestion émotionnelle dans l’enfance

Les compétences émotionnelles comportent plusieurs composantes : comprendre et identifier les émotions, exprimer ses émotions de façon adaptée et les réguler, gérer son stress. Permettre la gestion émotionnelle dans l’enfance favorise le bien-être des enfants.

Afin d’aider les enfants à comprendre les émotions, on peut avoir recours à des scénarios ou des histoires vécues au quotidien. On expliquera le déclencheur, on mettra des mots sur les sensations ressenties dans le corps propres à chaque émotion. On aidera l’enfant à se concentrer sur ce qu’il ressent dans son corps, dans sa tête et dans son coeur :

• Où est-ce que ça se passe ?
• Comment ça fait ?
• Qu’est-ce qu’il se dit ?
• Qu’est-ce qu’il a envie de faire ?

Un émotimètre avec le nom de l’émotion primaire et ses niveaux d’intensité aidera à nommer les émotions avec le plus de précision possible : quelle est l’émotion éprouvée ? quelle est l’intensité de l’émotion de 1 à 10 ?

En fonction de l’intensité de l’émotion, des idées pour libérer l’émotion et revenir au calme peuvent être présentées.

Enfin, l’émotion peut être exprimée et une demande formulée en prenant en compte le message de l’émotion.

5 étapes de la gestion des émotions

1.L’invitation à identifier les déclencheurs, les sensations, les pensées, la nature de l’émotion et son intensité, les envies de passage à l’action.

2.Des idées pour exprimer l’émotion sans se laisser dépasser par elle, ni la réprimer.

3.Le retour sur les sensations éprouvées et l’intensité de l’émotion une fois l’émotion libérée.

4.La réflexion sur le message apporté par l’émotion :

• • Quel est le besoin mis en lumière ?
  • Qu’est-ce que l’enfant veut ?
  • À qui veut-il adresser une demande ?
  • Qu’est-ce qu’il voudrait et pourrait faire différemment ?

5.Agir et communiquer à partir des émotions (savoir demander ce dont on a besoin à la bonne personne ou prendre un engagement pour faire différemment).

Le rôle des parents dans la gestion émotionnelle des enfants

Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturité (pas avant 20 ans, certains chercheurs affirmant même vers 30 ans), les processus de gestion des émotions ne sont pas totalement fonctionnels. L’enfant a alors des difficultés à contrôler et maîtriser ses réactions émotionnelles. L’enfant n’est pas en mesure de gérer l’ensemble des émotions qui affluent en lui du fait de l’incomplétude de ses réseaux neuronaux. Le cortex préfrontal est incapable de jouer son rôle de régulateur des émotions fortes, si bien que les adultes ont un rôle à jouer dans la découverte des émotions des enfants. L’apprentissage du langage des émotions a sur l’enfant un impact sur son comportement social, et notamment sa capacité à surmonter le stress, à gérer son agressivité et à exprimer ses affects.

Par ailleurs, un enfant qui enfouit ses émotions, ses peurs, qui ne peut pas manifester sa joie ou sa colère, n’apprend pas à tenir compte de ce que lui ou les autres ressentent. Il ne développe pas d’empathie : ni pour lui-même, ni pour les autres. Quand un enfant apprend à repérer ses émotions et à repérer le message envoyé par son corps, il arrive mieux à s’adapter et à comprendre ce qui compte pour lui, mais aussi pour les autres.

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Pour aller plus loin, je vous suggère la lecture de mon livre : La co-éducation émotionnelle : s’élever en même temps qu’on élève les enfants (éditions Hatier). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.

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