Education antisexiste : revaloriser les jeux dits féminins auprès des garçons (et contre-carrer les discours “c’est pour les filles”)

Education antisexiste jouet c'est pour les filles

Dans son livre Tu seras un homme – féministe – mon fils !, Aurélia Blanc milite pour une éducation antisexiste et regrette que certains adultes découragent les garçons d’avoir des intérêts dits féminins. Cela est dommageable pour deux raisons principales :

  • cela contribue à dévaloriser les “trucs de fille”, faisant le lit du mépris pour ce qui étiqueté comme féminin;
  • cela empêche les garçons de cultiver tout leur potentiel (parce que certaines activités sont découragées, voire interdites, sous prétexte que c’est pour les filles).

Comment adopter une éducation antisexiste ?

Il est possible de lutter contre les préjugés sexistes dans les jeux des enfants en prenant conscience que nous en sommes tous imprégnés (même si nous essayons d’y faire attention). Nous pourrions également proposer les mêmes jeux et jouets aux filles et aux garçons. La question n’est pas tant de savoir si c’est pour les filles ou pour les garçons mais de savoir quelles compétences l’enfant va développer et quel plaisir il va prendre.

Aurélia Blanc a remarqué que, quand une fille s’aventure sur un terrain dit “masculin”, c’est une forme de promotion. Mais quand un garçon s’engage sur un terrain dit “féminin”, c’est une forme de déchéance.

Une petite fille déguisée en chevalier ne provoquera pas les mêmes réactions qu’un petit garçon avec un costume de princesse (pour illustration, le champion de F1 Lewis Hamilton s’était publiquement moqué en vidéo de son neveu qui avait reçu une robe de princesse à Noël… robe qu’il avait pourtant commandée au Père Noël).

Revaloriser les jeux dits de filles auprès des garçons

Aurélia Blanc propose quelques pistes pour revaloriser les jeux et jouets dits “féminins” auprès des garçons.

  • Arrêter de dire “c’est pour les filles” 

Non seulement cette classification arbitraire est fausse (un enfant peut embrasser toutes les activités du monde) mais elle véhicule l’idée selon laquelle les activités “de fille” sont forcément moins bien (puisqu’il ne faut surtout pas s’en approcher).

Aurélia Blanc parle de double effet Kiss Cool : un message négatif est envoyé à la fois aux filles (tes activités ne sont pas dignes d’intérêt) ET aux garçons (les filles, c’est nul).

Par ailleurs, ce type de discours sexiste alimente l’homophobie.

  • Encourager les garçons à investir des univers dits féminins pour une éducation antisexiste

Aurélia Blanc l’affirme haut et fort : il est temps de laisser les garçons jouer à ce qui leur plaît – quoi qu’en dise la société. Et ce qui leur plaît peut être de jouer à la dînette, aux princesses, à la poupée, se maquiller, mettre un collier ou encore avoir du vernis à ongle.

  • Ne pas laisser les autres décider de ce que les enfants sont censés être. 

Face à un garçon en robe ou maquillé, certains enfants et adultes se sentent le droit de donner leur avis, de se moquer plus ou moins violemment.

Ça nous irrite, ça nous heurte, et c’est justement pour éviter ces situations que nous allons préférer interdire à notre petit dernier de mettre son tee-shirt préféré à paillettes (son préféré, bien sûr). Est-ce vraiment la solution ? Pourrions-nous de temps en temps expliquer à ces gentils détracteurs que nous n’avons aucun problème avec ça et que le débat est clos ? – Aurélia Blanc

  • Armer les enfants (et nous-mêmes) face aux remarques désobligeantes

Aurélia Blanc propose plusieurs “flèches” de résistance pleine de répartie qui peuvent clouer le bec des personnes désobligeantes tout en les invitant à réfléchir au sens de leurs préjugés :

C’est un jouet pour les garçons -> Tu veux dire qu’il faut se servir de son pénis pour y jouer ?! Parce que, si c’est le cas, ce n’est clairement pas un jouet pour enfants !

Le bleu, c’est une couleur de garçon -> C’est pourtant la couleur de la Vierge Marie, de Cendrillon et même de Nefertiti. En fait, on habillait les filles en bleu jusqu’au début du XX° siècle

Le rose, c’est une couleur de fille -> Au Moyen Âge, le rose était perçu comme viril parce que le rose était associé au rouge, couleur plus forte et à l’élan vital. C’est pour cela que le bas des chausses des chevaliers médiévaux étaient roses !

Hors de question que mon fils joue à la poupée ! -> Pourquoi, tu crois qu’il risquerait de devenir… (d’un air sérieux)… un bon père ?

Les dépliants anti-sexistes de Maman rodarde ! sont également une ressource utile pour contre-carrer les idées reçues. Chaque dépliant propose une question et des images illustrent la réponse en montrant que, oui, les garçons peuvent aussi faire cela !

choses sexistes dites aux garcons

Source : Maman, rodarde !

 

Élever nos petits garçons dans une optique antisexiste, ce n’est pas entrer dans un monde austère où ils doivent renoncer à tout ce qui n’est pas entièrement raccord avec notre vision du monde. Ce n’est pas vivre dans un foyer où les garçons sont interdits de ballon et contraints de jouer à la poupée. Au contraire, c’est vivre dans un univers où ils peuvent jouer au ballon ET à la poupée. Où ils peuvent adorer regarder le rugby ET My Little Pony. Nous n’avons peut-être pas le mode d’emploi du parfait parent féministe mais nous savons au moins une chose : l’idée, c’est d’ajouter, pas de supprimer. – Aurélia Blanc

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Source : Tu seras un homme – féministe – mon fils ! de Aurélia Blanc (éditions Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.

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